De Carlisle à la Ville Rose

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Qu’est-ce qu’une nation ?

Ernest Renan dans son ouvrage Qu’est-ce qu’une nation ? s’interrogeait sur les éléments tant objectifs que subjectifs qui font que les individus se reconnaissent entre eux comme faisait partie de la même nation. Il s’agit une fois de plus de l’une des problématiques rencontrée par les étudiants Dickinson.

En effet, Alec est confronté chaque matin à un dilemme qui peut sembler extrêmement simple pour un français, mais qui s’apparente à un choc culturel pour le jeune américain : la bise. Du reste, faut-il attendre que l’autochtone fasse le premier pas, ou au contraire se lancer dans cette coutume sans hésitation ? D’une part, il convient de préciser pour reprendre les mots d’Ernest Renan que la bise constitue un élément subjectif de la nation. Dès lors, elle est la manifestation d’une volonté d’adaptation qui ne peut qu’être appréciée. D’autre part, ne jamais oublier que la bise obéit à des règles différentes selon les régions de France. En effet, certains en font trois ou quatre au lieu de simplement deux en Midi-Pyrénées. D’autres commencent par la joue droite au lieu de la joue gauche. Autant de règles qui, en toute transparence, paraissent déroutantes pour les français. Ainsi, faire le premier pas semble être un bon moyen de manifester une volonté d’intégration, et quelques recherches sur les traditions locales permettront de venir à bout de ce problème épineux.

Seulement, cette tradition bien française pourrait rebuter un certain nombre d’américains en raison de son aspect non hygiénique, pouvant conduire les individus chez le médecin aussi rapidement qu’un éclair. D’ailleurs James a pu faire l’expérience d’un docteur français, non pas en raison d’une bise contagieuse, mais d’une cheville foulée. Plusieurs éléments ont perturbé l’étudiant : le faible coût, l’absence de prise de rendez-vous et le temps d’attente. Choses marquantes puisqu’il est de notoriété commune qu’une consultation médicale atteint des coûts exorbitants aux États-Unis. En réalité, il convient de préciser que la France est une Démocratie Providentielle à l’image de ce que disait Schnapper. C’est-à-dire que les domaines dans lesquels l’État français intervient sont variés et correspondent aux expectatives des citoyens. Ainsi, James a sollicité son hôtesse pour obtenir des réponses quant à ce système. Elle lui a lors répondu que les guerres successives ont fait que les français ont attendu plus de l’État en matière de santé. C’est alors la raison du faible coût de la consultation qui du reste est en partie remboursée, et donc d’un temps d’attente qui peut être long.

Il n’empêche que le fonctionnement du système de santé est, comme celui de l’université, relativement déroutant pour un américain. MacKenzie a d’ailleurs pu en être témoin. Elle remarque à juste titre que les emplois du temps ne mentionnent pas, en tout cas en début de semestre, ni les salles de cours ni les attentes des professeurs. Quelles peuvent alors en être les raisons ? L’étudiante met en avant le caractère implicite de la culture française et la grande indépendance des étudiants toulousains. Ces justifications peuvent paraitre exactes. Seulement, l’accent doit une fois de plus être mis sur le service public. L’enseignement supérieur est l’une des compétences de l’État, puisque les politiques ont suivi cette préconisation de Condorcet qui dans la Démocratie de l’enseignement précisait qu’un « peuple d’ignorants devient nécessairement dupe des fourbes ». Dès lors, l’université prodigue un enseignement certes spécialisé dans des domaines divers et variés, mais constitue également une école de la vie. N’est-ce pas le rôle de l’éducation que de préparer les étudiants à l’entrée dans l’âge adulte ? Dès lors, un système qui met un individu face à des difficultés quotidiennes n’est-il pas in fine celui qui permet de créer le citoyen indépendant et autonome ? Cette vision a en tout cas pour elle le mérite de la cohérence.

Du reste, le caractère implicite de la culture se retrouverait également dans des moments relativement simples, tels qu’une banale sortie au cinéma. Marisa a pu en faire l’expérience, notamment en ce qui concerne les habitudes de consommation des français pendant qu’ils regardent une projection. En effet, il est commun aux États-Unis de consommer des pop-corn, des sodas ou mêmes des nachos pendant tout le film. Bien que cette habitude soit également présente en France, l’étudiante constate que les individus finissent régulièrement leurs mets avant que la projection ne commence. Marisa pointe d’ailleurs un point intéressant, elle estime qu’il s’agit d’une question de politesse et a fini par consommer des bonbons, plus discrets selon elle. Là pourrait se trouver l’implicite de la culture française et surtout l’un des éléments subjectifs pointés par Ernest Renan permettant d’identifier une nation.

 

 

 

 

 

Toujours est-il que la question de la culture française implicite ne pourrait se concevoir aujourd’hui sans dimension internationale et plus particulièrement européenne. L’Europe est aujourd’hui tiraillée entre partisans et sceptiques. Pourtant, le terme renvoie à une princesse antique, Europe, épouse de Zeus et mère du roi Minos. Héritage glorieux, présent empreint de complexité. L’étudiante Laura remarque qu’après le « Brexit », la France pourrait bien avoir son « Frexit ». En effet, quelques partis politiques, reprenant les opinions de plusieurs français, sollicitent la sortie de l’Union Européenne. Du reste, c’est ce que les étudiants ont pu constater lorsqu’ils sont allés voir le film Chez Nous de Lucas Belvaux. Outre les interrogations économiques et financières, la question qui se pose en filigrane est celle d’une France purement hexagonale ou à l’inverse qui s’inscrit dans un continent et partage un héritage commun avec ses voisins ?

Les français décideront quelles réponses à apporter, mais il convient de rappeler que la culture, intangible et omnisciente, ne saurait s’arrêter aux frontières. La France demeurera pour toujours européenne, et la nation française sera en permanence gouvernée par les éléments subjectifs qui font que n’importe qui, étudiants Dickinson ou pas, peut se sentir français s’il en a envie. Ernest Renan était bel et bien dans le vrai.

 

Ernest Renan, in his essay, “Qu’est-ce qu’une nation?” (What is a nation), examines both the objective and subjective elements that allow individuals to recognize themselves as parts of the same nation. This also happens to be one of the most prevalent issues encountered by Dickinson students.

In fact, each morning, Alec is confronted with a dilemma which can seem extremely simple for a French person, but is a culture shock for the young American: “la bise” (the kisses used as a greeting). Does one have to wait for the native to take the first step, or, on the contrary, plunge into this tradition without hesitation? First, we should clarify to rehash Ernest Renan’s words that “la bise” constitutes a subjective element of the country. Subsequently, it expresses a desire to adapt, which the French appreciate. Moreover, one must never forget that “la bise” follows different rules in the various regions of France. Indeed, certain regions do three or four kisses rather than just two, as they do in the Midi-Pyrénées region. Some start with the right cheek and others with the left. But even these cultural norms, to be honest, can puzzle the French themselves. In the end, taking the first step seems to be a good way to display a desire for integration, and a few observations of local traditions allow one to get to the bottom of this sticky situation.

Such a French tradition could be repelling to a certain number of Americans, due to its non-hygienic aspects, which could drive individuals to the doctor’s office in the blink of an eye. Incidentally, James was able to visit a French doctor, not because of a contagious “bise,” but a sprained ankle. Several things bothered him: the low cost, the lack of an appointment, and the long wait. These are noteworthy observations since it’s common knowledge that a doctor’s visit in the US implies exorbitant prices. Actually, we should clarify that France is a Démocratie Providentielle (Providential Democracy) in the words of Schnapper. That is to say that the spheres in which the French state intervene vary and correspond to the expectations of its citizens. Accordingly, James asked his hostess for an explanation regarding the French system. So she told him that successive wars caused the French to expect more from the state concerning healthcare. That then accounts for the low consultation cost (which is partially reimbursed), and contributes to the long wait.

