De Carlisle à la Ville Rose

Month: December 2012

Editorial

 Décembre est là, l’hiver s’installe à Toulouse, les examens approchent, mais aussi les vacances. Le dernier mois avant les vacances de Noël s’avère toujours très chargé pour des étudiants aussi actifs que les nôtres. Pendant le mois de novembre, les étudiants ont participé à de nombreuses activités et ont vraiment commencé à réfléchir à leurs expériences en France. Dans cette édition de La Une, vous trouverez des articles sur :

–        Le choc culturel selon Nina et Monica

–        Le choc culturel inattendu de Marie Gray

–        Un match de foot (David Fowler)

–        Les activités de bénévolat des étudiants

–        Le marché au gras de Péchabou

–        La fête de Thanksgiving

–        Le spectacle H3 au TNT

–        Les expositions Topos à l’Espace Ecureuil et à la Maison Salvan

 

Bonne lecture !

 

Anna

Le choc culturel selon Nina et Monica

« C’est comme avoir un caillou dans ta chaussure. Au début il te gêne énormément, après tu t’y habitues. Mais ce sera toujours un peu moins confortable. Pas assez pour enlever tes chaussures ». – Monica Meeks

« Il faut d’abord dire que ce n’est pas négatif. Le choc culturel a un sens positif parce que c’est le but d’aller à l’étranger. On voyage parce qu’on veut avoir une expérience différente de ce qu’on a vécu dans son pays d’origine, ressentir des choses qu’on n’a jamais ressenties dans sa vie. Quand les personnes considèrent le choc culturel comme négatif, c’est en fait juste que la vie est dure parfois ». – Nina Kuntz

Un choc culturel inattendu – Marie Gray

Quand j’ai relu Français et  Américains : l’autre rive,  où Pascal Baudry, l’auteur, raconte les réactions des Américains envers la France, j’ai essayé de reconstruire ma propre expérience jusqu’à maintenant. Au contraire des étudiants de l’année, j’ai passé l’été à Toulouse. Par conséquent, en arrivant j’étais un peu habituée à la ville et le choc culturel était moins violent. De plus, j’ai une facilité à comprendre deux cultures si différentes grâce à mon côté japonais. Par exemple, le système de politesse et les règles implicites françaises ressemblent à mon éducation japonaise. En revanche,  ma secousse est arrivée petit à petit. Le programme d’été n’était pas du tout comparable au système éducatif du Mirail. C’était une petite communauté américaine avec tous les avantages de Dickinson College. En outre, mon rapport amical avec mon hôte a fait de mon expérience une situation très protégée et séparée totalement du Toulouse où je vis maintenant. Au début de mon séjour de l’année j’étais trop sûre de moi, et je pensais “et alors, où est la difficulté?” Comme Monsieur Baudry l’explique, c’est mon ignorance qui m’a aidée, parce que je n’avais pas « le bagage émotionnel. » En revanche, j’ai complètement changé d’avis grâce à ce semestre. Maintenant je suis une sorte d’enfant. C’est une prise de conscience extrêmement humiliante, parce que je me rends compte de mes erreurs, et elles ne sont pas forcement faciles à accepter. Chaque journée présente un nouveau défi et les problèmes sont souvent liés à la « critique » qui est une particularité française.

Une victoire pour le TFC – David Fowler

Quand je suis arrivé au Stadium Municipal de Toulouse, je savais bien ce à quoi m’attendre. J’aime beaucoup le foot et j’ai eu de la chance d’assister à plusieurs matches aux Etats-Unis, en Europe, même en Afrique du Sud pendant la dernière Coupe du Monde. Que ce soit « football » ou « soccer », le nom n’a pas d’importance : c’est le sport que je préfère.

Equipé de maillot violet et blanc, je suis entré dans le stade avec mon ami. Tout autour de nous, des supporteurs toulousains se préparaient pour un des matches les plus importants. C’était contre Lyon, la première équipe de Ligue 1 cette saison, et un véritable défi. Tout le monde était excité et l’ambiance était très enthousiaste. C’était mon premier match avec TFC, mais j’ai eu l’impression que ce serait un match magnifique.

