Équipe éditoriale : Drew, Elizabeth et Maggie

Un jour, alors qu’elle était dehors pour courir, Elizabeth a croisé un beagle grassouillet qui trottinait tout seul.  Il portait un collier donc elle savait qu’il avait une maison. Au début, elle a pensé que son propriétaire était peut-être un peu derrière lui puisque les Français ne tiennent pas toujours leurs chiens en laisse, mais il n’y avait personne en vue. Craignant qu’il soit perdu, Elizabeth a essayé de l’approcher pour voir s’il y avait un numéro de téléphone à appeler sur son collier. Mais en la voyant s’approcher, il s’est immédiatement enfui par une rue adjacente…

Le rôle des chiens en ville et à la campagne

En France, posséder un chien ne signifie pas la même chose à la ville et à la campagne. Entre les milieux urbains et ruraux, la race d’un chien, sa fonction dans la maison et ses interactions avec son maître peuvent être complètement différentes. Dans les deux cas, les chiens français semblent extrêmement bien dressés, mais entraînés à des fins différentes. D’une région à l’autre de la France, un chien s’adaptera à la vie quotidienne de manière radicalement différente. Dans les zones rurales, comme le village que nous avons visité dans les Pyrénées, les chiens ont souvent leurs propres responsabilités, fonctionnant presque indépendamment de leurs maîtres pendant de longues périodes. Ce sont souvent de très grandes races avec des sens aiguisés et une fourrure épaisse pour les garder au chaud. Ils sont élevés et formés pour jouer un rôle important dans l’élevage et la protection des autres animaux de leur propriétaire. Les chiens peuvent être laissés seuls pendant des semaines avec leur troupeau, et on s’attend à ce qu’ils veillent sur les autres animaux pendant que leur maître est absent. Ils sont donc souvent hostiles à l’égard des étrangers, car ils ont pour but de défendre le troupeau contre les menaces potentielles, et même un passant pourrait accidentellement être perçu comme tel.

Les chiens de ville, en revanche, ont essentiellement une fonction de compagnie pour leurs propriétaires et vivent avec eux dans leurs maisons. D’après ce que nous avons vu, les chiens en ville sont généralement plus petits que les chiens de montagne. Leur rôle est surtout d’être de jolis compagnons plutôt que d’avoir des responsabilités, ce qui les rend entièrement dépendants de leurs propriétaires. L’épaisseur de leur pelage est moins importante que pour les chiens de montagne, car ils ne sont pas à l’extérieur pendant de longues périodes et il arrive même que leurs propriétaires leur mettent des petits vêtements pour sortir. Par exemple, en se rendant au Centre Dickinson, Maggie a souvent vu un couple porter leur yorkshire habillé d’un petit imperméable. Il est beaucoup moins probable de voir cela dans une région rurale. Les chiens de ville peuvent faire des promenades ou courir avec leurs maîtres et apprendre des tours, mais leur seul vrai travail est d’aimer leur maître.

Les chiens à Toulouse

Toulouse est une ville où l’on peut croiser des chiens presque partout.  Des chiens de toutes tailles sont présents dans les cafés, les épiceries, les restaurants, les transports en commun, et même quand nous ne les voyons pas, leur présence nous est constamment rappelée par les besoins qu’ils laissent derrière eux. En effet, quand on se promène dans la belle ville de Toulouse, il est dangereux d’admirer l’architecture ou le ciel bleu vif pendant trop longtemps au risque de mettre les pieds dans la crotte de l’un de nos amis à quatre pattes français. Pour les étrangers en visite en France, la quantité de crottes de chien qui recouvre les trottoirs des villes est dégoûtante et incompréhensible. En France, il n’est pas rare de voir un maître se promener avec son chien dans une petite rue bondée et s’arrêter pour le laisser faire ses besoins au milieu du trottoir puis simplement continuer sa promenade. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, il existe une loi française qui oblige les propriétaires à ramasser les excréments de leurs chiens sous peine d’une amende de 400 euros. Cependant, il ne semble pas que beaucoup de villes appliquent activement cette loi. Cette loi est aussi largement ignorée par les propriétaires de chiens français en raison du sentiment qu’il est de la responsabilité de la ville de nettoyer les rues, y compris les crottes de chien, du fait qu’ils paient des impôts. Comme cette idée est ancrée dans la culture française, l’imposition d’une amende ne réglera pas ce problème canin.