Such state funded intervention functions in the health system, as well as the university, which can be relatively puzzling for an American. MacKenzie witnessed this. She remarked accurately that the schedules mention few things at the beginning of the semester: neither the classrooms nor the professors’ expectations. What might explain this? MacKenzie highlights the implicit nature of the French culture and the renowned independence of students in Toulouse. These justifications could seem reasonable, only the emphasis is placed more so on public service. Higher education is one of the responsibilities of the state, since politicians have followed this recommendation of Condorcet which he lays out in La Démocratie de l’enseignement (The Democracy of Teaching): “un peuple d’ignorants devient nécessairement dupe des fourbes” (ignorant people will necessarily be tricked by the deceitful). Consequently, the French university system offers a specialized program in diverse and varied subjects, but which equally constitute the school of life. Isn’t it the role of education to prepare students for adult life? Likewise, doesn’t a system which challenges individuals regularly in fine (in the end) allow for the creation of independent and autonomous citizens? In any case, this is how she rationalizes the system.

Furthermore, the implicit nature of culture can also be found in relatively simple moments, like an everyday outing to the movie theater. Marisa has experienced this firsthand, observing the eating habits of French people while they watch a movie. In fact, it is common in the United States to consume popcorn, soda, and even nachos during the film. Even though this habit can be found in France, Marisa notes that people usually finish their snacks before the film starts. She also points out that it’s a matter of politeness and she then finishes by eating her candy more discreetly. This reflects the implicit in French culture and, as such, is an example of a subjective element proposed by Ernest Renan identifying feature of a nation.

There is also the question of whether French culture can be defined today without considering it through an international and European lens. Currently, the European Union is divided between supporters and skeptics. The term “Europe” itself refers to an ancient princess who was the wife of Zeus and mother of King Minos. Europe has a proud heritage but complicated present. Laura noticed that after Brexit, France could have its own “Frexit.” Some political parties, representing a number of French people, advocate leaving the European Union. The students were exposed to these views when they went to see Lucas Belvaux’s film Chez Nous (This Is Our Land). Beyond economic and financial concerns, it poses the question: should France isolate itself or share in Europe’s common heritage?

The French will eventually make their choice, but they should remember that culture—intangible and all-encompassing—doesn’t stop at borders. France will always be European, and the French will always have their own customs but anyone, Dickinson student or not, can identify as French if they so desire in emphasizing individual adaptability to culture. Ernest Renan had the right idea.

 

« Douce France – Cher pays de mon enfance – Bercée de tendre insouciance – Je t´ai gardée dans mon cœur! »

C’est ainsi que Charles Trenet chantait son amour pour la France, ce pays à la culture riche et variée, mêlant avec élégance un immense héritage du passé au style de vie contemporain de nos sociétés.

Joseph est le premier à mettre en lumière cette ambivalence qui caractérise tant la France. En effet, à l’occasion d’une virée nocturne, l’étudiant s’est arrêté quelques instants face à la Garonne. Il contemplait alors le paysage laissant apparaitre le Pont Neuf et le Pont Saint-Pierre. Seulement, l’étonnement était au rendez-vous lorsqu’il a constaté que cette magnifique carte postale laissait indifférent les toulousains, qui pour les plus jeunes d’entre eux ont pourtant l’habitude de festoyer sur les berges du fleuve. Là se trouvait l’ambivalence : un cadre vieux de plusieurs siècles dont chaque pierre raconte l’histoire d’un passé tumultueux accueillait pourtant des habitudes totalement modernes, celles de se réunir ensemble pour simplement profiter de l’existence.

C’est ainsi que le fil conducteur basé sur ce contraste entre les époques suit son cours. Fatema nous fait part d’une des plus vieilles traditions de France : manger quasi-systématiquement du fromage après le repas. Les français, qui n’ont pourtant pas conscience de la provenance d’une telle habitude, continue néanmoins de la pratiquer. En réalité, les explications de cette tradition sont nombreuses. L’une d’entre elles voudrait que la variété des fromages français impliquerait qu’on leur attribue un moment à part dans le déroulement d’un repas « à la française » du 19ème siècle. Du reste, l’expression française « entre la poire et le fromage », qui signifie un moment de conversation libre et détendue, manifeste bien cette tradition. Le fromage se mangeait donc avant la poire (le dessert), et les décisions d’affaires importantes se prenaient à ce moment-là. Les français continuent alors aujourd’hui d’appliquer une tradition extrêmement vieille, ce qui témoigne d’un mélange réussi entre le passé et le présent.

L’influence du passé ne saurait s’arrêter à cela, et Ally nous en donne une explication tout à fait convaincante. Lors d’une balade dans le vieux quartier des Carmes de Toulouse, elle a pu constater qu’un grand nombre de pharmacies étaient présentes, parfois même à quelques mètres d’écart. Curieuse, elle a alors demandé à l’un des clients qu’elle était l’explication d’un tel phénomène. La réponse se trouverait une fois de plus dans l’image d’une France emprunte du passé. En réalité, l’homme lui a répondu que l’hexagone était un pays qui comportait un grand nombre de personnes âgées. Pour preuve la France en compte aujourd’hui 5% supplémentaire par rapport à 2016. La préoccupation pour la santé d’une population aux souvenirs et mémoires riches se retranscrirait alors dans la présence d’un grand nombre de pharmacies. En tout cas, il pourrait bien s’agir de l’une des explications possibles.

 

Du reste, cette influence du passé ne saurait se faire au détriment d’enjeux purement contemporains, et envisager l’avenir serait une façon efficace de préserver l’histoire.

Jonah a pu constater l’importance que pouvait revêtir l’économie de l’énergie pour un ménage français. Le réflexe de beaucoup de famille est porté sur les interrupteurs des lumières qu’il convient d’éteindre chaque fois que la pièce en question n’est pas utilisée. L’étudiant constate par ailleurs qu’il importe peu que les individus retournent parfois même 5 minutes plus tard dans l’endroit dont ils ont éteint les lumières. La France serait alors un pays qui se voudrait de plus en plus vert.

Ainsi, les politiques publiques s’emparent de ces nouvelles pratiques écologistes, et les mettent en œuvre jusque dans les transports en commun. En effet Anastasiia a pu constater que des journaux étaient distribués à l’entrée de chaque bouche de métro. Seulement, les voyageurs de loin suivent l’actualité sur leurs smartphones plutôt que sur un support papier. Plutôt que de gaspiller tous ces journaux, la mairie a installé des bacs dans lesquels les usagers peuvent déposer les exemplaires qu’ils ne souhaitent pas conserver afin qu’ils puissent être recyclé. Voici un bel exemple de ce que la France se veut nécessairement soucieuse du développement durable.

L’hexagone apparait comme un pays à l’histoire riche, laquelle ne cesse d’influer chaque jour sur les habitudes de ses habitants. Seulement, La France est également consciente d’enjeux nouveaux, et n’hésite pas à adopter des positions qui, un jour, constitueront elles aussi ce passé riche. Les étudiants Dickinson sont alors témoin de cette mutation, non pas que de la France, mais aussi de celle du « vieux continent ».

 

L’équipe de Dickinson en France est ravie d’annoncer que Madame Julia Carnine a été officiellement nommée directrice permanente de Dickinson en France. Nous lui adressons nos sincères félicitations et sommes persuadés que Dickinson en France compte désormais dans ses rangs une personne humaine, compétente, et dévouée aux étudiants, aux partenaires et à la mission de Dickinson College.

