De Carlisle à la Ville Rose

André Malraux (1901-1976) disait de la culture qu’elle nous apparait comme « la connaissance de ce qui a fait de l’homme autre chose qu’un accident de l’univers ».

L’histoire de l’humanité est extrêmement complexe, les conflits en sont en effet devenus innombrables, à l’image des guerres mondiales de 1914 à 1918, et de 1939 à 1945.
Pourtant, le cours des événements fourni également d’excellents exemples de rapports sociaux harmonieux entre les individus, l’essor du service civique en France en est l’un des témoins.

Cette histoire tumultueuse se révèle-t-elle dans l’héritage français ? Son ambivalence est-elle à la source d’une culture complexe et insaisissable ?
C’est à ces questions que les étudiants Dickinson tenteront de répondre.

Durant le premier semestre 2016, nos jeunes étudiants ont eu l’occasion de se rendre en excursion historique à Rodez. Sous l’œil attentif de ses professeurs, Allen a pu constater la magnificence de la Cathédrale de la ville ainsi que le poids de l’histoire qui pesait sur ses voutes.
L’édifice dispose d’un héritage très lourd, puisque en plus d’être un lieu de recueillement permettant de se rapprocher du divin, elle était avant tout une fortification. Ses murs étaient autrefois partie intégrante de la muraille qui entourait la ville, et servaient de défense contre les agressions extérieures.
Ainsi, un bâtiment d’une grande beauté architecturale dont les fonctions premières étaient tournées vers la religiosité, se révèle aussi être un outil de guerre.
En cela, le caractère tumultueux de l’histoire de l’humanité se retrouve dans notre héritage actuel.

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La Cathédrale de Rodez n’est toutefois pas le seul exemple d’une ambivalence historique. L’excursion à Paris au mois d’octobre 2016 a également permis à Andréa de contempler le château de Versailles, ancienne demeure des monarques de France.
Les ornements dorés, l’immense portail d’entrée et la grandeur des lieux témoignent de caractère majestueux de cet édifice. Pourtant, il n’aura pas fallu longtemps à l’étudiante pour comprendre que le « diable s’habille en Prada » (David Frankel 2006). Elle est en effet consciente de l’histoire complexe de la France. Ce château, en plus d’autres facteurs, a été à la source de la révolution française de 1789. Le peuple ne supportant plus une vie de privation face aux excès de la monarchie.
L’histoire de France laisse donc encore des traces de son passé ambivalent, mais elle n’en demeure pas moins riche. Ainsi, il a été aisé pour les étudiants de faire le rapprochement entre une histoire raffinée et une culture contemporaine complexe.

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L’héritage légué par l’histoire française est donc, en plus d’être ambivalent, à la source de la culture actuelle et des rapports sociaux entre les individus. Les étudiants de Dickinson sont d’ailleurs en permanence confrontés à ces legs.

La France est connue pour être le pays de la mode dans le monde entier. Les événements dédiés aux vêtements sont effet monnaie courante dans l’hexagone. Ashley constate d’ailleurs à l’occasion d’une virée shopping qu’il y a un style vestimentaire, en particulier masculin, propre à l’Europe. Les français seraient plus à l’aise avec leur féminité, et l’idée selon laquelle la sexualité n’est pas retranscrite par l’habit. Quelles seraient alors les explications d’un tel constat ?
La conclusion à laquelle parvient Ashley est que la culture serait à l’origine d’une mode à la française. Outre les habitudes alimentaires différentes, un passé tumultueux conduirait nécessairement à une plus grande acceptation de l’autre. Ladite acceptation permettrait une expression de la personnalité à travers l’habillement.
En cela, l’héritage de l’histoire française complexe se matérialiserait encore aujourd’hui dans les esprits inconscients des férus de mode.

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Seulement, il ne pourrait il y avoir que des aspects positifs dans ce cycle. Les legs peuvent aussi mener à des incompréhensions. Ainsi, la culture ne serait pas choisie et acceptée, mais simplement imposée et vécue passivement.
Les fêtes de Noël viennent à peine se terminer que déjà les questions sur les habitudes des français fusent. Le constat a été dressé qu’il n’y a qu’une minorité de toulousains qui décorent leurs maisons de lumières. Les explications de Louise se dirigeaient dans un premier temps vers des raisons d’économie d’énergie. Pourtant, dans un deuxième temps, la stupeur était au rendez-vous lorsque la réponse était simplement : « cela ne se fait pas vraiment en France de décorer sa maison avec des lumières lorsque c’est Noël ».
L’histoire peut alors fournir un héritage culturel passif, lequel se vit naturellement sans que des questionnements quant à sa portée ou sa source ne se posent.

