Ce semestre à Toulouse, les étudiants du groupe Dickinson en France viennent de tous les coins des États-Unis, plus précisément de l’Ohio, de la Pennsylvanie, de New York, du Maryland, de la Californie.  Plusieurs étudiants internationaux sont également présents ce qui apporte un large spectre de point de vue en cours et lors des discussions en petits groupes. Un sujet que nous trouvons particulièrement intriguant est la comparaison entre l’éducation française et américaine. Au cours de ce court journal, nous expliquerons ces différences à travers des expériences personnelles.   

Depuis le début de la COVID au début de l’année 2020, mon point de vue sur les aménagements académiques a radicalement changé. Jusqu’au présent, j’ai eu à suivre des cours en ligne tout en vivant sur le campus de mon université. Je me suis toujours sentie soutenue par l’université de Dickinson et je n’ai jamais pensé à comment les autres établissements mettent en place leurs emménagements pédagogiques, ou, même, à la façon dont les universités d’autres pays le font. En fait, pendant l’automne 2020, alors que je suivais des cours entièrement en ligne, je n’ai jamais ressenti le besoin de discuter avec mon professeur de mes aménagements pédagogiques, car les normes relatives aux examens, aux interrogations et aux devoirs à rendre avaient complètement changé. Les examens en personne, longs et supervisés, se sont transformés en examens à notes ouvertes, d’une durée de plus de 48 heures, avec parfois même des options de points bonus.   

LES AMMENAGEMENTS PEDAGOGIQUES  

Au cours de ma première semaine à Sciences Po Toulouse, j’ai immédiatement réalisé que je n’étais plus dans une petite université américaine d’arts libéraux. Les attentes à l’égard des étudiants et de leur travail tout au long du semestre étaient plus ambiguës que la méthode américaine. Je ne savais pas qu’il pouvait exister une absence de mesures de soutien à l’apprentissage dans une université française comme celle-ci. Néanmoins, j’ai pu travailler avec le centre Dickinson pour parler à mes professeurs si un problème survenait. Heureusement, j’ai trouvé que les professeurs étaient extrêmement accommodants. Je pense c’est parce que la COVID a modifié les méthodes d’apprentissage, ce qui a fait évoluer les normes d’un système éducatif peut-être plus strict comme celui de la France. La plupart des professeurs eux-mêmes semblent avoir profité de la flexibilité sur les tests et du temps de classe que la COVID a donné au monde de l’éducation. Bien que cela profite aux personnes qui ont besoin d’une aide supplémentaire pour apprendre, j’espère que ces changements de normes resteront et seront même appliqués à des personnes qui n’ont pas de difficulté d’apprentissage particulière.  

AUTONOMIE ET SUIVIT DES ETUDIANTS  

Les cours en France ainsi que le travail demandé par les professeurs sont un énorme ajustement par rapport à ce à quoi nous sommes habitués aux Etats-Unis. Le système français est bien connu pour sa difficulté de ses cours, et la sévérité des professeurs et du travail en général. Nous, en tant qu’étudiants, ne savions pas ce que cela signifiait réellement. Aux Etats-Unis, nous étions habitués à recevoir une grande quantité de travail, avec parfois l’impression qu’il n’y avait pas assez d’heures dans la journée pour faire le travail. Ici, en France, nous avons plus de cours qui durent plus longtemps. Normalement, chaque classe est une fois par semaine et rarement 2 fois par semaine et peut durer entre 1h30 et 3 heures. Les professeurs donnent rarement du travail à rendre, il y a généralement de gros devoirs tout au long du semestre basé sur le travail fait en cours. La plupart des cours sont basés sur des conférences et non sur des discussions en classe, venant d’un art libéral comme Dickinson, cela a demandé un énorme ajustement.   

Les étudiants français sont également plus habitués à travailler sur leurs devoirs tout au long du semestre. Ils savent aussi comment préparer les dissertations qui leur seront remises à la fin du semestre. Par conséquent, même s’il semble qu’il n’y ait pas beaucoup de travail à faire au quotidien, les étudiants français étudient et préparent en continue leurs grands travaux de manière indépendante. C’est la norme dans le système éducatif français, de même que les règles strictes qu’ils appliquent en matière de travail à fournir. La dissertation est l’un des devoirs qui décrit le mieux le système français : elle est rigide, stricte et doit être réalisée d’une certaine manière. Il a été surprenant de constater qu’à la fin du semestre, les étudiants doivent réfléchir à ce qu’ils ont fait et rédiger une dissertation sur un sujet choisi par un professeur sur la base des supports de cours du semestre.    

L’EXPERIENCE DE LA MOBILITE A L’ETRANGER  

Les Américains à l’étranger en France interagissent avec de nombreux étudiants du monde entier, la plupart d’entre eux faisant partie d’un programme européen d’échange appelé Erasmus. Ce programme est présenté comme un échange culturel et un moyen d’obtenir des crédits dans son université locale. Erasmus est financé par des institutions qui intègrent la Commission européenne et, en retour, les étudiants reçoivent des allocations mensuelles pour vivre. L’objectif global du programme est de permettre aux étudiants d’apprendre d’autres cultures et d’acquérir des expériences internationales dans le cadre de leurs études. Il est clair que de nombreux étudiants profitent du programme Erasmus et participent à cet échange culturel, étant donné que cette expérience est souvent attendue par leur université, ou par le système éducatif. Contrairement aux États-Unis, où étudier à l’étranger est considéré comme un privilège plutôt que comme une attente. Il existe des possibilités d’étudier dans différents pays, mais l’accessibilité à ces programmes est très variable selon l’université. Il est clair que les étudiants des États-Unis et les étudiants européens connaissent des niveaux de mobilité différents au cours de leurs années universitaires. Les universités européennes bénéficient de la proximité et de l’accessibilité du continent, ainsi que des relations bilatérales entre de nombreuses nations.  