 

With these words Charles Trenet sang about his love for France, a country with a rich and diverse culture, where an immense heritage is elegantly mixed with the modern style.

Joseph is the first to highlight this paradox which so aptly characterizes France. While taking a night-time stroll this student stopped for a moment on the bank of the Garonne. He observed the view that revealed the Pont Neuf and the Pont Saint-Pierre (bridges). He was surprised to see that the locals of Toulouse were indifferent toward this this picturesque view, which has become a hotspot for student nightlife. Here lies the paradox: a centuries-old setting where each stone tells the story of a tumultuous past, and which now indulges modern-day activities that bring people together to have a good time.

And thus this idea of contrast between time periods continues to unfold. Fatema shares with us one of the oldest French traditions: to eat cheese nearly systematically after every meal. The French continue to take part in this habit without thinking twice about its origin when, in fact, there are several explanations. One of them suggests that, because of the large quantity and variety of cheeses, it deserves to be its own separate course; an idea originating in the 19th century and now a staple of the French table. Furthermore, the French expression “entre la poire et le fromage” (between the pear and the cheese), which signifies a moment of open and relaxed conversation, illustrates this tradition well. The cheese is eaten before the pear (dessert) and important decisions are made during this time. The French continue to partake in this very old tradition today, which serves as evidence of a successful mix of past and present.

The influence of the past doesn’t stop here, and Ally gives us a convincing explanation. While strolling through the old quarter of Carmes, she noticed a large number of pharmacies in the area, at times even a few meters apart from each other. Curious, she asked a customer for an explanation of such a phenomenon. His response once again finds itself rooted in the history of a country, marked by its past. The man also made reference to the large number of older people in France, proven by the fact that France has 5% more senior citizens today than it did in 2016, according to this toulousain. Concern over the health of a population full of memories and stories is therefore illustrated by the large amount of pharmacies.

Moreover, the influence of the past does not prevent us from confronting modern problems, of which Jonah was a privileged witness. He stated how important the preservation of energy is in a French household. Many families save electricity by turning off the lights every time the room is not in use. In addition, the student noticed that they would turn off the lights even returning to the same spot in less than five minutes. France hopes to become more and more green.

Social policies aretaken over by these new sustainable practices, which are put in to work even in the public transportation. For example, Anastasiya noticed that newspapers are distributed at the entrance of each metro station. Commuters much prefer to keep up to date through printed text than with their smartphones. In order to save paper, the city has installed metal boxes where after reading their newspapers, people can leave them for others to take, or, ultimately, to be recycled. Here is a great example that shows how France strives for sustainable development.

France, which is also called the hexagon for its shape, is a country with a rich history that continues to influence daily life of its people. Yet is is equally aware of the new challenges and does not hesitate to take steps which one day will become a part of its rich history. Thus, Dickinson students are witness to these changes – not just within France, but also although Europe.

 

Dickinson en France is very pleased to announce Mrs. Julia Carnine’s official appointment as permanent director of the Toulouse Center. Join us in congratulating our generous, experienced colleague who is as devoted to her students as she is to Dickinson partners and to the Dickinson mission.

« Les langues sont un trésor et véhiculent autre chose que des mots. Leur fonction ne se limite pas au contact et à la communication. Elles constituent d’une part des marqueurs fondamentaux de l’identité, elles sont structurantes, d’autre part, de nos perspectives »

Cette phrase du philosophe Michel Serres sonne comme le commencement d’une grande aventure pour les étudiants Dickinson du deuxième semestre. A peine un de leurs pieds est-il posé sur le tarmac de l’aéroport Toulouse Blagnac que déjà la France toute entière emplie leurs poumons. Marianne elle-même semble les accueillir.

L’aéroport étant situé à l’extérieur de la ville, il est nécessaire d’utiliser la voiture ou les transports en communs pour se rendre chez les hôtes. Ceux qui sont entrés dans un bus pour rejoindre le centre-ville s’en souviennent encore, la culture française était bel et bien là. Invisible, inodore, mais elle était pourtant dans l’air. A quoi se voit-elle me direz-vous ? Posez dont la question à Ingrid. Elle vous répondra « Merci, au revoir ». Non pas qu’elle ne veuille pas vous parler et vous envoie promener, elle répond ici à votre question. Il s’agit d’une phrase qu’il est courant d’entendre dans les transports en commun. L’étudiante signale d’ailleurs qu’il s’agit d’une marque de politesse permettant de témoigner au chauffeur sa gratitude et de ne pas considérer son service comme acquis. La France est le pays de la politesse ? Ne généralisons pas, oui les français sont polis, mais comme partout il y a des individus qui ne souhaite pas se plier à cette règle de conduite morale. Ingrid le signale d’ailleurs parfaitement.

Le moment de partager un repas chez les hôtes toulousains arrive enfin. Voici le moment tant attendu pour découvrir l’un des traits les plus caractéristiques de la culture française : la gastronomie.

Joséphine signale l’importance que revêt la nourriture dans les sociétés contemporaines comme la France. Pour elle, plus que d’être un simple besoin primaire, la nourriture est avant tout identitaire. L’étudiante souligne en effet que ce que nous mangeons reflète notre façon de vivre, ainsi que notre philosophie. Cette expérience a également permis une révélation qui semble parfaitement normale à ce stade du séjour. Oui la baguette de pain fait partie intégrante de la table des français, le coq au vin, le cassoulet et la bouillabaisse… un peu moins ! Joséphine a parfaitement raison, cerner un concept aussi abstrait que « la culture française » dans la réalité du repas semble impossible.

Pourtant Luke a eu la chance de découvrir des spécificités culinaires françaises qui, au-delà de la simple baguette de pain, sont relativement caractéristiques de ce qu’est le repas habituel d’un citoyen français. En effet, le fromage était sur la table ! Il s’agissait de roquefort et la stupeur a été au rendez-vous lorsque l’étudiant a appris que le nom provenait en réalité de caves appelées Roquefort. Luke a ainsi pu toucher du doigt la grande diversité qui entoure les spécialités culinaires de l’hexagone. Seulement, comme sa camarade Joséphine, il estime à juste titre qu’il convient de ne pas généraliser. Des familles américaines ont également l’habitude de consommer des produits locaux et de prendre le temps de savourer de la bonne nourriture. Inversement, des familles françaises consomment elles aussi de la junk food.

Du reste, la culture française est loin d’être imperméable. Ce serait même tout le contraire. En effet, la langue comporte de plus en plus d’anglicismes et Tristan, lors d’une balade au nouveau centre commercial de Compans-Cafarelli, s’en amuse beaucoup. En effet, le lieu n’est pas encore totalement achevé que déjà des affiches publicitaires font la promotion des services à venir. Quoi, un « french burger » ? Pourquoi pas un hamburger français tout simplement ? Bien que le terme soit déjà emprunté à la langue de Shakespeare… La similitude peut parfois être aussi déroutante que la différence culture. En l’espèce, tel est le cas.

Le choc culturel du à la cuisine ne saurait se limiter au seul diner. Les étudiants ne pensent-ils qu’à manger ? Non, du moins pas à ma connaissance. La nourriture française est leur tout premier élément de comparaison tangible sur la thématique du choc des cultures. Christie n’échappe donc pas à la règle. Ce coup-ci, le coupable n’est plus le diner mais le petit-déjeuner. Quoi ? Des bols de thé et de cafés dans lesquels on trempe ses tartines de pain ? L’étudiant, pourtant cosmopolite en raison du fait qu’elle a vécu dans beaucoup de pays différents, n’avais jamais vu ça ! L’explication dite « terre à terre » serait celle qui dirait qu’un bol est plus large qu’une tasse, et que d’y tremper son pain serait plus facile. Pourtant, une autre cause est très vite apparue à l’étudiante. Serait-ce la volonté de tout simplement apprécier son petit-déjeuner ? De s’assoir en sirotant son café plutôt que de le prendre à emporter sans avoir le temps de le savourer. L’explication semble très convaincante. Du reste, Christie s’est livrée à l’expérience et avoue, non sans joie, qu’il est bon de prendre le temps d’apprécier les bonnes choses.

