Mia Jones | Leah Keys | Sophy Nie | Lily Swain
Rendre un pays plus accessible
Pendant le deuxième semestre de ma deuxième année à l’université, j’ai suivi un cours appelé Philosophie 101 avec le professeur Amy McKeirnan. C’est l’un de mes cours préférés que je n’ai jamais pris à Dickinson. C’est parce qu’elle a choisi des sujets et des lectures qui m’ont fait réfléchir sur moi-même et encouragé à interroger les idéologies socialement acceptées et mes propres idéologies personnelles, également.
Un texte en particulier était pertinent pour mon temps ici en France, et j’y pense souvent. Le livre est intitulé Beasts of Burden: Animal and Disability Libération de Sunara Taylor, une militante handicapée. Dans le livre, elle parle de l’interaction entre les droits des animaux et le handicap. Ce livre m’a encouragé à réfléchir à la manière dont le validisme est exprimé aux États-Unis, non seulement à travers l’infrastructure et la conscience sociale, mais aussi à quel point les espaces publics, les institutions et les espaces culturels sont exclusifs aux États-Unis.
Alors avant mon séjour en France, en raison des endroits où j’étais, je n’avais lu que sur la façon dont les espaces publics pourraient être améliorés pour être plus inclusifs, mais je n’avais jamais réellement vu le soutien en place. C’était jusqu’à ce que j’arrive en France. En trois jours d’être ici, j’ai remarqué que l’espace public est partagé entre des personnes ayant différents niveaux d’aptitude. Dans les rues, les institutions culturelles et éducatives, ainsi que les services de transport en commun, la ville de Toulouse est beaucoup plus accessible que n’importe quel endroit que j’ai personnellement vu aux États-Unis.
Comment la France est-elle devenue accessible ? Sont-ils plus socialement acceptants ? Ce sont des questions qui dansent dans mon esprit pendant que j’observe la manière dont la ville et les gens interagissent et répondent l’un l’autre.
La loi sur le handicap du 11 février 2005 est en partie la raison pour laquelle Toulouse est aujourd’hui relativement accessible. Cette loi renforce le droit au travail pour les personnes en situation de handicap et exige que les logements publics et les infrastructures soient accessibles et continuent de l’être pour toutes les personnes ayant des niveaux de mobilité ou d’aptitude variables (Disability:IN France). Cette loi a été influencée par de nombreux événements historiques, remontant jusqu’à la Révolution française, qui ont façonné la politique du handicap en France.
La loi sur le handicap dans l’États-Unis (ADA), a établie en 1990, fonctionne de manière similaire à la loi sur le handicap en France. Les deux visent à garantir des droits et des opportunités égaux pour les personnes en situation de handicap. L’ADA interdit la discrimination dans plusieurs domaines comme la vie publique tels que l’emploi, l’éducation, les transports etc. (Apprendre à propos de l’ADA). Malgré ces objectifs similaires, je ne sens pas que cette loi soit appliquée de manière semblable aux États-Unis. Cependant, ma perception peut être influencée par ma tendance à fréquenter principalement des espaces où les personnes valides, ou par un manque de sensibilisation de ma part. Il est possible que l’efficacité de ces lois diffère en raison de divers facteurs. Je sais que ce que je pense peut ne pas être complètement vrai ou peut-être que c’est juste.
Pour comprendre le point de vue français, je sens le besoin d’avoir plus de conversations et de poser des questions à différentes personnes pendant mon séjour ici. Même si, à mes yeux, Toulouse peut sembler plus inclusive envers les différents types de corps et d’aptitudes, cela m’a rendu conscient des espaces dans lesquels je me trouve et de la manière dont le privilège des personnes valides se manifeste aux États-Unis.
L’accessibilité dans les transports en commun
Toulouse me semble comme une ville assez accessible. Dans mon temps ici, j’ai observé plusieurs exemples d’accommodations pour les personnes handicapées, spécifiquement en association avec Tisséo. Prenant par exemple le bus. Il y a les rampes qui peuvent descendre pour laisser monter les personnes utilisant les fauteuils roulants, et dans le bus il y a l’espace conserver spécifiquement pour eux. Ensuite, il y a des fiches pour se faire souvenir de laisser la place à ceux qui en ont besoin. Finalement, les arêtes sont annoncées par une voix et aussi par une visuelle pour que tout le monde puisse comprendre.