Au son du sifflet, mes impressions sont devenues réelles. Toulouse a dominé. Pour chaque action,  pour chaque passe, TFC a été la meilleure équipe. J’étais vraiment content, mais pas à cause de la performance de cette équipe. Oui, je voulais qu’ils gagnent, mais l’ambiance a rendu l’expérience mémorable. En achetant les billets les moins chers, nous étions dans la section des vrais supporteurs de TFC. Dans une mer violette, nous avons chanté, nous avons retenu notre souffle, et nous avons applaudi tous ensemble. Américain ou Français, cela n’avait pas d’importance. Nous étions un groupe solidaire pour Toulouse FC.

J’ai vu beaucoup de matches de foot mais je n’oublierai pas cette expérience. L’intensité et la passion des supporteurs de TFC sont magnifiques. Même si le foot est moins suivi que le rugby à Toulouse, les supporteurs ont créé pour moi un souvenir super. Je vais revenir sur le stade dans deux semaines, et je ne pourrai pas être plus heureux.

« Je me sens utile » : témoignages de bénévolat

Pour son bénévolat ce semestre, Monica s’est engagée en tant qu’assistante d’anglais auprès d’un lycée toulousain. « En bref, c’est une bonne expérience », dit-elle. Elle aime bien « écouter les expériences des profs », qui lui racontent les « histoires des élèves plus problématiques ». Elle trouve que les élèves ainsi que les professeurs sont « enthousiastes envers les Etats-Unis » et que les élèves sont particulièrement « intéressés par l’université américaine et la vie américaine ». Cette expérience lui fait réaliser que « même si on étudie une langue pendant toute sa vie, il y aura toujours des nuances qu’on ne connaîtra pas ». En fait, de temps en temps les professeurs lui demandent de les aider avec des textes qui nécessitent une connaissance plus profonde de la culture américaine. Par exemple, en remplissant des mots croisés, les professeurs ne connaissaient pas le nom du bâtiment du Congrès américain (Capitol building) ni de la fameuse marche fatale des Amérindiens à travers les Etats-Unis (Trail of Tears). Sachant qu’elle peut apporter cette richesse linguistique et culturelle aux élèves ainsi qu’aux professeurs, elle conclut que cette expérience vaut la peine parce que « je me sens utile ».

Nina se sent aussi très utile. Pour son monitorat d’anglais à l’ICT, «  je laisse parler les étudiants français et je leur parle. Ce que je peux leur donner est une opportunité de s’exprimer en anglais. J’essaie de na pas les corriger, pour leur apprendre comment être à l’aise dans une langue. De plus, j’apprends quelque chose en français à cause de leurs fautes parce que je vois comment ils essaient de traduire du français à l’anglais ». Un échange réciproque.

En travaillant au Resto du Cœur, Michelle se sent très utile parce que « beaucoup de personnes viennent pour avoir un repas chaud, qui est tout ce dont on a envie quand il fait froid ». Dans l’équipe de St. Aubin, Michelle aide à préparer et à servir des repas chauds à des personnes sans abri. La première fois qu’elle l’a fait, elle nous dit : «  j’étais étonnée qu’ils soient aussi bien élevés » et qu’ils « voulaient me connaître ». Elle adore le fait qu’elle travaille en équipe et qu’elle arrive à établir un vrai contact avec des gens qui ont besoin de son aide.

La Marché au Gras de Péchabou

Comme chaque année, quelques étudiants ont participé au Marché au Gras de Péchabou. En vendant des spécialités américaines, ils ont pu « faire connaître aux Français des pâtisseries qu’ils ne connaissent pas, comme la tarte à la citrouille », selon Michelle. « Parfois les clients avaient un peu peur de la tarte à la citrouille et ils disaient que c’était joli, mais qu’ils ne voulaient pas goûter ». En plus de vendre des gâteaux au stand de Dickinson en France, les étudiants ont pu aussi découvrir le marché, discuter avec les gens et manger avec eux. Rosy a « aimé parler avec les gens », mais elle a été aussi un peu choquée par la viande crue : « il y avait beaucoup de canards…j’avais un peu peur de la viande, en particulier quand les gens ont coupé la tête aux canards. Je n’avais pas envie de manger la viande après ». Plusieurs ont dit :  « c’est la première fois que j’ai mangé de l’aligot », un mélange de purée et de fromage de la région. Les étudiants ont apprécié l’atmosphère conviviale de cette journée.

