Équipe éditoriale : Andrea, Gisele, Julien, Rafaela et Emily.

 

“Alors si tout se joue à l’école, il est temps d’entendre le SOS
Ne laissons pas se creuser le fossé d’un enseignement à deux vitesses”
Grand Corps Malade, “Éducation nationale” (2010).

 

Ça y est, le Centre Dickinson a rouvert ses portes pour une nouvelle rentrée, et les étudiants franchissent une à une les étapes de la reprise universitaire. Jonglant entre inscription administrative, choix des cours, visites des campus et de la ville, ils sont déjà en pleine immersion culturelle dans le fameux labyrinthe de la rentrée à la française.

Pour certains étudiants, le début des cours se fait cependant un peu attendre, et comme solution à l’impatience de se retrouver en cours avec leurs homologues français, ils profitent de leur temps libre pour faire du bénévolat à l’école du Caousou. Pendant deux semaines, ils sont intervenus dans des cours d’anglais du primaire au BTS, et ont animé des “English Tables” avec les lycéens, découvrant au passage le système scolaire français. Grâce à cette expérience enrichissante, notre équipe éditoriale a rassemblé des observations lucides sur les traits culturels de l’école en France, et sur les réalités sociales qui la caractérisent.

Des différences culturelles jusque dans l’assiette

La semaine dernière, on a aidé les professeurs d’anglais au Caousou, une école jésuite privée qui se trouve dans un quartier plutôt résidentiel de Toulouse. Cette école est constituée d’une école maternelle, d’une école primaire, d’un collège et d’un lycée, mais pour notre bénévolat, on se concentrait sur les élèves du collège et du lycée. Chaque journée était différente, mais souvent, on allait dans le cours d’anglais soit seul, soit avec un autre étudiant américain, et on parlait en anglais avec les élèves. Ils nous posaient des questions sur notre vie aux États-Unis, nos familles, nos études et nos préférences. Dans quelques autres cas, nous aidions les élèves à travailler pour leur examen d’un programme qui s’appelle “Academica,” dans le cadre duquel ils obtiendront leur baccalauréat et un diplôme d’un lycée américain à la fin de leurs études.

Nous avons observé plusieurs différences culturelles entre l’école du Caousou et les écoles aux États-Unis. Une chose intéressante était l’organisation du repas à l’école, puisqu’il reflète des habitudes culturelles qui varient en fonction des pays. Au Caousou, les élèves ont une longue pause pour le déjeuner, par rapport aux États-Unis, où la pause est d’environ 30 ou 45 minutes. En France, on a deux heures pour manger et parler avec ses amis – et, si on veut, on a même la possibilité de rentrer chez soi. De plus, presque tous les élèves préfèrent manger à la cafétéria, plutôt qu’apporter un sandwich ou autre chose de la maison. Le repas est aussi très équilibré et varié, avec une entrée composée d’une salade, de fromage et d’un morceau de baguette, un choix entre deux plats principaux, et un dessert ou un fruit. Aux États-Unis, par contre, on a souvent moins de choix, et les plats sont souvent très gras ou sucrés, comme un hamburger ou du pudding au chocolat.

Une valorisation de l’apprentissage des langues

Une autre différence que nous avons observée est l’importance accordée aux langues étrangères au Caousou. Les élèves commencent l’apprentissage d’une langue étrangère à un très jeune âge. En général, chaque élève apprend deux langues étrangères. Mais la chose la plus étonnante est le nombre d’options qui sont offertes aux élèves. Ainsi, le Caousou est une exception en France pour son offre de cours en immersion linguistique, et aussi pour la grande sélection de langues proposées. Les étudiants peuvent choisir entre le chinois, l’allemand, le latin, le grec, l’anglais, l’espagnol et l’italien.

Parce qu’il existe beaucoup d’opportunités, c’est commun pour les élèves d’apprendre quelquefois une troisième ou une quatrième langue ! Mais la majorité des élèves au Caousou choisissent l’anglais comme une des langues qu’ils apprennent. Ce choix de l’anglais montre une valorisation de cette langue, non seulement dans la structure d’enseignement, mais aussi dans le parcours professionnel futur. Les élèves pensent que c’est une langue qui va les aider dans l’avenir parce que c’est une langue universelle.

Cette valorisation de l’enseignement des langues étrangères est très différente en comparaison aux États-Unis. Dans le système américain, les élèves commencent leur deuxième langue comme le français ou l’espagnol à l’école primaire ou au collège. Ils ne sont cependant pas obligés de prendre une troisième langue. Donc, à la fin du lycée, si vous comparez le niveau de langue entre les étudiants américains qui apprennent à parler le français, et les étudiants français qui apprennent à parler l’anglais, il y a une différence énorme.

Une école qui n’est pas une école française “typique”

Nous sommes donc assez impressionnés de la qualité de l’enseignement à l’école du Caousou. Cependant, nos conversations avec les enseignants nous ont permis d’apprendre qu’une école comme le Caousou est une exception en France. Même si les écoles en France placent une grande importance sur la maîtrise d’une langue étrangère, le Caousou est unique grâce à sa grande sélection d’options de langue et grâce à ses programmes comme les cours de DNL. Le but des cours DNL (Discipline Non-Linguistique) est de proposer un cours spécialisé dans une matière et qui est enseignée entièrement dans une langue étrangère aux élèves du lycée ayant un niveau de langue assez élevé qui veulent suivre le cours comme option. L’intérêt d’un cours de DNL est qu’au bac, les étudiants peuvent obtenir une mention additionnelle. De plus, le Caousou organise souvent des voyages pour les élèves qui étudient une nouvelle langue pour les aider à améliorer leur niveau.

L’expérience d’un élève au Caousou est très différente de l’expérience d’un élève dans une école publique, comme le poète-slameur Grand Corps Malade explique dans sa chanson “Éducation nationale.” Selon lui, les écoles dans son quartier défavorisé de Paris manquent beaucoup de ressources, les élèves sont moins respectueux et l’attitude générale est plutôt négative. Le Caousou est unique dans le sens qu’ils ont plus de ressources et options que des écoles “pauvres.” En comparant l’école publique et privée, on peut voir les inégalités sociales qui existent dans l’éducation en France. Comme prochaine enquête, ce serait intéressant de comparer les écoles publiques et privées aux États-Unis et les écoles publiques et privées en France, car il existe aussi beaucoup d’inégalités entre les écoles aux États-Unis.