Bienvenue en France !

Michaël Capdase

 

This quote of the philosopher Michel Serre announces the beginning of a great adventure for the second semester Dickinson students. They had barely set foot on the Toulouse airport tarmac before France entirely filled their lungs. It was as if the Marianne herself was welcoming them.

 

Since the airport was situated outside the city, it is necessary to take a car or public transportation to get to their hosts’ homes. Those who travelled by bus remember that even before reaching the city centre, they well and truly felt the presence of French culture.  Invisible, undetectable, but nevertheless in the air: how then do we know it’s there? Just ask Ingrid. She will respond, “Merci, au revoir.” It isn’t that she doesn’t want to talk to you or get rid of you, she’s answering your question. This is a commonly heard phrase in French public transportation. The student explains that it’s a sign of politeness, showing gratitude to the driver and expressing that she doesn’t take the service for granted. Is France the land of politeness? Let’s not generalize – yes, the French are polite, but like anywhere else there are individuals who don’t wish to comply to these rules of moral conduct. Ingrid understands perfectly.

 

Finally, the time to share a meal with the hosts has arrived. Now is the long-awaited moment for students to discover one of the most characteristic traits of French culture: la gastronomie.

 

Josephine signals the importance food takes in contemporary societies like France. For her, more than a simple primary need, food is above all a part of one’s identity. The student suggests that what we eat reflects our way of life, as well as our philosophy. This experience also allows a revelation that seems perfectly normal at this stage of the stay. Yes, the baguette is an integral part of the French table, coq au vin, cassoulet and bouillabaisse…a little less! Josephine is perfectly right, to define a concept as abstract as “the French culture” in the reality of a meal seems impossible.

 

Yet Luke has been lucky enough to discover French culinary specialties that, beyond the simple baguette, are relatively characteristic of that which constitutes a typical French meal : the cheese was on the table! While eating Roquefort, Luke was astonished to learn that the cheese is named after the cave in which it is made. He had begun to discover the great diversity that defines French cuisine. Only, like his classmate Josephine, he rightly recognizes that it’s better to not generalize. Just as there are American families who consume local products and take time to savour good food, there are also French families who consume junk food.

 

Besides, French culture is far from impenetrable. In reality, it’s the opposite – the French language includes more and more Anglicisms, which Tristan, while walking through the new mall at Compans-Cafarelli, found quite amusing. The space isn’t even completed, and yet there are already advertisements promoting services to come. What is a “French burger”? Why not simply “un hamburger français”? Although the term “hamburger” itself is borrowed from English, the cultural similarities can sometimes be as disconcerting as the differences. That’s the case in this situation.

 

Food-based cultural shock isn’t limited to dinner. Do students only think of eating? Not to my knowledge. Food is often one of students’ first tangible mediums of cultural comparison, and therefore one of their first experiences of culture shock. Christie doesn’t break this rule. This time, the guilty party is not dinner, but breakfast. What? Bowls of tea and coffee in which one dunks toast? Even this student, however cosmopolitan she may be – having lived in multiple countries, has never seen the like. The logical explanation would be that since a bowl is larger than a cup, it is therefore easier to dunk your toast. However, another explanation quickly came to the student: might it simply be the desire to take the time to appreciate breakfast? To sit and sip your coffee, rather than gulp it down on the go without savouring it? That explanation seems very convincing. Christie has engaged in this experience and joyfully admits that it is good to take the time to appreciate life’s pleasures.

 

Bienvenue en France!

André Malraux (1901-1976) disait de la culture qu’elle nous apparait comme « la connaissance de ce qui a fait de l’homme autre chose qu’un accident de l’univers ».

L’histoire de l’humanité est extrêmement complexe, les conflits en sont en effet devenus innombrables, à l’image des guerres mondiales de 1914 à 1918, et de 1939 à 1945.
Pourtant, le cours des événements fourni également d’excellents exemples de rapports sociaux harmonieux entre les individus, l’essor du service civique en France en est l’un des témoins.

Cette histoire tumultueuse se révèle-t-elle dans l’héritage français ? Son ambivalence est-elle à la source d’une culture complexe et insaisissable ?
C’est à ces questions que les étudiants Dickinson tenteront de répondre.

Durant le premier semestre 2016, nos jeunes étudiants ont eu l’occasion de se rendre en excursion historique à Rodez. Sous l’œil attentif de ses professeurs, Allen a pu constater la magnificence de la Cathédrale de la ville ainsi que le poids de l’histoire qui pesait sur ses voutes.
L’édifice dispose d’un héritage très lourd, puisque en plus d’être un lieu de recueillement permettant de se rapprocher du divin, elle était avant tout une fortification. Ses murs étaient autrefois partie intégrante de la muraille qui entourait la ville, et servaient de défense contre les agressions extérieures.
Ainsi, un bâtiment d’une grande beauté architecturale dont les fonctions premières étaient tournées vers la religiosité, se révèle aussi être un outil de guerre.
En cela, le caractère tumultueux de l’histoire de l’humanité se retrouve dans notre héritage actuel.

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La Cathédrale de Rodez n’est toutefois pas le seul exemple d’une ambivalence historique. L’excursion à Paris au mois d’octobre 2016 a également permis à Andréa de contempler le château de Versailles, ancienne demeure des monarques de France.
Les ornements dorés, l’immense portail d’entrée et la grandeur des lieux témoignent de caractère majestueux de cet édifice. Pourtant, il n’aura pas fallu longtemps à l’étudiante pour comprendre que le « diable s’habille en Prada » (David Frankel 2006). Elle est en effet consciente de l’histoire complexe de la France. Ce château, en plus d’autres facteurs, a été à la source de la révolution française de 1789. Le peuple ne supportant plus une vie de privation face aux excès de la monarchie.
L’histoire de France laisse donc encore des traces de son passé ambivalent, mais elle n’en demeure pas moins riche. Ainsi, il a été aisé pour les étudiants de faire le rapprochement entre une histoire raffinée et une culture contemporaine complexe.

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L’héritage légué par l’histoire française est donc, en plus d’être ambivalent, à la source de la culture actuelle et des rapports sociaux entre les individus. Les étudiants de Dickinson sont d’ailleurs en permanence confrontés à ces legs.

La France est connue pour être le pays de la mode dans le monde entier. Les événements dédiés aux vêtements sont effet monnaie courante dans l’hexagone. Ashley constate d’ailleurs à l’occasion d’une virée shopping qu’il y a un style vestimentaire, en particulier masculin, propre à l’Europe. Les français seraient plus à l’aise avec leur féminité, et l’idée selon laquelle la sexualité n’est pas retranscrite par l’habit. Quelles seraient alors les explications d’un tel constat ?
La conclusion à laquelle parvient Ashley est que la culture serait à l’origine d’une mode à la française. Outre les habitudes alimentaires différentes, un passé tumultueux conduirait nécessairement à une plus grande acceptation de l’autre. Ladite acceptation permettrait une expression de la personnalité à travers l’habillement.
En cela, l’héritage de l’histoire française complexe se matérialiserait encore aujourd’hui dans les esprits inconscients des férus de mode.

