Un article de Lydia Grulke, Maya Torres Colom, Catherine Biglaiser et Marceline Chiwengo

La France et les États-Unis ont des cultures différentes, mais ils sont liés par l’idée qu’on peut manifester pour changer le pays. Mais en pratique, les citoyens n’ont pas les même avis sur comment et pourquoi on manifeste. Les manifestations ne sont pas une grande partie de la culture aux États-Unis, les français ont une plus longue histoire des manifestations et révolutions. Entre les deux pays, il existe de grandes différences. Avec les médias, les manifestations sont reportées plus négativement aux États-Unis par rapport à la France, et les citoyens pensent plus mal aux manifestants. Ça contribue à une volonté pour les français de demander des choses du gouvernement pour améliorer leur système de vie. Les manifestations sont essentielles pour avoir des citoyens heureux, et pour éviter un gouvernement corrompu.

Les manifestations à l’université

Dès mes premières minutes à l’UT2J, j’ai senti une différence drastique avec mon expérience universitaire aux États-Unis. La présence des manifestations et grèves à l’université a été quelque chose que j’avais prévu. Dans les médias, le stéréotype des français combattants et manifestants est si présent. Mon premier jour à l’université, je suis arrivée à l’Arche pour mon rendez-vous avec le bureau ASK pour les étudiants internationaux. Lorsque j’ai vérifié les directions sur Google Maps, un étudiant m’a donné une brochure pour une conversation avec un avocat d’immigration par rapport à la nouvelle loi et l’information des manifestations qui auront lieu à Toulouse comme réaction. Après ma réunion à ASK, je me suis baladée autour du campus pour arriver à un autre bâtiment où j’ai reçu ma carte étudiante. Dans cette petite promenade, j’ai vu plusieurs pancartes avec information d’activisme des étudiants. Bien que ça a choqué pendant mes premières minutes à l’université française, c’est devenu de plus en plus habituel.

Presque tous les jours, je vois un groupe d’étudiants avec des flyers ou brochures pour repartir aux autres. Chaque fois que quelque chose de nouveau est arrivé en France, les étudiants activistes ont le réflexe de réagir avec une manifestation s’ils ne sont pas d’accord. De plus, il semblerait que l’administration de l’université ne fait rien pour prévenir ou combattre ces manifestations. A WashU, la culture des manifestations diffère grandement. Il est possible que ceci arrive comme les universités sont complètement différentes. WashU est une institution privée avec que 7,000 étudiants. De l’autre côté, UT2J est une grande université publique avec environ 20,000 étudiants. Il est très rare de voir des étudiants avec flyers ou brochures. Ainsi, l’administration supprime les grandes pancartes. L’administration doit apaiser l’activisme sur le campus pour protéger ses intérêts économiques avec les donateurs et les entreprises contre lesquels les étudiants combattent. D’autre part, plusieurs étudiants ont des endroits dans les cours, dans les extra-curriculaires ou plus casuellement de partager leurs mécontentements. Cependant, les organisations des activistes n’existent pas. Ainsi, la frustration arrive simultanément aux manifestations. Ceci s’aggrave quand on considère l’histoire d’activisme entre les étudiants des années 1960s avec les droits civils et la guerre au Vietnam. Le seul événement récent qui a déclenché des manifestations plus importantes aux États-Unis est le conflit actuel à Gaza. Il y a des grandes manifestations dans tous les coins des États-Unis surtout aux universités.

Bien que la culture soit complètement différente aux États-Unis, cela me rappelle à l’université de Porto Rico. La grande université à Porto Rico est aussi publique comme Jean-Jaurès. Dès que j’étais petite, j’ai entendu des nouvelles par rapport aux grèves et manifestations dans l’université. La lutte des étudiants contre les injustices sociales arrive fréquemment. C’est assez commun que sur la radio les commentateurs politiques prévoient des manifestations et grèves dans l’université quand des lois sont passées. Pour beaucoup d’étudiants, la culture des manifestations et grèves est positive et fait une grande partie de son expérience académique. Cependant, les grevés particulièrement posent des problèmes en tant que registre des cours et finir le diplôme dans le temps prévu pour d’autres. Plusieurs portoricains méprisent les manifestations universitaires à cause des interruptions qu’elles causent. Mais, comme en France, les étudiants ne s’arrêteront jamais. 

