Dans la rue!

« Le climat ? Dans ! La ! Rue ! Les réfugiés ? Dans ! La ! Rue ! Les réformes universitaires ? Dans ! La ! Rue ! » Ce sont les mots qui menaient la foule sur les rues de Toulouse le jour de la marche pour le climat. Un événement organisé par Gaïa, une association venant de Sciences Po qui se mobilise autour de questions environnementales, la marche était menée par un groupe d’étudiants qui exprimaient leurs frustrations, leurs dégoûts, et leur incapacité à continuer à supporter un système qui s’en fou des effets humaines sur le climat et l’environnement.

 

Ça dure longtemps que je vois la France comme un pays avec une vraie culture de grève. Les gens ont l’esprit public qui les mène sur les rues et ils participent dans ces processus de mobilisation, de marche, de grève souvent. Je ne vais pas oublier une conversation récente que j’ai eu avec une étudiante de Jean Jaurès qui parlait de March for our Lives — la mobilisation des jeunes et des vieux autour de la question de la violence des armes aux États-Unis. Une grande marche a eu lieu à Washington DC pour marquer ce mouvement, bien que beaucoup d’autres villes américaines se sont mobilisées aussi. Cette étudiante m’a parlé de sa déception par rapport à cette marche : que ça a été beaucoup trop commercialisé, que ça a été plutôt un concert convivial qu’une protestation, que les gens répondaient collectivement à de courtes vidéos médiatisées et que les réactions des gens devaient être poussées par ces mécanismes artificiels. Elle avait une conception totalement différente de la grève, de l’expression de mécontentement, qui se voyait clairement dans ce qui s’est passé à l’université de Jean Jaurès ce printemps. C’était la grève qui ne suivait pas d’ordonnances, qui était forte et qui était brute. Ceci n’est pas à dire que cela est représentatif de la grève en France, mais simplement qu’un phénomène dans lequel beaucoup des gens se sentent chez soi ici, ne se sent pas du tout de la même façon dans un pays comme les États-Unis. Dans le dernier, le rôle de la société civique est assez important, mais se manifeste très différemment. Le changement social semble d’habitude être mené indirectement par les gens et plus directement par des lobbys puissants.

 

En même temps, les États-Unis ont connu beaucoup de mouvements sociaux parmi les années qui ont vraiment eu un impact par des manifestations publiques dans la rue. Donc la conclusion ci-dessus pourrait être un peu précipitée. Plutôt, la spécificité française se trouve peut-être précisément dans la grève des ouvriers. Les Français sont fameux pour ces grèves qui sont possibles grâce aux pouvoirs des syndicats. Mes hôtes eux même sont souvent prêts à participer dans des grèves qui abordent des sujets qui les touchent. Mais suite à une conversation avec un de mes hôtes, j’ai été obligé de compliquer ma perception de la culture de grève en France. Premièrement, il se trouve que même dans un phénomène assez égalitaire, il y a des inégalités en terme de droits et bénéfices que les grévistes reçoivent. L’exemple qui m’a été donné était le fait que les professeurs d’université peuvent faire la grève et être payés en même temps. Cela crée des tensions avec le reste du peuple qui sacrifient leurs salaires chaque jour qu’ils font la grève. En plus, c’est distinct des grévistes dans le reste de secteurs de faire la grève à tour de rôle pour avoir un impact plus prolongé. Certainement, ceci diminue l’importance de l’impact. Ce que mon hôte a partagé que m’a surpris était que, selon lui, les grèves en Allemagne sont beaucoup plus importantes qu’en France. En même temps, on entend très peu à propos d’une culture de grève en Allemagne — ou au moins c’était mon impression. Il est ainsi qu’en Allemagne, les syndicats sont divisés par les secteurs industriels — dans un pays avec une économie évidemment différente de la France en terme de type d’industries prévalentes — et sont de cette façon beaucoup plus larges et puissants que les syndicats en France. Donc une grève en Allemagne est beaucoup plus grave et avec beaucoup plus de conséquences qu’une grève en France qui peut être longue, mais ne comprend pas un si grand nombre des ouvriers.

 

L’esprit de grève reste une réalité en France indépendamment de la réalité sociale économique. Pour certains, ce phénomène a des significations qui parlent du caractère des Français — soit positifs, soit négatifs. Ce qui est certain, c’est que les grèves sont un droit du peuple et le peuple français utilisent à juste titre ce droit.

Note avant la correction : 14,5



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