Photos de Anna Ciriani Dean et Monica Meeks.

Un Thanksgiving à la française

Thanksgiving, une fête nationale américaine riche de traditions en famille. Comment fêter cette tradition en tant qu’expatriés ? Voici une solution :

Cette année, les étudiants de Dickinson en France ont découvert une nouvelle manière de fêter Thanksgiving : à la française. Avec l’équipe de Dickinson et d’autres invités proches du programme, ils se sont retrouvés dans une vieille maison dans les environs de Toulouse qui appartient depuis des générations à des amis du programme.

Nos hôtes nous ont accueillis avec beaucoup de chaleur et nous avons ensemble partagé un repas très français, tout en gardant l’esprit d’une fête de famille. Nous avons d’abord pris l’apéritif : champagne, foie gras, escargots ainsi que des crudités comme hors d’œuvres. Passés à table, nous avons dégusté une soupe au potiron, suivi d’un un rôti de veau avec ses petits légumes. Enfin, notre hôtesse a dévoilé l’apothéose du repas : des charlottes faites maison, au chocolat et amandes,  accompagnés par une salade de fruits. La soirée s’est conclue autour d’un thé, d’un café ou d’une tisane dans le salon. Puis, tout le monde est rentré pour bien digérer et dormir profondément.

Tous les étudiants ont été émerveillés par cette belle demeure. David a dit : « je veux habiter là » dans cette « maison super belle ». Rosy a attiré l’attention sur la « lumière d’une autre époque » et sur les « portes secrètes », rêvant tout haut de la maison : « Si j’étais plus petite, j’aimerais avoir une journée pour jouer dans la maison ». Elle ajoute : « l’atmosphère de la vieille maison était quelque chose dont je n’avais jamais fait l’expérience avant ».

Cette belle maison a contribué à l’ambiance conviviale de la soirée. Rosy a « bien aimé parce que tout le monde a parlé ensemble » et Michelle a commenté combien nos hôtes étaient « chaleureux ». Tout au long de la soirée, les étudiants se sont mêlés aux autres invités, échangeant des histoires, découvrant cette belle maison et ressentant une chaleur de fête très agréable. Notre hôte a partagé l’histoire de sa famille, il a sorti des albums photo, expliqué les beaux portraits sur les murs et à même permis aux garçons de tenir une ancienne épée. Notre hôtesse a aussi fait preuve de sa remarquable hospitalité, expliquant ses délicieux plats et animant des conversations stimulantes. En bref, une atmosphère détendue et agréable.

David a décrit la soirée comme « très différente d’un Thanksgiving américain ». En fait, il a dit, « J’ai préféré que c’était différent. J’aurais aimé quelque chose de traditionnel, mais le repas était délicieux et s’ils avaient recréé le repas américain, on aurait été plus nostalgiques de nos familles aux Etats-Unis ». Cette soirée lui a donc permis de fêter Thanksgiving et de se sentir lié à son pays d’origine, tout en le distrayant de son mal de pays. De même, Rosy a dit : « ce n’était pas vraiment la même idée que Thanksgiving mais c’était agréable, vu que je n’avais pas d’attentes parce que j’ai pensé ‘Je suis en France, je peux rater une année’. » Elle a donc apprécié cette opportunité.

H3 : une expérience atypique

Le 29 novembre, les étudiants et l’équipe de Dickinson ont découvert un côté inconnu de la culture hip hop. Nous avons assisté au Théâtre National de Toulouse à une chorégraphie de Bruno Beltrão, un danseur et chorégraphe brésilien qui croise la discipline de street dance avec la danse contemporaine. En imaginant le hip hop, on s’attend tout de suite à de la musique, à des rythmes clairs, et à des gestes connus. Pas ici. Dans H3, les danseurs se libèrent des contraintes de la musique, dansant sans elle ou même en opposition quand elle était présente. Grâce à des mouvements répétés et subtils, Beltrão nous a offert une expérience atypique.