Avec la construction de la ligne C, il y a beaucoup de conversations autour de l’inclusivité du métro. Comme je prends le métro chaque jour, j’ai eu plein de temps d’observer. Premièrement, de ce que j’ai vu, les escalators sont présents à chaque station de métro. Cependant, il n’y a pas toujours un escalator qui descend ; parfois, ce sont des escaliers pour descendre avec l’option d’un escalator pour remonter. Alors, pour les gens qui ont de la difficulté avec, ou qui ne peuvent pas prendre les escaliers, ça peut être difficile de descendre pour arriver à la voie. Souvent, il y a aussi un ascenseur, mais seulement une seule. Notamment, à Jean Jaurès, j’ai vu parfois une queue de parents avec les poussettes attendant l’ascenseur, ce qui rend plus difficile la remontée des personnes qui ne peuvent pas utiliser les escaliers. Prochainement, j’ai souvent vu les avertissements pour « allô Tisséo » en cas de questions urgentes. C’est présenté comme une façon simple pour tout le monde de recevoir l’aide immédiate, mais en effet les services pour les personnes sourdes et malentendue fonctionnent pendant les horaires limités. Ils peuvent recevoir de l’aide par appel seulement entre 9h – 17h30 du lundi au vendredi, contrairement aux heures présenter de 6h – 20h pendant la semaine avec les heures réduites le samedi (Aide & Contact | Tisséo, s. d.). Finalement, le transport public est conçu pour que le plus grand nombre de personnes possible puisse se déplacer à une fois. Donc, il y a beaucoup d’espace pour se tenir debout et pas trop de places pour s’asseoir. Heureusement, la culture reflète le respect ; les gens offrent toujours leur place à celle qu’ils observent l’ont besoin plus qu’eux. Bien sûr, pas tous les handicaps sont visibles, mais la culture ouvre un espace pour la discussion et l’amélioration des infrastructures.
En 2008, Tisséo à créer le Commission d’Accessibilité de Réseau Urbain pour rester en communication avec les associations représentatives des personnes en situations d’handicaps. Cet été passé, ils ont organisé treize ateliers pour “mettre en avant l’enquête auprès des usagers en situation de handicap” (Accessibilité, s. d.). Ils essayent de construire la ligne C dans la manière la plus inclusif que possible. Notamment, ils ont annoncé qu’ils vont garder les annonces en voix et en écrit, y inclus un picto pour faciliter la reconnaissance de chaque arête. De plus, les agents d’accueil vont continuer d’être enseignés dans la langue des signes et les chauffeurs vont être sensibilisés à la thématique d’handicap. De cette façon, les agents de Tisséo vont mieux avoir la capacité de reconnaître les différences et de s’adapter pour aider chaque personne dans la façon qui mieux les conviens.
Enfin, c’est important de noter que je peux seulement parler de mes propres expériences et observations comme une personne en situation non-handicapé. À mon avis, le transport public à Toulouse semble accessible à un point avec le potentiel de devenir plus inclusif ; il y a évidemment des fautes, mais il y a aussi la communication et la volonté pour trouver et implémenter les améliorations.
L’accessibilité dans des lieux de patrimoine et lieux publics
Les transports publics constituent un espace public où l’accessibilité est très importante et visible. Cela dit, il existe un autre type d’espace public moins discuté en termes de l’accessibilité : les espaces culturels. La France est un paradis du patrimoine pour les gens qui aiment l’histoire de l’art comme moi. À la mi-octobre, je suis allée à une excursion d’une journée à Carcassonne, où j’ai passé deux heures à marcher sur le rempart sous un soleil brûlant, à monter et descendre à travers des escaliers en colimaçon et des tours, et en admirant toutes les fortifications médiévales. Après être descendu, un épais livre tactile à la porte de la boutique de cadeaux a attiré mon attention. Il faisait partie d’une collection destinée à permettre aux malvoyants et non-voyants de découvrir les grands sites culturels du pays. Le livre a suscité mon intérêt pour une question cruciale, mais rarement abordée : comment les personnes en situation de handicap en France accèdent-elles aux sites culturels ?
