Les nuances de la langue

Ici on voit deux slogans de publicité : un en français, l’autre en anglais. Les deux utilisent des mots absolus – la plus, impossible, nothing. Mais l’anglais comme langue utilise les mots absolus beaucoup plus que le français ; c’est beaucoup plus rare en France d’avoir un slogan avec deux absolus forts, comme c’est plus rare de parler ou d’écrire en les utilisant. On ne dit pas tout, partout, jamais, toujours sans forte raison.

En anglais, une phrase comme “tout le monde utilise les mots absolus toujours” n’est que régulière. Ces mots agissent comme la ponctuation en anglais alors qu’en français ces mots ne sont utilisés qu’il y en a besoin. Le français comme langue est réceptive aux nuances, les différences entre “tout” et une partie. On ne dit pas les bêtises. On essaye de trouver les nuances du sens plutôt que les englober toutes à la fois. Même en écrivant en ce moment je tombe dans le piège des mots absolus ; en pensant en anglais la grosse plupart de ma vie, je suis habituée à en penser des choses dans les termes dont je suis familière.

Ma deuxième journée à Toulouse, mon hôtesse m’a demandée si je la comprenait. J’ai dit, “oui, je tout comprends – est-ce qu’on dit ‘je tout comprends’ ou ‘je comprends tout’?” Elle a répondu qu’on dirait plus souvent “je te comprends” ou “je comprends ce que tu dis,” mais on ne dirait pas qu’on comprenait tout car il y a toujours les nuances, les difficultés dans la communication. On ne suppose pas qu’on a compris un parole tout entier. On ne parle pas des absolus de la même manière qu’en anglais.

Je trouve l’attention aux nuances très sophistiquées dans la majorité des cas. Il est vrai qu’on ne comprend pas tout, tout le temps ; souvent il n’est pas possible d’avoir “tout” ou “rien” ou de faire quelque chose “jamais” ou “toujours.” Mais les nuances ne sont pas toujours la bonne manière de décrire quelque chose de claire. Une prof à UT2J a décrit les articles du Code civil qui portaient sur les droits des femmes comme “pas misogyne, mais inégalitaire.” Y compris dans ses articles sont un qui permet un homme de tuer sa femme et son amant s’il les a trouvé dans la maison conjugale, un autre qui interdit aux femmes de posséder leurs propres biens, et un autre qui déclare qu’une femme ne peut pas se présenter devant un tribunal comme défendante, plaignant, ou témoine sans la permission de son mari. À mon avis, l’inégalité et la misogynie dans ses articles sont le même que celui. Dans ce cas, les nuances de langue ne servent que masquer une idéologie systématique tout en réfutant son existence.

Mais c’est vrai que les nuances sont présentes beaucoup plus souvent que permet l’anglais. Je trouve qu’on doit “call a spade a spade” en utilisant les bons mots et pas les mots absolus dans les cas nuancés. Mais on ne doit pas accorder les nuances quand elles cachent le sens, plutôt qu’en l’éclairer.

Note avant la correction : 16



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