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Finalement, n’est-ce pas cela qui fait la beauté d’une culture ? Ne pas comprendre sa provenance ni les raisons qui la justifient, mais simplement l’apprécier pour ce qu’elle est ?
Les marchés de Noël sont courants en France, et ne pourraient en aucun cas se concevoir sans le traditionnel vin chaud. Que l’on aime ou pas la boisson, impossible de passer à côté des effluves d’épices qui s’échappent des marmites le long des stands.
Alors que Georgina demandait à son hôte des explications sur cette tradition, il lui a simplement répondu que sa mère avait pour habitude de le faire quand il était petit, tout comme sa propre mère avant elle…

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La boucle est ainsi bouclée. La culture est avant tout un héritage du passé. Qu’on la comprenne ou non, elle symbolise l’appartenance à une société. La complexité de l’histoire française entraine nécessairement une ambivalence culturelle. Certaines habitudes sont plaisantes, d’autres non. Pour autant, il est bon de s’immerger dans ce monde inconnu et d’en décrypter les codes.

Et puis, la compréhension d’aujourd’hui ne permet-elle pas de préparer demain ?

 

Michaël Capdase

 

 

André Malraux (1901-1976) said that culture is what makes man something other than an accident of the universe. 

Human history is extremely complex. Conflicts have become numerous, as seen in the first and second world wars.  However, history also provides excellent examples of social harmony between individuals. The growing popularity of community service in France is a testament to this.

How does this tumultuous history manifest in French culture? Might such ambivalence be the source of a complex or maybe even an incomprehensible culture?

Such are the questions that this group of Dickinson students will try to answer…

 

During the fall of 2016, our students had the opportunity to explore Rodez.  Under his professors’ attentive gaze, Allen was able to realize the magnificence of the city’s cathedral, as well as the weight of history contained in its vaults.  The building carries a heavy history, in addition to being a place of worship, a way to convene with the Divine, it was above all a fortification. The walls of the city served as defense against external aggressors. Thus, a building of great architectural beauty with a primarily religious function reveals itself to also be an instrument of war. In this manner, the tumultuous character of human history is found in our modern heritage.

The Rodez Cathedral is not the only example of ambivalent history. In October 2016 during the Paris excursion,  Andrea took the time  to contemplate Versailles, the former chateau of French monarchs. The gilded ornaments, the immense entrance and the grandeur of the palace stand as evidence of the majestic character of this edifice. However, it does not take long for students to understand that “the Devil Wears Prada”. Aware of the complex history of France, Andrea understands that the chateau, along with other factors, were at the heart of the French Revolution of 1789. The working-class refused to tolerate a life of deprivation while the monarchy’s enjoyed a life of excess. Therefore, despite the traces of a violent past, French culture remains very rich. Thus, it is easy for students to understand the relationship between a refined history and a complex, contemporary culture.

Beyond being ambivalent, French historical heritage is the source of our modern culture and the basis of social relations.  Dickinson students are continually confronted by this legacy.

France is known for being the fashion center of the world. Key fashion events are commonplace within the Hexagone. Ashley, out on a shopping spree, noticed that there is a distinct European style unique, particularly for men. French men are more at ease with their femininity and with the idea that their sexuality is not defined by their clothing. What could explain this observation? The conclusion that Ashley reached is that “French fashion” originates from its culture. A tumultuous past has led to a great acceptation of others. This tolerance permits personal expression through clothing. In this way, the impact of a complex, French history materializes today in the subconscious of people with a passion for fashion.

There are not only positive aspects to this cycle. Legacies can also lead to misconceptions. Thus, culture is not chosen or accepted, but simply imposed and experienced passively.

Just as Christmas celebrations were beginning, the students had questions about French customs. Students observed that only a small number of Toulousains decorate their homes with lights. Louise first attributed this choice to energy conservation. However, she was surprised to find that the response was simply “That is not how it is done; we don’t decorate our houses with Christmas lights in France”. History can provide passive, cultural heritage, naturally without question of its manifestation or source.

Overall, does not this opacity make culture more beautiful? Not completely understanding its origins nor its justifications, nor reasons, but simply appreciating it for what it is? 

Christmas markets are common in France, and could not exist without traditional mulled wine for sale.  One may or may not like the drink, but it is impossible to miss the wafts of spices that rise from large cooking pots among the booths. 
When Georgina asked her host to explain this tradition, the answer was simply that her mother used to make it when she was a child, just like her own mother before her.

 

The cycle continues. Culture is, above all, inherited from the past. Whether you understand it or not, it symbolizes one’s belonging to a particular society. The complexity of French history necessitates cultural diversity. Certain customs are pleasant, others are not. Either way, it is important to immerse oneself in an unknown world, and decrypt the social codes.

 

As such, maybe by better comprehending today might we better prepare for tomorrow?

 

Michaël Capdase

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« Après un autre moment de silence, elle a murmuré que j’étais bizarre, qu’elle m’aimait sans doute à cause de cela mais que peut-être un jour je la dégoûterais pour les mêmes raisons » (Albert Camus, L’étranger, 1942)

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1 Comment

  1. Ethan Farber

    Une série d’articles exceptionnels! Je dis bravo à tous les étudiants de Dickinson en France (et à Michaël aussi!).

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