Le bâtiment du département de langues étrangères, où je travaille.

Le bâtiment du département de langues étrangères, où je travaille.

J’ai commencé mon bénévolat au Lycée Raymond Naves en tant qu’assistant enseignant d’anglais il y a quatre semaines. Avec le temps toujours plus beau, le lycée devient un endroit vraiment agréable quand les fleurs poussent et que le soleil brille. J’y vais chaque mercredi matin pour rejoindre un groupe d’élèves et travailler avec eux sur un sujet qui est soit donné par la professeure (seules des femmes travaillent au département des langues étrangères) soit choisi par moi-même. En une heure, j’essaie de faire parler les étudiants en anglais autant que je peux, par n’importe quel moyen. Quand je reçois un groupe que je n’ai jamais eu, je commence la séance de cours avec une petite activité qui me permet d’apprendre leurs noms — mais aussi pour les faire parler un peu d’eux-mêmes en anglais. J’ai suivi l’exemple de madame Toux, qui, dès notre arrivée, nous a forcés à parler non seulement des petits détails de nos vies, mais aussi des choses auxquelles il faut vraiment réfléchir. J’ai demandé aux élèves de me dire quelque chose dont ils sont fiers, de me raconter, par exemple, une histoire drôle qui leur est arrivée. Les réponses ont été variées. Certains élèves ont répondu en disant « je sais pas » ou « pareil » quand je leur demande de me répondre, mais d’autres font vraiment un effort et essaient bien d’avoir une conversation dans une langue qui n’est pas leur langue maternelle.

L’autre grand bâtiment au lycée, où se trouve la salle des professeurs

L’autre grand bâtiment au lycée, où se trouve la salle des professeurs

Je suis toujours frappé par le sentiment d’être étranger. Bien entendu, c’est en partie parce qu’en tant qu’étudiant universitaire entouré par des lycéens, je suis l’étranger ; mais de plus, même si grâce au fait que je peux leur parler dans ma langue maternelle je me sens un peu plus à l’aise là-bas que dans les rues de Toulouse, je me sens peut-être davantage étranger à cette culture quand je suis là-bas. Parler sa langue maternelle avec d’autres qui peuvent la parler, mais pas très bien, donne le sentiment fort d’être étranger. C’est un sentiment qui est complètement différent des sentiments du même genre que j’ai déjà éprouvés à Toulouse, parce que celui-ci ne provient pas de mon immersion dans un pays et d’ un mode de vie complètement étrange, mais il vient de l’effort de rester inchangé, dans un certain sens, au milieu d’une culture étrangère. C’est-à-dire, dans ce milieu je m’expose aux autres comme quelqu’un d’étranger, et je communique avec eux d’une manière à laquelle je suis habitué — en anglais — et je me rends compte en le faisant que ceux avec qui je communique ne sont pas des locuteurs natifs. C’est comme si je venais d’arriver à Toulouse ; je connaissais bien le sentiment d’être inférieur aux gens que je croisais dans la ville en ce qui concernait ma capacité à m’exprimer en français, mais le sentiment de ne pas être à ma place à cause de mon aptitude en anglais était complètement nouveau à moi. C’était un autre aspect d’être étranger que je n’avais pas ressenti auparavant, et il fallait m’y habituer. Mais, que je me sente inadéquat en français ou surqualifié en anglais, j’aime la vie toulousaine, et mes expériences au lycée Raymond Naves ont certainement ouvert mon esprit et m’ont montré un côté fascinant de Toulouse.