Darcy a trouvé la pièce « jolie, mais je n’ai pas vraiment compris ce que le chorégraphe voulait montrer. Le début était bizarre sans musique. J’ai compris un peu plus quand la musique à commencé, avec les bruits de la rue. » Elle a comparé cette chorégraphie à un autre spectacle qu’elle avait vu dans le passé, un spectacle d’Alvin Ailey où l’histoire racontée était claire. Elle s’est rendue compte que H3 jouait plus sur les « sensations ».

David a trouvé ce spectacle « intéressant », disant qu’il n’avait « jamais vu des choses pareilles ». Pour lui, la musique était aussi importante : « Quand je pense à la danse, je pense à la musique » et dans H3, « la musique arrive doucement, elle commence avec la batterie et finit avec des chansons plus intéressantes ».

Michelle a aussi perçu le manque de musique comme une perte, mais elle a en même temps apprécié d’autres éléments de la chorégraphie. Par exemple, elle a aimé la répartition de l’espace sur scène : « au début ils étaient devant et petit à petit ils se sont étalés, couvrant toute l’espace ». En outre, elle a remarqué que « les couleurs vives et différentes des T-shirts ont rendu le spectacle agréable à voir ».

L’aboutissement du projet Topos

Depuis l’orientation, les étudiants sont impliqués dans le projet Topos, en partenariat avec la Fondation Espace Ecureuil pour l’art contemporain, la Maison Salvan de Labège et l’Institut des Jeunes Aveugles. En septembre et octobre, les étudiants ont suivi des ateliers avec les artistes Mathias Poisson et Thierry Lafollie, en résidence à la Maison Salvan. Ces deux artistes leur ont fait découvrir le Canal du Midi à travers des activités autour de la mal-voyance et de l’itinérance. Ces ateliers se sont poursuivis par un échange avec les pensionnaires de l’Institut des Jeunes Aveugles que nos étudiants ont guidés et ils ont abouti à une installation artistique à la Maison Salvan, une exposition à découvrir les yeux fermés. Au vernissage, quelques étudiants se sont laissé emporter dans le monde non-voyant proposé par l’exposition et ils ont proposé des balades aux visiteurs malvoyants. Les bâtons de marche utilisés pour ce guidage contenaient des clés USB avec des enregistrements vocaux de l’artiste Mathias Poisson qui proposaient un parcours d’itinérance.

Une rappel photographique des ateliers de septembre-octobre avec les étudiants de Dickinson et avec les jeunes de l’Institut des Jeunes Aveugles. (Photos de Julie Rouge).

Rosy, qui était présente au vernissage, nous raconte son expérience : « J’ai mieux compris comment Mathias a interprété nos balades ensemble grâce à la grande structure en bois qu’il a construite. Pendant le parcours, j’ai entendu ma voix enregistrée et j’ai compris qu’il (Mathias Poisson) a représenté en relief les choses qu’on a vues ensemble ». Par rapport à la personne malvoyante avec qui elle a redécouvert l’exposition et fait une balade, elle explique, « J’étais impressionnée par sa capacité à sentir et imaginer les images sur la structure en bois. Elle disait, par exemple, ‘Oh, c’est une voiture’…mais moi, je ne pouvais pas le reconnaître les yeux toujours fermés. Il est beaucoup plus sensible. »

Voici quelques images du vernissage à la Maison Salvan (Photos de Anna Ciriani Dean et de Julie Rouge).

Le vernissage de Topos à la Fondation Espace Ecureuil a eu lieu le 13 novembre. Cette exposition, en parallele avec celle à la Maison Salvan, ne présente pas seulement les œuvres de Mathias Poisson, mais de cinq autres artistes, toujours autour du sujet de l’itinérance et de la topographie. Cliquez ici pour découvrir cette exposition.

Dans les photos, on voit la foule présente à l’Espace Ecureuil et l’étudiante Monica Meeks qui découvre les photographies et les cartes d’itinérance subjectives de Mathias Poisson.

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