Langue, Apprentissage, et Unité
Description
Pendant le semestre, j’ai beaucoup appris sur mes camarades de classe. Certains ont des enfants, d’autres sont dans la trentaine. Mais ce qui m’a le plus intéressé, c’étaient les raisons pour lesquelles nous suivons ce cours. Certains poursuivent des doctorats, d’autres sont journalistes, et beaucoup ont différents objectifs de vie. À mesure que chacun partageait un peu de lui-même, j’ai réalisé que chaque histoire partagée était inattendue. La narrative qui m’a vraiment marqué était celle de mon amie Elif, journaliste et réfugiée politique. La conversation a commencé quand elle m’a demandé pourquoi et pour combien de temps je restais en France. J’ai répondu que c’était pour un semestre et pour l’opportunité. Quand je lui ai posé la même question, elle a répondu qu’elle restait en France depuis au moins 10 ans car elle ne peut pas rentrer chez elle. Elle est arrivée ici sans connaître la langue. Nous avons discuté de la difficulté d’apprendre une langue et de la frustration de vouloir parler et communiquer, mais de ne pas pouvoir le faire à cause du niveau de langue. Quand on essaie de parler, on a l’impression qu’une grenouille est coincée dans la gorge, et il semble que les mots nous échapperont toujours car on ne se rappelle pas s’il faut utiliser ‘des’ ou ‘les’, ou si un mot est féminin ou masculin.
Interpretation
Dans ce moment, j’ai réalisé que j’avais mis moi-même et tous mes camarades de classe dans une catégorie, uniquement en raison de notre niveau de maîtrise de la langue. Nous étions dans des classes DEFLE spécifiquement destinées à l’apprentissage du français. Notre niveau était A2, essentiellement élémentaire. Nous avions des cahiers et des classeurs avec toutes les notes dont nous avions besoin pour le chapitre, tandis que tout le monde à l’université devait écouter et écrire. Pourtant, passer un semestre avec mes camarades de classe était plus que suffisant pour montrer que le niveau de langue ne détermine pas les capacités. Le premier jour, mon professeur a dit : “Il n’y a pas de mot parfait. Il n’existe pas.” Et il avait raison. Malgré la variation de notre vocabulaire, nous pouvions rire, sourire et apprendre ensemble dans cette classe. Nous avons créé des liens autour de l’idée qu’il y avait un terrain d’entente entre nous tous. Nous avons tous compris, à un niveau personnel, la vulnérabilité d’apprendre une nouvelle langue, et à travers cela, nous avons trouvé des points communs.
Evaluation
Je pensais que la langue équivalait au pouvoir. Parler la langue dominante garantit que votre voix est entendue et que vos appels ne tombent pas dans l’oreille d’un sourd. Lorsque vous partagez la même langue, il suffit d’être le plus bruyant pour se faire entendre. Cela crée une urgence à progresser à un rythme exponentiel et peut être décourageant lorsque vous ne répondez pas à ces attentes. Apprendre une langue est extrêmement humble et difficile. Les personnes de ma classe ont compris cela et grâce à cette compréhension, une forte solidarité s’est formée. La frustration que je ressentais lorsque je ne comprenais pas a été atténuée par l’aide que j’ai reçue de mes camarades de classe, car nous nous sommes enseignés mutuellement ce que nous ne comprenions pas. Cela a été l’une des expériences les plus belles pendant mon séjour en France.