Vivre au XXIème siècle, c’est tenter tant bien que mal de réduire notre empreinte carbone, c’est chercher à consommer moins et mieux. De par un système capitaliste, les États-Unis sont l’un des plus grands consommateurs du monde : en moyenne, chaque Américain jette 1,8 kilos de déchets par jour. Pour nombre d’entre nous, réduire ses déchets et économiser de l’énergie sont des objectifs que nous cherchons à atteindre quotidiennement, mais cela demande de véritables efforts et des habitudes de consommation responsables. Bien que la France ait aussi un système économique plutôt capitaliste, les Français mettent en place des habitudes quotidiennes plus évidentes afin de réduire leur consommation d’énergie et leurs déchets. Notre article a pour but d’examiner les différences culturelles entre France et États-Unis en ce qui concerne leurs habitudes écoresponsables. Nous évoquerons l’ironie quant au fait que les Américains dépensent plus (d’argent) pour être plus écoresponsables, tandis que les Français dépensent moins pour être plus écoresponsables. Nous explorerons les différentes approches à l’écologie dans les deux pays ainsi que les différences dans la vie de tous les jours concernant les habitudes de consommation.

? Passer au Vert avec les Transports

Certaines villes en France, notamment celles qui ont une grande population, ont des systèmes de vélos en libre-service, souvent surnommés Vélib’ à l’oral : c’est un programme public qui permet d’emprunter un vélo. Les vélos, selon la ville, sont manuels ou électriques. Le programme de vélo partagé est plus ou moins accessible: en général, il y a des options de paiement à l’heure, à la semaine ou à l’année qui le rendent accessible aux habitants locaux ainsi qu’aux touristes. La pléthore de vélos et de stations de vélo permet de réduire les émissions de gaz à effet de serre créées par des voitures. 

Les bus en France sont électriques ou roulent au gaz naturel au lieu de rouler à l’essence traditionnelle. Il y a de nombreux arrêts de bus dans la ville, avec des arrivées de bus toutes les cinq à quinze minutes, selon la ligne concernée. De façon semblable aux vélos, il y a des moyens de paiement variés et les tarifs abordables (surtout à Toulouse) encouragent la population à prendre le bus ou les vélos parce qu’ils constituent des moyens de transport en commun fiables et rapides. La fréquence des bus, les nombreux arrêts et le fait qu’ils soient électriques mettent en évidence la décision en France de préserver l’énergie.

De plus, les voitures électriques sont plus abordables : à la FNAC, le célèbre magasin d’appareils électroniques et de livres, il y a une voiture qui s’appelle la Citroën Ami : c’est une petite voiture électrique avec deux places avec des paiements à partir de 19 euros par mois. La France propose une grande diversité de voitures électriques, allant de modèles basiques à des modèles de luxe.

L’utilisation des transports en commun aux États-Unis est plus faible par rapport à celle de la France. Bien que des options de transport comme les bus, les trains, les métros et les tramways existent aux États-Unis, leur utilisation est réservée aux zones urbaines densément peuplées avec les ressources et les infrastructures nécessaires pour les accueillir : une étude d’avril 2021 montre que 70 % des usagers des transports publics des États-Unis habitent l’une des sept plus grandes régions métropolitaines du pays. Dans l’ensemble du pays, cependant, les gens utilisent rarement les transports en commun (par rapport aux grandes régions métropolitaines) : en 2019, seulement environ 5 % de tous les travailleurs aux États-Unis ont choisi les transports en commun pour leurs trajets. Mais sur une note plus positive, de nombreux Américains choisissent le vélo pour se rendre au travail, réduisant ainsi leurs émissions carbone et les programmes de covoiturage deviennent de plus en plus populaires dans les villes des États-Unis. Pourtant, 75,9 % des personnes se déplaçant pour leur travail aux États-Unis ont choisi de conduire seuls dans leurs véhicules personnels. Cela montre que la planification urbaine américaine donne fortement la priorité aux voitures par rapport aux vélos ou aux piétons. Avec les larges routes du pays, les autoroutes facilement accessibles et la culture sociale entourant la propriété automobile, l’automobile a clairement la mainmise sur les trajets et la culture américaines. Cette hiérarchisation est directement liée à la popularité des automobiles dans le pays au cours du siècle dernier.

