-Olivia Weiner
À part de la passion évidente pour le bon vin et le fromage qui pue, les Français partagent un autre grand amour: la bonne conversation vivante. Même si je ne pouvais pas en témoigner (vu que mon niveau de français correspond mieux aux cours d’histoire médiévale qu’aux activités sociales habituelles), personne ne remet en question le bavardage et le chorus continu de «je blague!» («I’m kidding!») qui s’ensuivent de la rencontre des amis français. Mon hôtesse fait des dîners qui durent jusqu’à deux heures du matin, avec amis bavardant et «mourant de rire»–c’est une source de fierté, cette répartition de joie. Naturellement, je reste toujours en périphérie de cette culture, j’entends comme si j’étais suis sous l’eau.
En se baladant dans les rues, cependant, je découvre que cette vivacité a son bon moment–en particulier, entre des bons amis qui se papotent. Bien qu’ils adorent bavarder, il me semble que les Toulousains n’ont aucune objection au silence et à la solitude. Chez moi je vois des Américains faire défiler leurs Smartphones et se jeter un coup d’œil d’une manière nerveuse dans le silence des transports publics. À Toulouse, par contre, je regarde autour de moi dans le métro et je vois des gens regarder le sol et leurs genoux, et pas leurs portables. Des personnes seules fréquentent les cafés en ville; ils prennent un verre, ils regardent autours d’eux, ils sont à l’aise. C’est admirable, mais je vois aussi les indices d’une dépendance plus importante chez les Français à l’égard d’une bonne distance des inconnus.
J’observe que les maisons ici se situent souvent derrières des murs, des portails et d’une série des portes, que les portes des bureaux et les volets sont fermés. La socialisation a aussi sa propre architecture. Dans mes cours à l’Université de Toulouse 2 – Jean-Jaurès il faut que je me présente dans un français incertain à l’étudiant réservé qui s’assoit à côté de moi. Quelques personnes que j’ai rencontrées en soirée m’ont dit que nous les Américains, nous sommes très ouverts et enthousiastes de partager nos histoires avec les inconnus. Je me rappelle le premier jour des cours à l’université aux États-Unis où nous nous sommes tous présentés – étudiants et professeur – au début du cours. Je crois qu’il a à voir avec, d’une manière ou d’une autre, le sentiment de venir d’arriver, le sentiment d’être toujours l’inconnu. C’est pourquoi la langue anglaise devient un dénominateur commun, la base de communication entre une myriade de personnes.
Après mon effort initial, je trouve que l’étudiant réservé répond en souriant, avec gentillesse et curiosité. Je trouve que les Toulousains sont aimables et accueillants, mais qu’ils ne s’approchent pas de moi. La joie de bavarder et de se connecter, et être l’aise dans le silence et la solitude: je crois que les deux ont comme origine un sentiment d’appartenance concrète. Même si en ce moment j’écoute aux portes, le rire de l’autre côté promet quelque chose de vraiment beau.
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