De Carlisle à la Ville Rose

Day: January 24, 2013

Editorial

Chers lecteurs,

Janvier est le mois du changement. Les étudiants du deuxième semestre s’installent à Toulouse et découvrent la ville rose, les étudiants du premier semestre partent, les étudiants de l’année terminent leurs partiels et commencent de nouveaux cours. Par conséquent, vous trouverez dans cette édition des témoignages sur l’adaptation des étudiants à la culture française correspondant à différents moment de leur séjour en France. Un regard neuf et un regard expérimenté.

Bonne lecture,

Anna Ciriani Dean

Une nouvelle aventure

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Photo : Sam Hoagland

Quelques étudiants du deuxième semestre partagent leurs premières impressions de Toulouse.

Molly : « D’un côté, c’est comme un monde complètement différent de ce qui m’est familier, mais de l’autre, c’est comme si j’habitais à Toulouse depuis longtemps.  C’est une ville riche avec plein de choses à explorer et à voir.  Chaque jour je trouve un autre petit endroit ou une rue que je ne connaissais pas avant.  La culture est en mouvement et la ville en générale a une énergie vivante. Je suis heureuse d’être ici pour plus ou moins 5 mois… et d’avoir plein de temps pour explorer la ville dans toute sa gloire! »

Amy : « Cette première semaine à Toulouse a été très intéressante. Puisque j’habite loin du centre-ville, il faut m’habituer à marcher beaucoup ou à utiliser les transports publics, mais je découvre que c’est assez facile. C’est une grande ville, mais je trouve qu’en fait le centre est assez petit. Tout le monde est sympa et le soir il y a énormément de jeunes puisque c’est vraiment une ville universitaire. C’était une semaine fatigante mais j’attends avec impatience les mois à venir. »

Sarah : « J’ai déjà passé deux semaines à Toulouse et j’ai déjà vu beaucoup. Oui, j’ai vu des anciens bâtiments et les marchés extérieurs qui ont lieu les week-ends, un spectacle de Pina Bausch au TNT… mais ce sont les salons de thé que je préfère. Les salons de thé existent partout à Toulouse et chaque salon a sa propre spécialité. Il est vrai qu’on peut trouver un fondant au chocolat dans plusieurs salons, mais ce sont les scones au Nutella et les gâteaux aux poires qui donnent à un salon son charme. Ils sont tous très chics comme les magasins de cupcakes aux Etats-Unis. Mon objectif est de les essayer tous ! »

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Photo : Sam Hoagland

 Alex : « La première semaine de mon semestre à Toulouse est terminée, et en très peu de temps j’ai appris beaucoup.  Je suis en train d’apprendre (bien que lentement) le fonctionnement des transports publics de Toulouse, ainsi que les coutumes des Français.  Beaucoup des habitudes françaises sont très différentes du mode de vie aux Etats-Unis, et parfois l’adaptation est difficile.  Par exemple, il faut que je me souvienne toujours de fermer les portes derrière moi, et d’éteindre les lumières à chaque fois que je quitte une pièce. Je n’ai pas l’habitude de faire cela chez moi. Je pense que, pour l’instant, l’ajustement le plus difficile est l’absence de mes amis, ma famille, ma petite amie, et tous les conforts matériels de ma vie aux Etats-Unis.  Néanmoins, être en France me donne l’occasion de me faire de nouveaux amis et d’apprendre une nouvelle culture.  Les cours sont difficiles (parce qu’ils sont en français !), et les ajustements se passent lentement. Cependant, je suis heureux d’être ici et je suis enthousiaste pour les quatre prochains mois ! »

Lindsey :  « J’ai été à Toulouse pendant cinq semaines l’été dernier. Je trouve déjà que les deux expériences sont très différentes à cause de mes hôtes et du programme. Pendant l’été, j’ai dû participer à beaucoup d’activités avec Dickinson et je n’avais pas beaucoup de temps libre. Ce semestre, il y a beaucoup de temps libre pour aller dans la ville et suivre les cours à Sciences Po. J’ai ainsi l’opportunité de parler avec les autres étudiants Erasmus. Je sens que ce semestre m’apportera plus d’immersion. La différence entre mes hôtes est intéressante aussi. Ma famille actuelle est une famille nucléaire alors que ma famille de l’été était une femme seule avec son copain. Maintenant j’ai deux points de vue sur la famille en France. »

 

 

Mon Noël en Allemagne et en Autriche – Monica Meeks

Une marché de Noël à Berlin

Une marché de Noël à Berlin

Être loin de chez moi pour Noël semble peut-être un peu triste. Mais quand on a quelques membres de sa famille sur le même continent, ce n’est pas du tout le cas. Cette année pour Noël, j’ai eu de la chance : au lieu de retourner aux États-Unis, j’ai rendu visite à  mon frère et à ma belle-sœur, qui habiteront à Berlin jusqu’en août 2013.

C’était une occasion d’explorer le monde germanique, qui était pour moi un mystère total.