?Passer au Vert Chez Soi

À la maison, les Français économisent l’énergie au quotidien. Dans la plupart des foyers, il n’y a pas de sèche-linge. Au lieu de cela, les Français font sécher leurs vêtements à l’air libre. Cela réduit considérablement la consommation d’énergie d’un logement, surtout lorsque de nombreux domiciles adhèrent à cette norme.

En outre, de nombreux appartements et maisons ne sont pas équipés de la climatisation. En été, les Français ouvrent leurs fenêtres pour permettre à un courant d’air de traverser la maison afin de la rafraîchir le soir, toute la nuit, jusqu’au matin. Le matin, ils ferment les fenêtres et les volets afin que le soleil ne pénètre pas à l’intérieur pour réchauffer la maison. Cette méthode s’est avérée efficace pendant plusieurs générations, mais aujourd’hui, avec l’augmentation de la température dans le monde du fait du réchauffement climatique, elle s’avère de plus en plus problématique. À la maison, une autre tendance culturelle consiste à éteindre les lumières lorsque personne n’est dans la pièce ou lorsqu’on la quitte. Souvent, on monte les volets pour profiter de la lumière naturelle afin de réduire la consommation d’énergie dans la maison. 

En ce qui concerne la consommation d’eau, les toilettes ont deux boutons : le plus petit permet de tirer la chasse d’eau moins longtemps et le plus grand de tirer la chasse d’eau plus longtemps. Sous la douche, les Français prennent des douches courtes ; la douche est considérée comme un moyen de se nettoyer plutôt que comme un moment de détente. En outre, de nombreuses personnes ferment l’eau de la douche pendant l’application du shampooing ou du gel douche et ne remettent l’eau que pour se rincer. Ces habitudes de réduction de la consommation d’énergie et d’eau conduisent à un taux de consommation d’énergie plus faible à l’échelle nationale.

En revanche, vivre de manière “écologique” aux États-Unis est une affaire coûteuse. Ceux qui en ont les moyens installent souvent des panneaux solaires sur leur toit, équipent leur maison de la technologie “smart home” ou achètent une Tesla électrique. Bien que ces actions réduisent l’empreinte carbone et soient plus durables, elles sont beaucoup trop coûteuses dans leur état actuel pour devenir la norme. Passer au vert, bien qu’il s’agisse d’un objectif incroyablement important, est devenu une tendance aux États-Unis pour les quelques privilégiés qui peuvent se le permettre. La culture sociale américaine n’a pas adopté les attitudes nécessaires pour réduire la consommation de manière abordable. Bien qu’il existe des actions quotidiennes qui pourraient être prises, comme des douches plus courtes, une utilisation moindre de la climatisation et du chauffage, la réduction de la conduite des véhicules personnels et la diminution des repas au restaurant, de nombreux Américains ne sont pas prêts à changer leur vie pour le bien de la planète.  

En France, les aliments sont cultivés différemment. Il existe des pratiques plus durables, comme la diminution des hormones chez les animaux et des pesticides sur les plantes. Leurs pratiques de conservation des aliments sont plus économes en énergie. Au lieu de mettre les aliments chauds dans le réfrigérateur, ils les laissent reposer jusqu’à ce que leur température baisse, afin que le réfrigérateur n’ait pas à travailler plus pour refroidir la température interne des plats. L’approche des Français en matière de conservation de l’énergie et des aliments permet de réduire considérablement leur consommation.  

Les pratiques de durabilité à la maison aux États-Unis, en particulier celles qui concernent l’alimentation, sont insuffisantes par rapport à celles de la France. Alors que le monde entier gaspille environ 1,4 milliard de tonnes de nourriture par an, l’Amérique est le plus grand contributeur à ce chiffre avec près de 40 millions de tonnes par an. On estime que ce chiffre représente entre 30 et 40 % de l’approvisionnement alimentaire du pays. Les causes du gaspillage alimentaire extrême sont complexes, mais la mauvaise compréhension des dates de péremption est un facteur important : plus de 80% des Américains jettent de la nourriture qui pourrait être consommée par peur d’intoxication alimentaire. De plus, les portions dans les restaurants aux États-Unis sont excessives et ont doublé voire triplé au cours des vingt dernières années. Bien sûr, ceci participe à l’étendue des gaspillages alimentaires, d’une part par les restaurants, d’autre part via le fait que les restes ramenés chez soi finissent souvent à la poubelle et ne sont donc pas utilisés.