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Seulement, il ne pourrait il y avoir que des aspects positifs dans ce cycle. Les legs peuvent aussi mener à des incompréhensions. Ainsi, la culture ne serait pas choisie et acceptée, mais simplement imposée et vécue passivement.
Les fêtes de Noël viennent à peine se terminer que déjà les questions sur les habitudes des français fusent. Le constat a été dressé qu’il n’y a qu’une minorité de toulousains qui décorent leurs maisons de lumières. Les explications de Louise se dirigeaient dans un premier temps vers des raisons d’économie d’énergie. Pourtant, dans un deuxième temps, la stupeur était au rendez-vous lorsque la réponse était simplement : « cela ne se fait pas vraiment en France de décorer sa maison avec des lumières lorsque c’est Noël ».
L’histoire peut alors fournir un héritage culturel passif, lequel se vit naturellement sans que des questionnements quant à sa portée ou sa source ne se posent.

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Finalement, n’est-ce pas cela qui fait la beauté d’une culture ? Ne pas comprendre sa provenance ni les raisons qui la justifient, mais simplement l’apprécier pour ce qu’elle est ?
Les marchés de Noël sont courants en France, et ne pourraient en aucun cas se concevoir sans le traditionnel vin chaud. Que l’on aime ou pas la boisson, impossible de passer à côté des effluves d’épices qui s’échappent des marmites le long des stands.
Alors que Georgina demandait à son hôte des explications sur cette tradition, il lui a simplement répondu que sa mère avait pour habitude de le faire quand il était petit, tout comme sa propre mère avant elle…

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La boucle est ainsi bouclée. La culture est avant tout un héritage du passé. Qu’on la comprenne ou non, elle symbolise l’appartenance à une société. La complexité de l’histoire française entraine nécessairement une ambivalence culturelle. Certaines habitudes sont plaisantes, d’autres non. Pour autant, il est bon de s’immerger dans ce monde inconnu et d’en décrypter les codes.

Et puis, la compréhension d’aujourd’hui ne permet-elle pas de préparer demain ?

 

Michaël Capdase

 

 

André Malraux (1901-1976) said that culture is what makes man something other than an accident of the universe. 

Human history is extremely complex. Conflicts have become numerous, as seen in the first and second world wars.  However, history also provides excellent examples of social harmony between individuals. The growing popularity of community service in France is a testament to this.

How does this tumultuous history manifest in French culture? Might such ambivalence be the source of a complex or maybe even an incomprehensible culture?

Such are the questions that this group of Dickinson students will try to answer…

 

During the fall of 2016, our students had the opportunity to explore Rodez.  Under his professors’ attentive gaze, Allen was able to realize the magnificence of the city’s cathedral, as well as the weight of history contained in its vaults.  The building carries a heavy history, in addition to being a place of worship, a way to convene with the Divine, it was above all a fortification. The walls of the city served as defense against external aggressors. Thus, a building of great architectural beauty with a primarily religious function reveals itself to also be an instrument of war. In this manner, the tumultuous character of human history is found in our modern heritage.

The Rodez Cathedral is not the only example of ambivalent history. In October 2016 during the Paris excursion,  Andrea took the time  to contemplate Versailles, the former chateau of French monarchs. The gilded ornaments, the immense entrance and the grandeur of the palace stand as evidence of the majestic character of this edifice. However, it does not take long for students to understand that “the Devil Wears Prada”. Aware of the complex history of France, Andrea understands that the chateau, along with other factors, were at the heart of the French Revolution of 1789. The working-class refused to tolerate a life of deprivation while the monarchy’s enjoyed a life of excess. Therefore, despite the traces of a violent past, French culture remains very rich. Thus, it is easy for students to understand the relationship between a refined history and a complex, contemporary culture.

Beyond being ambivalent, French historical heritage is the source of our modern culture and the basis of social relations.  Dickinson students are continually confronted by this legacy.

France is known for being the fashion center of the world. Key fashion events are commonplace within the Hexagone. Ashley, out on a shopping spree, noticed that there is a distinct European style unique, particularly for men. French men are more at ease with their femininity and with the idea that their sexuality is not defined by their clothing. What could explain this observation? The conclusion that Ashley reached is that “French fashion” originates from its culture. A tumultuous past has led to a great acceptation of others. This tolerance permits personal expression through clothing. In this way, the impact of a complex, French history materializes today in the subconscious of people with a passion for fashion.

There are not only positive aspects to this cycle. Legacies can also lead to misconceptions. Thus, culture is not chosen or accepted, but simply imposed and experienced passively.

Just as Christmas celebrations were beginning, the students had questions about French customs. Students observed that only a small number of Toulousains decorate their homes with lights. Louise first attributed this choice to energy conservation. However, she was surprised to find that the response was simply “That is not how it is done; we don’t decorate our houses with Christmas lights in France”. History can provide passive, cultural heritage, naturally without question of its manifestation or source.

Overall, does not this opacity make culture more beautiful? Not completely understanding its origins nor its justifications, nor reasons, but simply appreciating it for what it is? 

Christmas markets are common in France, and could not exist without traditional mulled wine for sale.  One may or may not like the drink, but it is impossible to miss the wafts of spices that rise from large cooking pots among the booths. 
When Georgina asked her host to explain this tradition, the answer was simply that her mother used to make it when she was a child, just like her own mother before her.

 

The cycle continues. Culture is, above all, inherited from the past. Whether you understand it or not, it symbolizes one’s belonging to a particular society. The complexity of French history necessitates cultural diversity. Certain customs are pleasant, others are not. Either way, it is important to immerse oneself in an unknown world, and decrypt the social codes.

 

As such, maybe by better comprehending today might we better prepare for tomorrow?

 

Michaël Capdase

« Après un autre moment de silence, elle a murmuré que j’étais bizarre, qu’elle m’aimait sans doute à cause de cela mais que peut-être un jour je la dégoûterais pour les mêmes raisons » (Albert Camus, L’étranger, 1942)

Le monde littéraire s’est toujours passionné pour les différences qui existent entre les êtres humains. Camus semble avoir perçu toute l’ambivalence qui les animent, tantôt fascinantes, tantôt détestables, elles n’en demeurent pas moins distrayantes. Le dicton « si on était tous pareil, on s’ennuierait » prend alors tout son sens. Une fois de plus, les étudiants Dickinson relatent ces divergences culturelles, et nous livrent leurs débuts de réflexions !

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La conception de la barrière qui sépare les sphères publiques et privées semble, pour Hannah, mériter toute notre attention. L’image des clôtures qui entourent les habitations est un exemple on nepeut plus parlant. Là où les maisons américaines apparaissent relativement ouvertes et accueillantes, les bâtisses françaises et leurs murs d’enceinte semblent infranchissables, masquant même jusqu’à l’habitation. Pour certain, cette ouverture architecturale aux États-Unis serait le symbole d’une vie professionnelle qui s’immisce dans les relations familiales, ou encore un moyen de révéler aux yeux de tous une certaine réussite sociale. Quelles que soient les raisons qui motivent cette grande distinction, il n’en demeure pas moins que, pour Hannah, le « culte de la beauté » serait à l’origine de l’ouverture accueillante.

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Alors le « culte de la beauté » est-il exclu de la société française ? Kristin nous en livre un exemple marquant, et ce par le biais du prisme de la beauté corporelle, physique. Elle remarque que les cabinets de toilettes français ne sont pas nécessairement tous équipés de miroir. L’image que l’on renvoie est-elle ainsi moins importante en France ? Le « culte de la beauté » physique est-il absent ? Probablement pas, il serait simplement différent. C’est d’ailleurs la conclusion à laquelle parvient Kristin, il ne s’agirait que d’une simple différence culturelle, qui peut tout de même se révéler déconcertante lorsqu’on n’en a pas l’habitude. D’ailleurs, elle affirme volontiers que l’abandon du paraitre a du bon, et permet d’avantage de se concentrer sur ce qui est réellement essentiel.