Les Alpes bavaroises

Les Alpes bavaroises

D’abord, on a passé Noël dans leur appartement magnifique à Berlin Est. J’étais complètement ravie par la saison des fêtes à Berlin. J’avais l’impression que, avec un tel air festif, je verrais le Père Noel lui-même. Il y avait presque 60 marchés de Noël ; je n’en ai vus que trois, mais même si c’est un très petit nombre, ils étaient spectaculaires. J’ai goûté beaucoup de vin chaud, de pommes au caramel, de bretzels, de bratwursts, et d’autres délices. J’ai vu des personnes qui faisaient du patin à glace et d’autres qui buvaient de la bière assis autour de petits feux. Et bien sûr, la chose la meilleure, c’est que j’ai pu partager cette expérience avec ma famille. C’était incroyable qu’une ville comme Berlin, avec une image normalement très noire, pouvait être si légère et, littéralement, si blanche – il y avait tant de neige !

Ensuite, on a conduit sept heures pour arriver au nord de l’Autriche, dans la région du Tyrol (une partie autrichienne de Bavière).

C’est là-bas, dans une petite loge de yoga dans la montagne, qu’ on a passé une semaine et le Nouvel An. Après avoir passé autant de temps ce semestre dans les villes, c’était excellent et reposant d’être dans la nature. Les Alpes étaient si belles, si blanches, si hautes, si parfaites.

Un délicieux "Bretzl"

Un délicieux “Bretzel” et de la bière bavaroise

Je crois que ce sont les vacances les plus saintes, les plus équilibrées de ma vie. Même si on a mangé beaucoup de wienerschnitzel et on  bu beaucoup de bières allemandes, je me sentais en pleine forme, parce qu’on a fait aussi beaucoup de sport. On a fait des randonnées à Hocht Imst parmi des groupes de skieurs. On a vu le château célèbre de Neuschwanstein, qui a servi d’inspiration pour le château de Walt Disney. On a fait des raquettes à Fernpass, autour d’une rivière fraîche provenant des grandes hauteurs de la montagne. On s’est fatigué, on a failli mourir parfois, mais surtout on s’est bien amusé. C’était la définition précise de « Winter Wonderland. »

Le château de Neauschwanstein

Le château de Neauschwanstein

En revenant d’Autriche, on a eu même quelques heures pour visiter Munich. Notre déjeuner était à Hofbrauhaus, une brasserie qui à plus de 400 ans d’histoire. On a dégusté la cuisine la plus délicieuse de la Bavière. Avec la musique jouée par des musiciens qui portaient des lederhosen et assis à côté des quelques hommes qui avaient un peu trop bu, nous avons déjeuné avec grand plaisir.

C’était un repas parfait pour finir notre voyage.

Danse : langue internationale, lieu de rencontre

Depuis son arrivée en septembre, Nina suit des cours de danse chaque soir dans un studio toulousain, le Centre James Carlès. Elle nous parle de son expérience.

« Ma première réaction dans la nouvelle école était d’aller dans le studio, m’échauffer, m’étirer – je partais, je ne parlais à personne, je savais déjà quoi faire, j’ai repris mes habitudes tout de suite, sans le stress du monde professionnel de la danse ». Au début, elle n’a guère reconnu que les cours étaient en français à cause de ses habitudes tellement ancrées et grâce à cette « langue internationale », la danse. Elle ajoute : « On peut communiquer de la même façon avec les arts, la danse classique, le jazz, la danse africaine… ». Malgré ses habitudes et cette indépendance du début, cette langue non-verbale l’a amenée à des rencontres avec des personnes d’origines différentes, avec des intérêts en commun. Maintenant elle fait partie d’une communauté : « Je vais souvent à des événements de studio ouvert, café et musique organisés par le centre ». La danse se transforme ainsi en lieu de rencontre.

« Je protège mes restaurants ! »

Le buffet “salades” de la Faim des Haricots

« Je protège mes restaurants ! ». Voici la phrase que Darcy a utilisée quand je lui ai demandé de me parler de ses restaurants préférés à Toulouse pour cette édition de La Une. Quand je lui ai demandé de m’expliquer un peu mieux ce qu’elle voulait dire, elle a dit qu’elle ne voulait pas que tout le monde les découvre. Ce sont des petits restaurants, des petites perles pour ainsi dire, dont elle connaît maintenant les propriétaires et qui offrent des prix raisonnables. Alors maintenant on comprend pourquoi elle ne veut pas que tout le monde les envahisse. Mais au moins elle m’a parlé du sandwich qu’elle était un train de grignoter : c’est le nouveau sandwich de la boulangerie du quartier du Centre Dickinson, et il faut le goûter…ainsi que le gâteau aux pistaches qui est vendu dans cette même boulangerie.

Boire un thé au Dip’s Tea

Nous ne pouvons pas tous être des spécialistes de la dégustation, comme Darcy, mais nous pouvons savoir ce qui nous plaît. David n’a pas peur de déclarer :  « j’aime beaucoup les kebabs…ce n’est pas cher, c’est très bon et ça fait un grand repas. » Où trouver les meilleurs kebabs de Toulouse ? Entre les Carmes et la place de la Trinité. Goûtez leur « sauce algérienne », nous dit l’expert.