L’abondance des fast-foods aux États-Unis joue un rôle majeur dans le gaspillage alimentaire mais aussi dans l’utilisation excessive d’emballages plastiques et papiers. Cela inclut les contenants à emporter, l’utilisation excessive d’emballages et un manque de matériaux recyclables. Même les emballages qui pourraient être recyclés sont souvent jetés aux ordures. Pour un pays avide d’argent tel que les États-Unis, il apparaît surprenant que l’industrie de la restauration rapide néglige l’économie de 11 milliards de dollars que représenterait le simple fait de recycler leurs emballages.

Même si la restauration rapide aux États-Unis contribue lourdement à la destruction de notre planète, nombreux sont ceux qui y ont recours en raison de leurs prix imbattables. L’achat de produits biologiques ou écoresponsables aux États-Unis est en moyenne 47% plus cher que l’achat de leurs équivalents conventionnels. Ces prix reflètent bien sûr les exigences plus élevées en termes de bien-être animal, d’attention portée aux pesticides, et d’absence d’OGMs. De nombreux Américains aimeraient manger plus responsable, mais ce n’est tout simplement pas permis par leur budget.

?Le mot de la fin

Les objectifs de conservation français et américains atteignent des buts similaires avec des motivations différentes. En observant les habitudes de conservation françaises par le biais de la vie en famille d’accueil et de la vie à Toulouse, il est clair que les Français mènent une vie synonyme de conservation, indépendamment du gain social. Cela diffère grandement des idées américaines sur la conservation.

Aux États-Unis, un grand nombre de choix écologiques ont un coût élevé ou suivent les “tendances” actuelles. La conservation est moins une décision respectueuse de l’environnement qu’un moyen de continuer à se présenter comme une tendance. Cela est dû en partie au prix de l’énergie dans chaque pays. L’essence, par exemple, est très différente aux États-Unis et en France. En France, un gallon d’essence coûte $6,21 USD. Le prix d’un gallon aux États-Unis est en moyenne de $4,09 USD. Bien que les prix de l’essence fluctuent, ces moyennes montrent la différence de près de deux dollars dans un gallon d’essence entre les deux pays. Il est plus coûteux financièrement de conduire en France, et la culture de la conduite automobile est donc beaucoup moins apparente.

Parmi les autres pratiques quotidiennes liées à la conservation, citons la réduction des déchets alimentaires. Les États-Unis sont connus pour leurs grandes portions et leurs excès de consommation, ce qui est moins le cas en France. On trouve des portions plus petites dans les restaurants, ce qui permet de réduire le gaspillage alimentaire dans son ensemble. À la maison, économiser la nourriture est extrêmement important. Le fait de dîner dans un foyer français a permis de constater que les Français font tout pour minimiser le gaspillage alimentaire, qu’il s’agisse de conserver les dernières bouchées de pâtes du dîner ou de remettre dans le réfrigérateur un citron qui n’a pas été complètement pressé.

De plus, les pratiques de compost diffèrent aux États-Unis et en France. Aux États-Unis, une machine à compost intérieur/automatique peut coûter jusqu’à $400 USD. S’il est possible de créer son propre système de compostage dans son jardin, cela prend du temps et nécessite des recherches et des matériaux que de nombreux Américains ne sont pas prêts à se procurer. Certains États ont mis en place des initiatives de compostage, mais les États-Unis varient beaucoup d’un État à l’autre en matière d’efforts de compostage. En France, plus précisément à Toulouse, la ville finance des initiatives de compostage. La ville finance une installation de compostage en plein air, qui coûte entre 15 et 25 euros. Ce niveau de conservation est devenu un véritable réflexe en France, et il a certainement fallu un certain temps pour s’y adapter en tant qu’Américaine.

Les pratiques de conservation font partie de la routine quotidienne, et sont moins associées à la nécessité d’acheter plus en France. Aux États-Unis, il est courant pour les gens d’acheter pour économiser (paradoxalement): qu’il s’agisse de l’achat du dernier modèle Tesla, d’une machine à compost fantaisie (et hors de prix) ou de la modernisation des appareils électroménagers pour les rendre plus “intelligents”, l’environnementalisme a presque toujours un prix. La France semble prendre des mesures plus petites, plus quotidiennes, pour mener une vie globalement ancrée dans la conservation, sans avoir à acheter le dernier gadget pour y parvenir.