« T’es feuj toi ? » : l’identité religieuse en France

Cathédrale St-Étienne

Symbole de la laïcité en France?

Description:

Cette photo montre la magnifique Cathédrale Saint-Étienne de Toulouse éclairée par les lumières du soir. La Cathédrale est un lieu de prière pour les Catholiques français, mais elle appartient aussi à l’État et donc, au domaine public. Ceci rappelle à tous les visiteurs de la Cathédrale qu’ils sont dans un pays laïque. J’ai dû avoir pris cette photo il y a à peu près un moi mais cette entrée de blog ne se concentre pas sur la Cathédrale – plutôt, je veux parler de la perception de l’identité religieuse en France. À quelques mètres de cette belle structure, il y a l’arrêt de bus intitulé « François-Verdier », où je prends le bus pour rentrer chez moi presque tous les jours. Ce samedi dernier, j’attendais le bus du soir dans la fraicheur et la légère pluie du soir. Je suis allé regarder les horaires quand quelqu’un a tapoté mon dos. J’ai enlevé mes écouteurs pour entendre ce qu’il voulait dire et je me suis retrouver face-à-face avec un homme un petit peu soûl qui m’a dit que le bus allait venir dans quelques minutes. Je l’ai remercié et on s’est mis à papoter en attendant le bus car il avait l’air sympathique et il voulait faire la conversation. Presque immédiatement pendant notre conversation, le monsieur s’est identifié comme étant « rebeu » et qu’il était un ex-militaire français. On a parlé de sa carrière militaire et quelques minutes plus tard l’homme me demande :

« T’es feuj toi ? »

« Hein ? » j’ai répondu.

« Feuj » il me répéta.

« Ça veut dire quoi ? » je lui demandai.

« Feuj ! Juif ! » il me riposta. « T’as l’air un peu juif ! ».

Interprétation:

Mais que-est-ce que j’allais lui répondre ? Dans ma tête j’avais un peu de doute car aux États-Unis ça ne se jamais de demander la religion d’un étranger, et surtout pas en se servant de leur apparence physique comme indice principal. Au fait, on m’avait toujours appris que c’était un petit peu dangereux de dévoiler son identité religieuse aux étrangers. Donc, que faisait cet homme à me poser cette question dans un pays laïque où on retrouve des discours qui affirme que le voile n’a pas de place dans la société publique française car elle constitue un symbole religieux « flagrant » ? Et aussi, d’où venait ce terme « feuj » que je n’avais j’avais entendu.  Finalement, jusqu’à présent, l’homme avait été sympathique avec moi et il y avait encore du monde qui attendait pour les bus, donc je me suis dit que le risque de répondre honnêtement à sa question n’était pas trop grand. Je lui ai donc répondu que « oui », j’étais juif. Heureusement, il m’a dit que c’était formidable et que les arabes et les juifs étaient cousins après tout et, bref, un long discours ivre sur la tolérance des religions. J’étais bien soulager mais j’avais quand même énormément de questions qui flottaient dans mon crâne.

J’ai d’abord demandé à cet homme comment il sentait que les toulousains percevaient son identité religieuse. Pour lui, il m’a expliqué qu’il avait vécu toute sa vie à Toulouse et qu’il habitait aujourd’hui dans un quartier majoritairement blanc où il n’a jamais eu de problème à cause de sa religion. Peut-être que pour cet homme et l’aisance avec laquelle il parlait de la religion, la laïcité signifiait simplement la liberté de vivre en sécurité avec sa propre identité religieuse en France.

Pour d’autres étudiants français, je pense que la notion de la laïcité et de l’expression de l’identité religieuse est plus complexe. À l’Université de Jean-Jaurès j’entends des discours politique partout. Par contre, je n’ai pas encore eu l’expérience d’entendre des conversations autour du sujet de la religion ou même de voir des affiches sur le sujet. Certains étudiants m’ont dit qu’il était plus facile de parler de politique que de religion mais la non-réponse générale que j’ai vu m’a indiqué que le sujet de la religion et de la laïcité en France est encore complexe.

Surtout, dans un pays où il y a eu des attentats contre des musulmans, des juifs, et des chrétiens, il y a peut-être une méfiance de l’expression de l’identité religieuse en France. Pour ma propre recherche, j’ai vu en ligne que le terme « feuj » est non-péjoratif et que certaines communautés de jeunes juifs français s’en servent pour s’identifier. Si le terme « feuj » est similaire au terme « rebeu » et de l’importance symbolique qu’il représente aux deuxièmes et troisièmes générations de beurs, on peut supposer que la fierté des minorités religieuse est quand même actuel en France.

Évaluation :

Bien sûr, mon expérience avec cet homme représente un exemple et une perspective unique. Pas tous les français parlent de la religion de la même façon et ils n’expriment pas leur identité religieuse (s’ils en ont une) de la même façon. Sur papier, la laïcité a pour but de garantir l’égalité républicaine dans le gouvernement et dans la société. Par contre, dans les discours que l’on voit aujourd’hui il m’est clair qu’il y a toujours un débat sur le concept de laïcité sur papier et de sa pratique dans la société française. L’homme avec qui j’ai parlé ne représente qu’un point de vue sur l’expression de la religion en France. Je trouve que même si nous n’avons pas le concept français de la laïcité aux États-Unis, il y a une vraie similarité de la complexité du sujet dans les deux pays.



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