Les manifestations et Les médias

Alors que je me trouvais au milieu des rues animées de la manifestation des agriculteurs français à l’Esplanade Compans Caffarelli, les images et les sons qui m’entouraient dressaient un tableau vivant de l’activisme dans un pays étranger. Le vacarme des machines, les chants de protestation et même l’odeur âcre du fumier dans l’air frais: tous étaient autant de rappels des contrastes frappants entre les cultures de protestation en France et aux États-Unis.

Ayant grandi aux États-Unis, je m’étais habituée à un certain récit entourant l’activisme, souvent centré autour du monde numérique. Les plateformes de médias sociaux sont devenues des outils puissants pour amplifier les voix, mobiliser le soutien et susciter des conversations sur des questions urgentes. Il n’est pas rare de voir des amies et des connaissances changer leur photo de profil pour soutenir une cause, partager des publications pour sensibiliser ou même contribuer à des campagnes de financement participatif pour renforcer des initiatives auxquelles elles croient. Le paysage numérique sert de place virtuelle, où des individus de milieux divers se réunissent pour se rallier derrière des idéaux communs et provoquer le changement.

Cependant, alors que j’étais plongée dans la scène de la manifestation française, je ne pouvais m’empêcher de remarquer une dynamique différente à l’œuvre. Bien que les médias sociaux jouent sans aucun doute un rôle dans l’organisation et la diffusion d’informations, leur importance semblait pâlir en comparaison de ce à quoi j’étais habituée aux États-Unis. Ici, l’accent était davantage mis sur la présence physique et l’action directe, les rues elles-mêmes servant de principal arène pour exprimer des opinions et provoquer le changement.

L’approche française de l’activisme puise ses racines dans une riche tradition d’action collective et d’engagement civique, où le fait de descendre dans la rue est perçu comme une expression puissante de citoyenneté. Des manifestations menées par des étudiants en mai 1968 au mouvement plus récent des Gilets Jaunes, les Français ont une longue histoire de mobilisation des manifestations publiques et des blocages comme moyen de faire entendre leur voix.

Cette importance accordée à la protestation physique reflète une éthique culturelle plus large, qui privilégie l’engagement direct et les démonstrations tangibles de solidarité. En France, la notion de bloquer les routes et de décorer des bâtiments emblématiques de fumier en guise de protestation n’est pas seulement un geste symbolique, mais une manœuvre stratégique visant à perturber le statu quo et à obliger les autorités à confronter les problèmes en cours.

En revanche, aux États-Unis, où les tactiques perturbatrices comme les blocages sont souvent accueillies avec moins de tolérance en raison des inconvénients potentiels qu’elles posent, la dépendance aux médias comme plateforme de protestation devient de plus en plus évidente. Compte tenu des complexités sociétales et économiques d’un pays profondément intégré au commerce et à la coopération mondiaux, les actions perturbatrices pourraient avoir des conséquences étendues, affectant non seulement les systèmes nationaux, mais aussi les relations et les économies internationales.

Les approches contrastées soulignent les attitudes culturelles divergentes à l’égard de la protestation et de l’activisme, façonnant les stratégies employées par les citoyens pour provoquer le changement dans leurs sociétés respectives. Que ce soit par la solidarité virtuelle ou la protestation physique, les gens à travers les frontières trouvent des moyens de faire entendre leur voix et de pousser pour un monde meilleur. Et tandis que je navigue à travers le réseau complexe de l’activisme dans différents coins du globe, je suis rappelée du pouvoir de l’action collective pour transcender les frontières et apporter un changement significatif.

La culture de la grève

C’était un mardi matin comme tous les autres, quelques semaines seulement après mon séjour à Toulouse, et la ville bourdonnait d’annonces concernant une grève généralisée des enseignants. J’ai été surpris d’entendre parler d’une autre manifestation organisée, quelques jours seulement après que les paysans des campagnes aient envahi les rues avec les tracteurs, klaxonnant, exigeant des réformes environnementales et économiques pour protéger la petite agriculture. La France est connue pour sa propension à la résistance organisée comme forme de participation démocratique via des manifestations perturbatrices ou des grèves prolongées. Cependant, il était tout de même assez frappant d’en être témoin, et surtout de voir comment les manifestations fonctionnent dans le contexte de la vie quotidienne des gens.