Le programme Erasmus permet aux étudiants de faire l’expérience des échanges culturels et de la mobilité entre pays de manière immersive. Les étudiants bénéficient d’un soutien financier, dans une certaine mesure, ainsi que des aides du programme pour le logement et l’éducation. L’échange éducatif n’est peut-être pas très différent de celui de leur pays d’origine, mais il leur permet de découvrir de nouvelles normes, d’autres langues et un autre mode de vie quotidien à un jeune âge. Les étudiants universitaires aux États-Unis n’ont pas le même accès à la mobilité, c’est pourquoi il faut souvent prévoir d’étudier à l’étranger avant de choisir une université. Ce n’est pas toujours le cas, mais comme les universités diffèrent largement dans leur accès aux programmes d’études à l’étranger, cela signifie souvent que les étudiants ne peuvent pas planifier à l’avance ces opportunités. Bien que les étudiants américains ne fassent pas toujours l’expérience de la mobilité au cours de leurs années d’études, il est fréquent qu’ils suivent un programme en dehors de leur pays/région d’origine. Cela signifie qu’ils peuvent faire l’expérience d’un changement culturel, même si ce n’est pas aussi radical que de se retrouver dans un autre pays. Les étudiants des nations européennes ont accès aux universités situées à proximité de leur région d’origine et, grâce au programme Erasmus, ils ont accès à une pléthore d’écoles en dehors de leur université locale.  

LA STRUCTURE DES UNIVERSITES ET L’ENSEIGNEMENT  

Tous les étudiants du programme de Dickinson du semestre d’automne 2021 suivent les cours à Toulouse Science Po. Bien que cette université soit proche de Toulouse Capitole Université 1, la structure du campus est limitée à un immeuble de quatre étages. La plus grande question que l’on nous pose est celui « des grands campus américains. » Il fait référence aux grandes pelouses vertes et aux grandes salles de classe dans les immeubles différents sur un terrain spécifique. En France, ce n’est pas le cas, comme montrer par le campus de Science Po. Faute de place dans le bâtiment, les étudiants internationaux ont suivi les cours à distance. Le campus offre un petit café dans le même immeuble, mais la bibliothèque et la cafétéria font une partie de UT1 à l’autre côté de la rue. En comparaison avec le campus de Dickinson et celles d’États-Unis, il est difficile de qualifier Science Po de « campus » selon les termes américains. Cependant, en France c’est un vrai campus, même si de plus grands campus comme Jean Jaurès et UT1 existent.  

En plus de la structure physique et l’orientation du campus, la structure d’enseignement est très différente des États-Unis. Susmentionné dans l’article « Autonomie et suivit des étudiants » le système française est rigide et stricte. Pourquoi ? La structure des cours en souligne la cause : les professeurs organisent les cours autour d’un contenu fixe et emploient une seule méthode pédagogique. Il y a également moins d’échanges entre étudiants et professeurs mais également moins d’interaction entre étudiants. L’importante autonomie attendue est le résultat d’une structure basée sur deux ou trois devoirs par cours, qui sont additionnés pour former la note finale. Il serait donc facile de croire que l’enseignement « à la française » est plus « libre » qu’aux Etats-Unis cependant les méthodes d’enseignement utilisées sont plus strictes. Les professeurs font rarement l’appel au long du semestre, et commente rarement les absences. En réponse, les étudiants sont moins complexés par l’idée de manquer un cours, et enfin, cela ajoute aux distances entre étudiants et avec les professeurs.  

 

 CONCLUSION 

Notre expérience toulousaine a été façonnée par le système éducatif, que ce soit au travers des attentes des étudiants et des professeurs, l’accessibilité aux aménagements d’apprentissage, les échanges culturels avec les étudiants Erasmus et la structure de l’université elle-même.  Tous ces aspects de l’apprentissage contribuent à notre expérience de vie à l’étranger et jouent sur la façon dont nous percevons les expériences interculturelles françaises et américaines. Nous avons vu que les différences en matière de logement pour les étudiants sont énormes, mais l’influence de la Covid a fait évoluer les pratiques dans ce domaine. Nous constatons également des différences flagrantes dans l’expérience de mobilité des étudiants des pays participant à Erasmus par rapport à d’autres étudiants. La possibilité d’étudier à l’étranger est extrêmement encouragée et rendue possible par un réseau extérieur à l’université. Plus spécifiquement, et de manière plus radicale, nous avons remarqué que la façon dont les cours sont suivis par les étudiants, ainsi que la relation entre les étudiants et les professeurs, qui sont très différentes de ce à quoi nous sommes habitués aux États-Unis. Enfin, la structure physique de l’université et sa qualification de « campus », reflète les différences entre les universités américaine et française.