La parole du président
“Nous, on ne regarde jamais les nouvelles,” ont déclaré mes hôtes définitivement un soir après le dîner.
“Mais du coup, le président, il va parler ce soir. Ça t’intéresse de l’écouter avec nous ?”
On s’est installé au sofa devant la télé en attendant M. Macron, tisanes en main. Finalement, les présentateurs ont annoncé son arrivée au Palais de l’Elysée où une cinquantaine de journalistes l’attendaient.
Et le palais, c’est un mot approprié. La grandeur de cette salle et son plafond doré étonnent. De plus, quand M. le président a commencé sa parole devant un grand drapeau français, il parlait dans un registre très formel, commençant par “M. le premier ministre, mesdames et messieurs les ministres, mesdames et messieurs bienvenue… dans cette maison.” “Oh la la, maison,” a répondu une de mes hôtes.
Au dîner le lendemain soir, j’ai mentionné la grandeur du Palais de l’Elysée et la cordialité du président. Si le président veut que le public le perçoit comme quelqu’un qui comprend leurs préoccupations, il ferait mieux de tenir sa conférence de presse dans un lieu qui fait moins monarchie. Mes hôtes m’ont répondu que le palais constitue une symbole de pouvoir du président qui fait référence à la richesse d’une ancienne époque française. Même si la grandeur du palais ne correspond pas aux vœux de M. Macron d’accueillir les français dans la “maison” du président, ça fait partie du patrimoine francaise. Et quant à la parole formelle, c’est comme ça que les politiciens parlent ! C’est attendu que le président reconnaisse les ministres avant de commencer un discours.
En tant qu’américaine, je ne suis pas habituée à écouter et à voir une telle formalité chez les politiciens. Par exemple, quand M. Biden commence ses conférences de presse, il dit un simple “bonsoir a tous” avant de se lancer dans son discours. Je pense qu’aux Etats-Unis on croit dans l’importance d’un président qui est “comme nous,” particulièrement dans ma communauté. Même si le White House n’est pas non plus une “maison,” quand le président a un comportement plus décontracté, c’est plus facile d’imaginer qu’il comprend l’expérience quotidienne de ses compatriotes. Mais parfois, nos politiciens semblent manquer un certain respect pour notre gouvernement et leurs constituants. Dans un pays où on préserve les plafonds dorés et on prend le temps de reconnaître ses collègues avant de prendre parole, ce respect est mis en valeur.
L’intérieur du Capitole, (la mairie de Toulouse) qui montre le décor impressionnant de certains bâtiments gouvernementales français.