La question semble multiforme et a beaucoup à dévoiler. Ma réflexion se porte immédiatement sur différents types de handicaps, notamment visuel, auditif, mental et moteur, que les instituions culturels tentent d’accommoder. Les musées toulousains, comme le Musée des Augustin, disposent d’ascenseurs permettant l’accès au public handicapé, mobile et visuel. Le Musée des Augustin dispose également d’un nouveau parcours multisensoriel, où les visiteurs découvrent certaines œuvres d’art et points d’intérêt par le toucher et l’écoute. Les autres musées où je suis allée ont fait traduire certains de leurs textes interprétatifs en Braille. Carcassonne, site touristique labellisé « Tourisme & Handicap », met pareillement à disposition d’un système d’écoute personnelle pour les personnes malentendantes et d’un collier magnétique pour MP3. Des méthodes similaires existent dans les musées américains à de divers degrés. Certains musées, comme le centre des musées de Cincinnati, sont en avance sur d’autres. En dehors des systèmes dont nous avons discuté, le musée dispose de zones calmes avec des caches-oreilles, des couvertures lestées et d’autres objets que les visiteurs peuvent emprunter quand ils en ont besoin. Il offre aussi une carte sensorielle qui indique les différents niveaux sensoriels dans le musée. Comme aux États-Unis, les attractions culturelles en France paraissent devenir plus accessibles. Mais est-ce suffisant ?
En discutant avec Emma, notre franco-américaine de référence, elle suggère qu’il reste encore des questions non résolues à plus grande échelle. Les recherches montrent que seul 18 % des musées français sont aujourd’hui labellisés Tourisme et Handicap en 2018. De nombreux sites patrimoniaux anciens de France ne sont toujours pas entièrement ouverts aux personnes en situation de handicap. L’accès devient difficile sur les musées situés dans des quartiers historiques, pavés, avec des déclivités importantes pour les personnes à mobilité réduite et voire déficientes visuelles. De nombreux monuments historiques ont des difficultés à accueillir des publics en situation de handicap également en raison de l’architecture. De plus, les handicaps non physiques comme le handicap mental sont encore plus susceptibles d’être ignorés, comme mon hôte Françoise, enseignante des étudiants en situation de handicap, m’a suggéré à juste titre. Toutefois, la difficulté principale vient de la question primordiale des lois et régulations. Aucune ligne budgétaire n’a été créée lorsque la loi sur l’égalité des droits et des chances, l’éducation et la citoyenneté pour les personnes handicapées a été promulguée en 2005, pour soutenir l’accessibilité des établissements. À leur tour, les institutions culturelles à but non lucratif ont dû utiliser leurs ressources propres. Les freins financiers et personnels limitent donc les réformes drastiques. Dans l’article, un médiateur avoue qu’il ne peut pas consacrer que 10 % de son temps à la question des publics handicapés.
Le patrimoine joue un rôle crucial dans la culture et l’identité française. Cependant, même si la France a excellé en rendant les espaces culturels plus accessibles à un groupe plus large de personnes, comme les jeunes et les chômeurs, le travail visant à accueillir les personnes handicapées nécessite encore des efforts et des discussions. En fait, le problème n’existe pas qu’en France. Beaucoup des musées américains souffrent également d’un manque de fonds et de personnel pour consacrer des ressources à ce sujet, reflétant une tendance plus large dans le monde de musée globalement. Même si les musées sont destinés au public, pour de nombreuses personnes, notamment celles en situation de handicap, ils portent toujours une aire de prestige. Il est important de démystifier les musées et d’inviter les gens dans ces espaces, afin que les musées puissent véritablement remplir leurs fonctions.
Les aménagements universitaires
Pour ce qui ont vécu la première année universitaire, on se souvient des sentiments de la peur, de l’incertitude et même d’être perdu et qu’on ne trouverait pas sa place. Ces réactions appliquent à tous les étudiants, pourtant, ils s’appliquent encore plus fort aux personnes en situation de handicap. Aux peurs normales des étudiants débutants ajoutent les questions de comment naviguer le campus si on a un handicap physique, ou comment entendre les CM si on est une personne sourde. Les handicaps moins évidents comme les maladies mentales, la dyslexie etc. comptent aussi sous le parapluie des étudiants qui ont le droit de sentir à l’aise pendant leur transition et durant toute l’expérience universitaire.
Ainsi, il a du sens que les universités doivent accommoder ces étudiants en situations de handicap. En fait, c’est la loi. La loi du 11 février 2005 protège « l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté », selon le site-web du Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche. Cette loi inclus les personnes en situation de handicap mentale (difficultés avec réflexion, conceptualisation), cognitive (problèmes avec le mémoire, l’attention), psychique (les maladies mentales), les personnes avec plusieurs handicaps ainsi que les personnes en situation de handicap physique. Donc comment est-ce que les universités françaises réagissent pour rendre leurs espaces en équité ?
On peut voir l’exemple de l’Université de Toulouse Jean-Jaurès (UT2J). Selon un article publié par UT2J en 2022, le nombre d’étudiants inscrits à l’université qui sont en situation de handicap augmente chaque année. Pendant l’année scolaire de 2021-2022, à peu à près 5% de l’ensemble des étudiants étaient en situation de handicap. Pour mettre ce nombre dans un peu plus de contexte, le pourcentage des étudiants à Dickinson College qui ont un handicap connu est 20% ; et 75% de ce groupe reçoivent des accommodations académiques.