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Zoé nous livre également d’autres différences culturelles surprenantes pour un jeune américain. Qu’il s’agisse des systèmes de santé ou universitaire, les locaux français qui abritent les médecins, étudiants ou professeurs paraissent quelque peu datés en comparaison d’avec les États-Unis. Quid alors de l’explication d’une telle différence ? Zoé met en avant le financement majoritairement public de ces institutions. Le « culte de la beauté » des locaux institutionnels et de leurs équipements, absent en apparence, serait alors lié à des moyens économiques moindres. Pour autant, cette sphère privée qui semblerait en lien avec la modernité architecturale ne serait pas inexistant. Il est des universités, écoles ou encore cliniques qui ne sont pas entièrement financées par des fonds publics, mais bel et bien privés. Ces institutions là se démarquent par une modernité omniprésente, tant dans leurs équipements que la structure qui les accueille. Finalement, Zoé arrive à une conclusion semblable à celle de Kristin. La beauté ne fait pas la qualité. Les prestations proposées par les services de santé, ainsi que les cours dans les universités françaises ne sont pas impactés par des locaux qui semblent de prime abord datés. D’ailleurs, le rhume tenace de Zoé s’est guéri en quelques jours après la consultation chez le médecin !

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Toutes questions de financement institutionnel mises à part, mais en lien avec le système de santé français, Erika se demande comment la population fait pour échapper aux urgences médicales, alors que le code de la route du pays parait peu accessible pour un jeune américain. Priorité à droite, peu d’espace pour tourner, omniprésence des giratoires… Les français seraient-ils simplement chanceux pour ce qui est d’éviter les accidents ? Probablement pas, l’habitude explique l’aisance, et si les français paraissent éviter les accidents, c’est tout simplement parce que le code de la route leur est enseigné dès le plus jeune âge, et donc qu’il ne leur parait pas obscur un seul instant. Pourtant, on ne le dira jamais assez, le nombre de morts sur la route est loin d’être nul. Les préconisations faites par Erika semblent, avec cet élément, plus que louables.

Toutes ces divergences culturelles, comme le disait Camus, sont un facteur d’attrait entre les peuples. Malheureusement, elles peuvent aussi être tellement déroutantes qu’elles finissent par créer un clivage important. Pourtant, et les étudiants Dickinson en ont conscience, si tout le monde était pareil, de quelles richesses disposeraient l’être humain ? Finalement, de légères différences ne nous amènent-elles pas à une contemplation profonde du monde qui est le notre ?

Michaël Capdase

 

 

« Après un autre moment de silence, elle a murmuré que j’étais bizarre, qu’elle m’aimait sans doute à cause de cela mais que peut-être un jour je la dégoûterais pour les mêmes raisons » (Albert Camus, L’étranger, 1942).

The literary world is always interested by the differences that exist between humans. Camus seems to have noticed all of the ambivalence that they present, at times fascinating, at times disagreeable, they’re not any less entertaining. The saying “if we are all the same, life would be boring” begins to make more sense. Once more, a few Dickinson students present their views on these daily cultural divergences and offer their reflections.

The idea of the barrier that separates public and private life seems, to Hannah, to merit our attention. Fences that she has observed around French houses represent the idea of this barrier. From the outside, American houses appear relatively open and welcoming. However French homes are relatively closed off, sometimes even obstructing the view of the house from the street. For some, this difference symbolizes the cultural contrast between the merging of family and professional life. For others, it could even be a difference in the method of displaying one’s social success. Whatever other reasons exist for this large distinction, Hannah finds that obsession with appearances could be the basis.

So, is the obsession with appearance, with beauty absent from French society? Kristin brings us a noteworthy example through different perspectives on physical beauty. She notes that French half-baths don’t necessarily have a mirror. Is it less important to check how you look in France? Is the obsession with one’s appearance inexistent here? Most likely not, it could simply be different. Kristin came to the conclusion it is just a cultural difference that can be frustrating when one is not used to it. Besides, putting aside physical appearances sometimes makes room for one to concentrate on that which is essential and real.

Zoe points out other surprising cultural difference based on appearances for a young American. Comparing healthcare and university systems, her experience in French university and her visit to a medical doctor suggest that these institutions are a bit run down in comparison to those of the United States. How can we explain this difference? Zoe finds public institutional funding to be a major cause. These institutions may lack in appearance and their resources based on their lack of sufficient financial means. As such, the private sector is more associated with modern architecture. There are universities, schools, and even clinics that are not entirely financed by public funds. Such institutions often display an omnipresent modernity with state of the art equipment. Overall, Zoe and Kristin came to similar conclusions; external beauty does not equal quality. French medical structures and French universities may appear less well maintained, but this does not necessarily imply an inferior level of care or of study. What’s more, Zoe’s cold finally went away after her doctor’s visit!

All questions of government funding put aside, but in line with the French health system, Erika asks how the population avoids medical emergencies when traffic can seem chaotic because the rules of the road are less clear to her. Complicated use of the right of way, little room to turn, and roundabouts everywhere…the French are possibly just lucky to avoid accidents. Or maybe, the French are used to this as they learn the rules of the road quite young and thus it seems obvious and natural to proceed this way. Yet, we cannot emphasize enough how reckless driving results in a good number of deaths. Erika’s reasoning seems, with this element in mind, acceptable.

All of these cultural differences, as Camus said, bring people together. Unfortunately, they can also be very disconcerting, creating deep fractures in our understanding of each other. Yet, as the Dickinson students are aware, if the whole world was the same, what beauty would we find in being human? After all it is these seemingly small differences that offer food for thought about the greater world that surrounds us…

« Voyager sans rencontrer l’autre, ce n’est pas voyager, c’est se déplacer ».

Tels étaient les mots d’Alexandra David Neel (1868-1969), journaliste, écrivaine et exploratrice française. Le voyage ne doit alors jamais être considéré comme une fin en soi. Le voyage pour le voyage ne rime à rien. Voyager, c’est avant tout une manière de se baigner à corps perdu dans la rencontre de cet Autre.

Mais qui est-il ? Pourquoi est-il si différent de moi ? Doit-je l’aborder ? Si oui, comment ?

Cet Autre, c’est tout simplement l’habitant de ce nouveau pays qui appelle à la découverte, qui a grandi bercé par une culture française, qui se nourrit de baguettes de pains et connait sur le bout des doigts ses classiques musicaux. Aucun français qui se respecte serait totalement incapable d’entonner le célèbre refrain d’Edith Piaf: « Quand il me prend dans ses bras, qu’il me parle tout bas, je vois la vie en rose » !

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Les étudiants américains du programme d’échange international Dickinson en France ont eu l’occasion de se confronter à l’Autre qui a une culture si différente. D’ailleurs, il en est extrêmement fier ! En témoignent les journées du patrimoine qui une fois par an permettent aux citoyens français de se voir ouvrir les portes des plus célèbres monuments du pays. Hung, qui n’est pas sans intérêt pour le patrimoine culturel de l’hexagone, a eu la chance de visiter le célèbre Capitole de Toulouse qui, rappelons le, était autrefois le siège du pouvoir des Capitouls.