Passons maintenant au contraire du kebab : la cuisine végétarienne. Plusieurs étudiants ont découvert le restaurant bien connu La Faim des Haricots, dont Rosy nous a parlé au tout début du semestre. Monica nous raconte que c’est le meilleur endroit pour prendre un repas équilibré à un prix raisonnable. Depuis qu’elle a découvert l’option « à emporter » du restaurant, elle est devenue une cliente fidèle. On ne dépense que 1,20€ par 100g alors que, sur place, on peut choisir des formules de 10-14€. Une bonne affaire. Mais au-delà du prix et du côté pratique, quel est l’intérêt d’un restaurant végétarien en France, dont la cuisine est souvent axée sur la viande. Justement, c’est l’aspect alternatif de ce lieu. Monica nous dit, « le pain….j’en mange trop ! La Faim des Haricots offre une option différente. Aux Etats-Unis, on mange beaucoup de légumes, ce qui est plus difficile à faire ici. Habitant dans une famille d’accueil, j’ai un peu moins de contrôle sur ce que je mange. Si je mange seule, je dois acheter de la nourriture et la préparer à l’avance ». La Faim des Haricots lui permet donc de trouver un équilibre entre la cuisine typiquement française et un courant culinaire un peu moins répandu en France.

Une sortie de groupe au Dip’s Tea

Le bilan d’un semestre à Toulouse ne serait pas complet sans un « briefing » sur les salons de thé. Ils sont nombreux et ils sont délicieux comme par exemple Flower’s, L’autre salon de thé, Bapz, Le Bol Bu, Le Sherpa… Mais ils sont aussi bondés. Monica en a découvert un, par contre, qui offre une certaine tranquillité : Dip’s Tea. Un peu caché dans rue du Pharaon, près des Carmes, ce salon de thé n’est jamais trop plein. Monica nous raconte que la dernière fois où elle est allée dans ce salon, elle était la seule personne et elle y est restée pendant deux heures. Le propriétaire, très sympathique, lui a amené des madeleines qu’il venait juste de faire. Un lieu intime, avec des thés et des gâteaux délicieux !

France et Cameroun : une comparaison du choc culturel

Ayant passé un semestre au Cameroun avant de venir à Toulouse pour l’année, Nina sait bien ce que c’est que le « choc culturel ». Elle pense que « ce n’est pas vraiment un choc culturel ici » et elle n’a observé « rien de si extrême qu’au Cameroun ». Elle trouve Toulouse assez « similaire aux Etats-Unis », alors qu’au Cameroun, « tout est très différent : les bâtiments, la langue…il fait très chaud, il y a des gens partout dans la rue ». Elle se rappelle de sa situation précaire en tant que femme d’origine non-africaine, avec des hommes qui l’appelaient « la blanche, la blanche ». Là-bas, le choc était plus dur. « Les droits des enfants et des femmes étaient moins développés », dit-elle, « et la condition humaine est beaucoup plus dure…on meurt tôt ». Elle a pu ainsi « comprendre dans un sens viscéral qu’on a de la chance d’échapper à ce destin ».

Plus qu’un choc culturel, son arrivée en France lui a apporté un sentiment de nostalgie. Elle explique : « Ici, je vois des choses qui se passent dans la maison de mes hôtes et je commence à avoir de la nostalgie pour ma famille et pour les USA », alors qu’au Cameroun la différence culturelle était « si extrême que la culture américaine ne m’a pas manquée, je ne reconnaissais rien ».

Carnet de voyage : Réflexions de Monica

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Monica à Conques

Pendant son premier semestre, Monica a bien profité de son séjour en France pour, bien sûr, découvrir la France ! Nizas, Conques, Carcassonne, Paris, Strasbourg, Albi, Cannes, Nice…pas mal pour un premier avant goût du pays. Quelques réflexions de son itinérance ? Elle a « adoré la Côte d’Azur », où elle a rendu visite à une amie du lycée, mais elle n’a pas pu s’abstenir d’une comparaison. Le programme de son amie « est beaucoup plus protégé : elle doit lire des livres en anglais pour ses cours, elle habite dans un dortoir avec d’autres américains, elle n’a pas besoin de quitter le bâtiment pour aller en cours ». Une autre fille dans le programme a parlé avec enthousiasme d’un week-end où elle n’avait parlé qu’en français, ce qu’elle avait trouvé difficile à faire pour autant de temps. Monica a pensé « ah, c’est ma vie de tous les jours ! », mais elle s’est dit : « je serais frustrée…je suis heureuse d’habiter avec une famille française et d’étudier dans une université toulousaine ».

Toujours à Nice, Monica s’est aussi rendue compte des différences régionales marquées en France. L’accent niçois et le provençal étaient nettement plus « italiens » que l’accent toulousain et l’occitan, eux plus « espagnols », et l’accent à Strasbourg était bien plus « allemand ». « J’imagine que la Bretagne doit être aussi plus celtique », réfléchit-elle. Une diversité riche à l’intérieur d’un seul pays.

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