En retournant à UT2J, il existe quelques accommodations que j’ai observé pendant mes temps là. En premier, il y a la présence des lignes surélevés sur les trottoirs universitaires. Les personnes non-voyantes suivent ces lignes avec leurs cannes d’un bâtiment à l’autre, et même du campus jusqu’au métro. Mais comme ces lignes ne continuent pas à l’intérieur des bâtiments, ça pourrait créer des problèmes d’accès facile aux salles de classe. En plus pour les personnes non-voyantes, UT2J, selon son site-web, a des livres en version audio et des cours sur le numérique disponibles.
J’ai noté aussi dans un de mes cours qu’il y avait une interprète qui traduit en langue des signes ce que le prof discute. Ce que j’ai trouvé intéressante était que le prof a demandé, devant tout la classe de 300 personnes, exactement qui était la personne sourde afin que l’interprète pourrait savoir. Aux États-Unis une échange comme cela ne serait jamais publique grâce à la loi du HIPPA qui protège les informations personnelles. Sur ce sujet j’ajouterai aussi que d’avoir un interprète n’est pas une situation parfaite ; nous avons dû faire une pause au milieu du cours parce que c’est fatiguant de signer avec les mains pour deux heures sans cesse.
De plus, pour les personnes sourdes, d’autres accommodations comme certaines applications et la prise des notes par un autre étudiant sont possibles.
En ce qui concerne les personnes en situation de handicap plutôt mentale, cognitif ou psychique, UT2J a aussi en place des accommodations possibles. Pour les examens, leur site-web explique que « secréterait individuel, temps majoré, récupération de temps de pause, explication des consignes, etc. » sont quelques options pour égaliser les chances de réussite de ces personnes.
Enfin, il semble qu’UT2J essaye d’accommoder les étudiants en situation de handicap assez mieux que possible. Néanmoins, est-ce qu’elle pourrait faire de plus ? Il est difficile de savoir jusqu’à tel point l’université suit ses propositions, particulièrement quand on ne sait pas les avis des étudiants actuellement en handicap. Je ne veux pas ni parler pour eux ni donner une fausse image de leur situation ; je présente juste mes observations et inférences.
Maintenant, on parcourt la mer Atlantique pour voir que les accommodations pour les étudiants en situation d’handicap existent bien-sûr aux États-Unis aussi. Dickinson College, un lieu que je connais très bien, présente une bonne comparaison. En ce qui concerne les accommodations pour les handicaps physiques, Dickinson tente sa mieux d’offrir les bâtiments accessibles avec des ascenseurs et des rampes. Néanmoins, je sais qu’il y a certaines résidences où il n’y a pas d’ascenseurs alors ce ne serait pas possible pour une personne avec la mobilité réduite d’y habiter. Et il n’y a pas des lignes surélevées sur les trottoirs pour l’aide aux personnes aveugles comme à Jean-Jaurès. Pourtant, je me souviens que pendant ma première année, une voix a été ajouté aux signaux des passages piétons pour que les personnes aveugles puissent naviguer au moins un peu mieux le campus.
Si on considère les accommodations plutôt académiques chez Dickinson, je sais qu’il y a un office où les étudiants pourraient aller pour des conseils et pour mettre en place certains types d’aide. Par exemple, selon le site-web de Dickinson, le tiers temps, les preneurs de notes et les technologies bénéfices pour les étudiants aveugles ou sourdes sont quelques possibilités. Mais je sais qu’il y a des obstacles à recevoir les accommodations et par conséquent les étudiants se sentent parfois frustré avec le système. Il faut fournir les preuves d’un diagnostic d’TDAH, l’anxiété etc. et de créer un plan 504 avec l’université ; ces formulaires et processus prennent du temps. Bref, tout n’est pas parfait avec le système « américain » de Dickinson non plus.
Du point de vue de de mes observations, les étudiants en situation d’handicap dans ces deux pays ont leur part de défis bien qu’il existe des accommodations. Heureusement, nous vivons dans une époque où il existe plus de connaissance des besoins des personnes en situation d’handicap grâce à leur défense de leurs propres droits. On voit par exemple le champ de « Disability Studies » en pleine croissance dans les universités aux États-Unis. Les personnes handicapées méritent les chances égales ; à notre époque, il y a l’espoir que cela arrivera.