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Ces journées du patrimoine sont également l’occasion de re-découvrir pour certains, découvrir pour d’autres, l’immense rayonnement international de la France. Forte d’une image romantique à souhait, véhiculée par les cadenas qui scellent l’amour des couples sur le pont des arts, elle est longtemps restée le pays le plus visité dans le monde, avec en 2014 plus de 32 touristes par habitants ! Zachary constata, lors de balades parisiennes au bord de la Seine, que l’être humain amoureux ne pouvait résister à la tentation de cette passerelle. L’envie d’y laisser un symbole fort d’un amour inconditionnel et éternel se fait plus puissante que tout, quelque fois au détriment de la préservation de monuments historiques… Ledit pont était en effet menacé par le poids des milliers de cadenas, avant que la mairie ne décide de les enlever.

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Les journées du patrimoines sont des moments privilégiés dans la vie d’un français, et souvent relativement éreintantes pour ceux qui en profitent jusqu’au bout sans en perdre la moindre miette. Mais lorsque les monuments ferment, vient le temps de rentrer chez soi, en voiture pour les uns, mais pour les autres plus écologistes c’est en bus que le trajet se réalise ! D’ailleurs, ce mode de transport en commun permet de réaliser à quel point la politesse fait partie intégrante de la culture française. Certes, il y aura toujours des gens mal élevés, mais Jillian a pu réaliser qu’une coutume existait dans les bus toulousains. Rares sont ceux qui ne disent pas « merci, au revoir » aux conducteurs. Les chauffeurs sont des personnes essentielles au bon fonctionnement du service des transports, en plus de conduire les individus d’un point A à un point B, ils sont surtout un vecteur de déplacement responsable du point de vue de la planète.

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Une fois à la maison, les moments de détente reprennent leur droit. Qui dit relaxation, dit partage avec sa famille. Qui dit partage dit repas ! La France est très attachée au fait de manger tous ensembles. Une fois de plus, les étudiants Dickinson ont pu en faire l’expérience. Mais… Parce qu’il y a un mais dans ce tableau idyllique, l’heure de la prise des repas peut paraitre étonnamment tardive d’un point de vue extérieur. Si il existe une expression qui dit « manger à l’espagnole » pour caractériser les repas qui s’éternisent, les français sont également très forts à ce petit jeu. D’ailleurs Lily ne manque pas de préciser la différence culturelle en la matière, et l’adaptation nécessaire qui en résulte. Elle souligne également l’importance que ces prises de repas ont pour les français, et en profite pour rappeler la nécessité de ne pas manger entre les repas pour mieux apprécier ces moments de partage.

Si Alexandra David Neel était toujours, elle confirmerait que les étudiants Dickinson ne sont pas en déplacement, mais bel et bien en voyage !

 

These are the words of Alexandra David Neel (1868-1969), French journalist, writer and explorer. The journey must never be considered as an end in itself. Traveling for the sake of traveling serves no purpose. Traveling is above all, a way of plunging headfirst into new and different relationships.

But who are these new people? Why are they so different from me? Should I approach them? If so, how? These others are quite simply the inhabitants of this new country that begs to be discovered who were raised in the French culture, who are fed baguettes and know classical music like the back of their hands. No self-respecting French person would hold back in singing along this famous lyric by Edith Piaf: “Quand il me prend dans ses bras, qu’il me parle tout bas, je vois la vie en rose.”

The American students of the Dickinson en France international exchange program have the opportunity to interact with the French who have a very different culture; a culture that they are very proud of. Witnessing the Journées du Patrimoine or Days of Heritage, once a year French citizens are permitted to see behind the doors of the most celebrated monuments of the country. Hung, who is quite interested in French cultural heritage, had the chance to visit the famous Toulouse capital building the former seat of power of the Capitouls. These heritage days are an occasion for some to rediscover, for others to discover the global scope of French cultural influence. The romantic image of France, represented by the padlocks which seal a couple’s love on Paris’s Pont des Arts, explains why it is the most visited country in the world, with 32 tourists per citizen in 2014. Zachary noted that, while strolling on the banks of the Seine, a lover cannot resist the temptation of this bridge. The desire to leave a symbol of unconditional and eternal love on the bridge is stronger than anything else, often to the detriment of the preservation of the historical monument. This bridge was, in reality, threatened by the weight of thousands of padlocks before the city government decided to remove them.

The Days of Heritage are precious in the lives of the French, and are often exhausting for those who take full advantage of every opportunity. When the monuments close comes the time for people to return home, some by car and the more eco-friendly by bus. This type of public transport allows us to realize the extent of the role of politeness in French culture. Despite some impolite passengers, Jillian realized that a ritualized practice exists in Toulousian buses. Rare are those who don’t say “Merci, au revoir” to the conductors. The drivers are essential to the proper functioning of public transit, and more than taking people from point A to point B, they are a symbol of sustainable transportation.

Once at home, relaxation takes hold, which means to spend time with family, especially sharing meals. France is very attached to the idea of eating all together. Once more, Dickinson students were able to have this experience. However, there is a caveat in this idyllic picture – the time that meals are eaten appear very late from an outsider’s prospective. If there exists an expression that says, “eating like the Spanish” to characterize long meals, the French are equally guilty. Lily made a point to notice the cultural difference regarding meals and the required adaptation. She highlighted the importance that meals have for the French, and she noted the necessity of not snacking to better appreciate time spent eating together.

If Alexandra David Neel was right, she would confirm that Dickinson students are not just traveling but are well and journeying!

 

 

Mai 2016 : dernière édition de La Une

Chers lecteurs, chères lectrices,

Nous voilà déjà arrivés (encore une fois!) à la fin du semestre, et de l’année académique!

Les étudiants ont fait les valises et fait leurs adieux à la ville rose et se préparent pour des stages et des petits boulots d’été et pour leur dernière année dans leurs université respectives. Nous leur souhaitons une très bonne continuation aux États-Unis et espérons qu’ils resteront en contact avec nous ici à Toulouse. Pour ceux qui arrivent le 3 septembre, nous serons ravies de vous rencontrer bientôt.

C’est avec beaucoup d’émotion que nous vous présentons la dernière édition de La Une de 2015-2016. Nous conseillons l’article d’Ethan Farber sur le vélo à Toulouse à nos futurs étudiants. Dans la rubrique “Excursions” vous trouverez plusieurs articles à propos de nos activités à Paris, dont la Cité de l’immigration, la Comédie-Française, le Centre Pompidou et MAGIS.

Merci à tous les étudiants qui ont participé à ce blog, et merci à vous, chers lecteurs, pour votre fidélité. Nous vous souhaitons un très bel été et serons ravies de vous revoir en septembre!

-L’équipe Dickinson en France-

 

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Ressentir une ville à la française ; ou les plaisirs et bénéfices de rouler à vélo sur Toulouse

– Ethan Farber

Bienvenue, voyageur américain ! Vous êtes arrivé à Toulouse, la quatrième ville de France et un centre culturel et commercial important du sud-ouest du pays. Voici une carte pour que vous puissiez vous repérer.

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Comme toute ville importante, il y a toujours quelque chose à voir et à faire à Toulouse. Le plus important c’est de savoir se déplacer dans la ville. Vous avez probablement apporté quelques bouquins remplis de conseils sur où aller, quoi visiter et quoi manger. C’est sûr! J’ai fait pareil.

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Cependant, être bien renseigné ne représente que la moitié de l’équation. L’autre moitié consiste à savoir traverser la ville. Toulouse vous offre une grande variété d’options de transport public et dispose d’un réseau exceptionnel et varié : des bus, des lignes de métro, un tramway, des taxis et des navettes. Il n’est pas du tout difficile de se déplacer dans la ville.