J’ai appris plus tard que les enseignants faisaient grève pour protester contre une législation émergente qui diviserait les élèves en trois groupes distincts en fonction de leur niveau évalué en français et mathématiques. L’intention proposée de cette législation est d’essayer de lutter contre les mauvais résultats scolaires des élèves du lycée. Par contre, les enseignants affirment que cela ne fera que désavantager les élèves marginalisés et aggraver les inégalités sociales et éducatives. Ils réclament également de meilleures conditions de travail, citant les difficultés liées aux classes surchargées et aux remplacements d’enseignants inadéquats.

Dans mon état d’origine, la Caroline du Nord, nous avons un syndicat d’enseignants publics très actif en raison de notre investissement extrêmement conservateur dans l’enseignement public et de notre salaire d’enseignant qui se classe parmi les plus bas d’états. J’ai été témoin de plusieurs grèves d’enseignants au cours de mes études primaires et secondaires. Pourtant, comparé à ici en France, les grèves des enseignants sont rares, la participation syndicale est minimale, et les initiatives sont beaucoup moins susceptibles de conduire à une véritable réforme politique.

Pour tenter de découvrir les racines de cette dismilitude culturelle, j’ai décidé de faire quelques recherches sur le phénomène de la grève français. J’ai trouvé un mélange d’explications concernant les fondements révolutionnaires de la cinquième république, une culture générale de scepticisme et une structure juridique et politique qui privilégie la participation syndicale. La démocratie française s’est construite de manière complexe au fil des siècles et de plusieurs révolutions. Alors, naturellement, la culture française valorise la protestation et le changement, car ils sont profondément ancrés dans leur histoire révolutionnaire. En outre, il existe des protections fortes judiciaires pour le droit de manifester. Avec des décennies de précédent, les manifestants bénéficient de voies juridiques claires pour une action collective.

La distinction la plus intéressante que j’ai trouvée était la différence entre la protection des travailleurs organisés (syndicats) en France et aux États-Unis. En France, les syndicats bénéficient d’une infrastructure légale qui les protège contre les représailles. De plus, les grèves sont considérées comme une tactique de négociation culturellement légitime. En revanche, les syndicats aux États-Unis bénéficient d’une protection légale beaucoup plus faible et sont confrontés à un climat politique et à une culture qui diabolisent les syndicats comme étant anticapitalistes.

Bien que la France bénéficie de protections légales plus robustes pour les manifestants, notamment pour les travailleurs organisés, j’ai récemment découvert un autre décalage culturel entre la France et les États-Unis. Alors que j’observais de loin les manifestations dans les universités de tout le pays en soutien à la Palestine et condamnant leurs universités et leur gouvernement pour leur rôle dans le financement du génocide, j’ai été choqué de ne pas voir de manifestations similaires dans les universités ici en France (sauf un ou deux exemples exceptionnel). Cependant, après des recherches approfondies, j’ai appris que le soutien public à la Palestine est illégal, souvent qualifié de discours de haine. En tant qu’Américain, cela m’a choqué. Le droit à la liberté d’expression aux États-Unis est l’un des piliers les plus valorisés de la démocratie américaine. Bien qu’il fasse toujours l’objet de débats quant au degré de soutien légal à la liberté d’expression, il est difficile d’imaginer que le gouvernement américain interdit un sujet de manifestation.

Conclusion

Les différences entre la France et les États-Unis sur le sujet des manifestations est quelque chose de culturel. Il y a des façons différentes de protester, par exemple les agriculteurs et les étudiants. En France, on voit les manifestations comme une façon pour des groupes de faire connaître leurs doléances. Par exemple, les étudiants faisant plus de graffitis et brochures que les étudiants des États-Unis. Beaucoup de français peuvent sympathiser avec les manifestants, quelque chose qui peut-être contribué à la culture de manifestation en France. Les médias reportent les manifestations d’ une façon plus sympathique en France, pendant qu’aux Etats-Unis on pense plus négativement aux manifestants. Les étudiants en France sont aussi plus actifs politiquement, comme aux Etats-Unis il n’y existe pas beaucoup de graff sur les campus universitaires. Tout le monde a de nombreuses raisons pour manifester, mais les manifestations sont plus facilement réalisables en France.