En raison de l’attitude plus décontractée envers les chiens en France, on voit souvent des chiens se promener dans les rues de la ville et dans les parcs sans laisse. Il existe une loi française qui exige que les chiens soient sous surveillance étroite de leurs propriétaires, qui doivent se trouver à moins de 100 mètres, mais aucune loi ne stipule que les chiens doivent être tenus en laisse. Cette habitude de faire confiance aux chiens pour se balader et jouer sans laisse participe à l’inclusion et au statut élevé des chiens dans la société française. En effet, lorsqu’on se donne une journée pour se promener dans n’importe quelle ville française, il est facile de reconnaître la place spéciale qu’occupent les chiens dans la société en France. Il n’est pas rare de trouver des chiens qui accompagnent leurs maîtres dans leurs activités particulièrement “humaines”, comme s’asseoir dans un café, faire du shopping, se faire couper les cheveux, et même prendre les transports publics. La grande majorité des magasins, restaurants et cafés n’ont aucun problème à faire entrer des chiens dans leurs établissements et vont même jusqu’à sortir des gamelles d’eau pour les petits compagnons à quatre pattes des Français.  Il n’est pas rare non d’être accueilli par des chiens allongés sur le sol ou nonchalamment installés sur les genoux de leurs propriétaires lorsque les portes du métro s’ouvrent. Dans cette société amie des chiens, les propriétaires de chiens sont à la fois autorisés et encouragés à inclure leurs compagnons canins dans leur vie quotidienne.

Comparaison avec les chiens aux États-Unis

S’il existe certainement un grand nombre de différences entre les fonctions prêtées aux chiens au sein même de la culture française, les différences entre la façon dont les cultures française et américaine perçoivent les compagnons canins peuvent être encore plus marquées. Par exemple, entre les deux cultures, il y a une grande différence quant à la place du chien dans la famille. Aux États-Unis, le chien est un membre de la famille. Les Américains ont tendance à parler avec leurs chiens comme ils parleraient à un bébé, à les embrasser et à les inviter sur leurs lits et canapés. Les chiens, affectueusement appelés “bébés à fourrure”, sont traités comme des enfants supplémentaires. Les Français apprécient tout autant leurs animaux et les aiment évidemment beaucoup. Toutefois, il y a une différence dans le fait qu’un chien garde sa place de chien aux yeux d’une famille française. Elizabeth a par exemple rencontré des familles françaises qui, tout en aimant leurs chiens, ne les autorisent à entrer que dans la partie commune de leur maison et pas dans les chambres. De plus, les Français ne semblent pas avoir de petites “discussions” avec leurs chiens, si ce n’est de simples ordres. La relation entre les Français et leurs chiens reste plus de l’ordre de la relation maître-animal que de la relation parent-enfant.

En plus de cette différence dans les interactions familiales, les chiens français et américains réagissent aussi très différemment aux étrangers. Les chiens américains, puisqu’ils constituent une grande partie de l’unité familiale, sont souvent très bien socialisés. Lorsque des amis viennent rendre visite à une famille américaine, ils passent souvent beaucoup de temps à caresser le chien et à s’occuper de lui. Lorsque les chiens sont promenés, les propriétaires sont généralement bombardés de demandes de caresses de la part d’enfants ou d’étudiants. Par conséquent, les chiens américains ont tendance à être très extravertis et ouverts envers les étrangers. Plutôt que d’éviter l’approche d’un étranger, un chien américain a tendance à l’accueillir en remuant la queue. Les chiens français, cependant, ne bénéficient pas d’une telle attention. Quand des amis viennent, le chien n’est pas le sujet principal de la conversation et quand un chien est dehors en public, il est souvent ignoré par les passants. Par conséquent, lorsqu’un chien français est approché par un étranger, il est souvent beaucoup plus méfiant et réticent qu’un chien américain, qui peut courir saluer un étranger avant même que ce dernier ne vienne vers lui.

Enfin, il y a aussi le sujet des chiens bâtards. Bien que les Américains essaient de spécifier exactement de quel mélange de races leur chien pourrait être, ils mettent moins l’accent sur l’obtention d’un chien de race pure que les Français. Au contraire, l’adoption d’un chien abandonné est considérée comme la chose préférable à faire, car ces chiens sont dans le besoin et également moins susceptibles d’être consanguins. En revanche, les Français semblent avoir surtout des chiens qui de race spécifique, facilement identifiables. Ceci renvoie aussi à la façon dont on envisage de se procurer un chien. En France, on achète un chien. On va chez un éleveur ou dans un magasin qui a le type de chien qu’on veut acheter. A l’inverse, les Américains sont plus enclins à adopter. Même s’ils paient des frais, les Américains ne considèrent pas vraiment qu’ils achètent leur chien parce que l’accent est mis sur le sauvetage et l’idée de lui apporter une “maison pour toujours”.