En réalité, le but de cet article n’est pas de vous conseiller de profiter du système de transport public de Toulouse. Vous allez y passer plusieurs mois, voyageur américain, et vous prendrez sans doute le métro et le bus plusieurs fois. Je voudrais vous présenter une autre façon de vous déplacer dans la ville. Regardez plutôt la photo suivante.

Le canal du midi, photo de Ethan Farber

Le canal du midi, photo de Ethan Farber

Quel beau tableau, resplendissant et serein—attendez. Qu’est-ce que c’est que ça ?

AGRANDISSONS UN PEU….

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AGRANDISSONS ENCORE…..

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Est-ce un oiseau ? Un avion ? Non, c’est un vélo. Un vélo, vous dis-je ! Eh bien, quelle est l’importance d’un simple vélo ? Me direz-vous. Rien d’inhérent, sauf que les Français, et les Européens en général, adorent les vélos. Lorsque l’on circule dans la ville, pas une minute ne s’écoule sans qu’on ne voie quelques Toulousains filer près de nous à toute vitesse. À vrai dire, c’est totalement différent de mes expériences dans les banlieues de St. Louis, ma ville natale.

Cependant, après y avoir réfléchi, on peut voir pourquoi rouler à vélo est tellement populaire dans une ville comme Toulouse. Bien que Toulouse soit la quatrième ville de France, le centre-ville n’est pas particulièrement grand, et au lieu de passer du temps à marcher jusqu’à la station de bus la plus proche et d’attendre le bus suivant, il est souvent plus facile de rouler à vélo jusqu’à sa destination. De plus, la plupart de rues ont une voie réservée aux bus et aux vélos, et il y a même un service public qui met à disposition des vélos pour tous. Ce service s’appelle Vélo Toulouse, et il s’agit de centaines de dépôts de vélos éparpillés partout dans la ville de façon à ce que l’on puisse toujours louer un vélo facilement.

Un service similaire existe dans d’autres villes françaises, y compris Paris. À mon avis, on devrait considérer ces services comme une attitude culturelle vis-à-vis des transports et du temps. Les Français, et peut-être les Toulousains en particulier, ont une conception du temps plus souple que celle des Américains. On ne devrait pas être surpris qu’il existe le « quart d’heure toulousain », c’est-à-dire les 15 minutes de plus qu’il faut attendre pour les concerts ainsi que pour les rendez-vous. Mon hôtesse et d’autres habitants de Toulouse m’ont informé que cette attitude décontractée est caractéristique du sud de la France, où les gens aiment prendre leur temps et apprécier l’environnement autour d’eux.

Mon hôtesse m’a aussi confié qu’il existe selon elle un contraste avec l’inclination américaine vers l’optimisation et la productivité. Je pense que cette différence mérite de la considération, et qu’elle met en valeur quelque chose d’important que je souhaite partager avec vous, voyageur américain…

Roulez à vélo pendant votre séjour! Une fois par semaine suffira. Ne voyez pas le métro et le bus comme les seuls moyens pour vous déplacer dans Toulouse, car ni l’un ni l’autre ne vous apprendra le plan de la ville, et aucun des deux ne vous encouragera à regarder autour de vous.

Souvenez-vous de prendre votre temps ici. Essayez de prendre du plaisir en voyageant dans la ville. Explorez les petites rues et les ruelles de temps en temps. Vous passez tout un semestre à l’étranger pour voyager, apprendre et explorer. Alors, explorez donc, je vous en implore!

Une balade à vélo, photo de Ethan Farber

Une balade à vélo, photo de Ethan Farber

On ne sait jamais quel beau tableau on rencontrera.

 

Éditorial : mars/avril 2016

Chers lecteurs, chères lectrices,

Nous voici déjà à la fin du semestre ; il reste une semaine de cours avant les vacances et à la fin de cette semaine Dickinson en France part à Paris avec les étudiants du deuxième semestre (vous pourrez lire des articles à propos de cette excursion dans la prochaine et dernière édition de La Une 2015-2016, qui sortira en mai).

Dans cette édition de La Une, Naomi vous parle des grèves récentes à Toulouse ainsi que de son service civique à ASEC Bagatelle, et Geneviève vous livre ses observations sur la différence entre le cinéma français et américain.

Bonne lecture et bonnes vacances,
Julia

Une fois par semaine : Une exploration de l’idée de grève en France

-Naomi Johnson

Avant d’arriver à Toulouse j’ai essayé de me préparer à (ce que je pensais être) la vie française. Je savais que le dîner aurait lieu plus tard et que le style d’enseignement serait différent. Mais, il y a des choses auxquelles je n’avais pas du tout pensé. On peut comprendre seulement certains aspects de la vie quotidienne que lorsque l’on vit dans le pays. Ce qui m’a vraiment marquée, ce sont les grèves. J’ai l’impression que les grèves me posent problème une fois par semaine. Elles ont eu un effet étonnant sur ma vie et ont contribué à une meilleure compréhension de la culture française.

En tant qu’Américaine, la grève est quelque chose d’étrange pour moi. Les grèves aux États-Unis sont beaucoup plus rares et quand il y a des grèves elles sont limitées à une seule ville ou à une entreprise. La seule grève dont je me rappelle vraiment est la grève du syndicat des enseignants de Chicago(Chicago Teacher’s Union) en réponse au traitement injuste des enseignants. Cependant, cette grève n’a pas eu un réel impact sur ma vie car j’habite juste à l’extérieur de Chicago.

Une grève à contre la réforme de la loi du travail à Compans-Caffarelli. Photo de Naomi Johnson.

Une grève à contre la réforme de la loi du travail à Compans-Caffarelli. Photo de Naomi Johnson.

Jeudi dernier, alors que je me trouvais près du métro Compans-Caffarelli, j’ai observé un énorme cortège de manifestants qui défilaient dans les rues de Toulouse, comme dans d’autres villes en France. C’était un moment très impressionnant pour moi. C’était aussi très intéressant de voir un si grand rassemblement de personnes avec des profils différents, tous réunis pour manifester contre la même chose.

J’ai appris que ces grèves sont une réponse aux réformes de la loi du travail proposées par le gouvernement dans le but de relancer l’économie en facilitant l’embauche mais aussi le licenciement. Cependant, beaucoup de Français pensent que cette proposition diminuera les droits des travailleurs. Si ces réformes sont approuvées par le gouvernement, la semaine de travail pourrait être allongée. De plus, le projet de loi a été proposé par le gouvernement de François Hollande (qui soutient le projet de loi) alors que celui-ci est membre du parti socialiste. Cette réforme a beaucoup déçu les électeurs  de ggauche qui s’attendaient à ce que le Président défende mieux les droits des travailleurs.

L’autre jour, je revenais de l’aéroport après avoir voyagé pendant le week-end quand j’ai entendu qu’une grève bloquait l’accès à l’aéroport. Pour rentrer à la maison j’ai dû prendre deux bus, le tram et les deux lignes du métro. C’était un processus agaçant et irritant, mais cela m’a laissé beaucoup de temps pour réfléchir aux grèves. Dans le tram, j’ai entendu d’autres anglophones discuter, ils se plaignaient vraiment des grèves. Un homme, de façon paternaliste, a déclaré que les Français sont souvent en grève uniquement parce qu’ils ne comprennent pas l’importance du travail. Je ne sais pas s’il était sérieux ou s’il plaisantait, mais je l’ai trouvé indélicat. Il n’avait pas considéré l’importance de ces grèves dans la culture française ou la complexité de ces questions. Vu que j’habite à Toulouse en ce moment, je m’efforce de ne pas considérer les choses gênantes et problématiques (telles que les grèves) comme un problème typique de la société française, mais plutôt de participer au dialogue et d’essayer de mieux comprendre l’origine du problème.

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