De Carlisle à la Ville Rose

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LES SPECIFICITES FRANCAISES ET AMERICAINES DANS L’EDUCATION SUPERIEURE 

 

Ce semestre à Toulouse, les étudiants du groupe Dickinson en France viennent de tous les coins des États-Unis, plus précisément de l’Ohio, de la Pennsylvanie, de New York, du Maryland, de la Californie.  Plusieurs étudiants internationaux sont également présents ce qui apporte un large spectre de point de vue en cours et lors des discussions en petits groupes. Un sujet que nous trouvons particulièrement intriguant est la comparaison entre l’éducation française et américaine. Au cours de ce court journal, nous expliquerons ces différences à travers des expériences personnelles.   

Depuis le début de la COVID au début de l’année 2020, mon point de vue sur les aménagements académiques a radicalement changé. Jusqu’au présent, j’ai eu à suivre des cours en ligne tout en vivant sur le campus de mon université. Je me suis toujours sentie soutenue par l’université de Dickinson et je n’ai jamais pensé à comment les autres établissements mettent en place leurs emménagements pédagogiques, ou, même, à la façon dont les universités d’autres pays le font. En fait, pendant l’automne 2020, alors que je suivais des cours entièrement en ligne, je n’ai jamais ressenti le besoin de discuter avec mon professeur de mes aménagements pédagogiques, car les normes relatives aux examens, aux interrogations et aux devoirs à rendre avaient complètement changé. Les examens en personne, longs et supervisés, se sont transformés en examens à notes ouvertes, d’une durée de plus de 48 heures, avec parfois même des options de points bonus.   

LES AMMENAGEMENTS PEDAGOGIQUES  

Au cours de ma première semaine à Sciences Po Toulouse, j’ai immédiatement réalisé que je n’étais plus dans une petite université américaine d’arts libéraux. Les attentes à l’égard des étudiants et de leur travail tout au long du semestre étaient plus ambiguës que la méthode américaine. Je ne savais pas qu’il pouvait exister une absence de mesures de soutien à l’apprentissage dans une université française comme celle-ci. Néanmoins, j’ai pu travailler avec le centre Dickinson pour parler à mes professeurs si un problème survenait. Heureusement, j’ai trouvé que les professeurs étaient extrêmement accommodants. Je pense c’est parce que la COVID a modifié les méthodes d’apprentissage, ce qui a fait évoluer les normes d’un système éducatif peut-être plus strict comme celui de la France. La plupart des professeurs eux-mêmes semblent avoir profité de la flexibilité sur les tests et du temps de classe que la COVID a donné au monde de l’éducation. Bien que cela profite aux personnes qui ont besoin d’une aide supplémentaire pour apprendre, j’espère que ces changements de normes resteront et seront même appliqués à des personnes qui n’ont pas de difficulté d’apprentissage particulière.  

AUTONOMIE ET SUIVIT DES ETUDIANTS  

Les cours en France ainsi que le travail demandé par les professeurs sont un énorme ajustement par rapport à ce à quoi nous sommes habitués aux Etats-Unis. Le système français est bien connu pour sa difficulté de ses cours, et la sévérité des professeurs et du travail en général. Nous, en tant qu’étudiants, ne savions pas ce que cela signifiait réellement. Aux Etats-Unis, nous étions habitués à recevoir une grande quantité de travail, avec parfois l’impression qu’il n’y avait pas assez d’heures dans la journée pour faire le travail. Ici, en France, nous avons plus de cours qui durent plus longtemps. Normalement, chaque classe est une fois par semaine et rarement 2 fois par semaine et peut durer entre 1h30 et 3 heures. Les professeurs donnent rarement du travail à rendre, il y a généralement de gros devoirs tout au long du semestre basé sur le travail fait en cours. La plupart des cours sont basés sur des conférences et non sur des discussions en classe, venant d’un art libéral comme Dickinson, cela a demandé un énorme ajustement.   

Les étudiants français sont également plus habitués à travailler sur leurs devoirs tout au long du semestre. Ils savent aussi comment préparer les dissertations qui leur seront remises à la fin du semestre. Par conséquent, même s’il semble qu’il n’y ait pas beaucoup de travail à faire au quotidien, les étudiants français étudient et préparent en continue leurs grands travaux de manière indépendante. C’est la norme dans le système éducatif français, de même que les règles strictes qu’ils appliquent en matière de travail à fournir. La dissertation est l’un des devoirs qui décrit le mieux le système français : elle est rigide, stricte et doit être réalisée d’une certaine manière. Il a été surprenant de constater qu’à la fin du semestre, les étudiants doivent réfléchir à ce qu’ils ont fait et rédiger une dissertation sur un sujet choisi par un professeur sur la base des supports de cours du semestre.    

L’EXPERIENCE DE LA MOBILITE A L’ETRANGER  

Les Américains à l’étranger en France interagissent avec de nombreux étudiants du monde entier, la plupart d’entre eux faisant partie d’un programme européen d’échange appelé Erasmus. Ce programme est présenté comme un échange culturel et un moyen d’obtenir des crédits dans son université locale. Erasmus est financé par des institutions qui intègrent la Commission européenne et, en retour, les étudiants reçoivent des allocations mensuelles pour vivre. L’objectif global du programme est de permettre aux étudiants d’apprendre d’autres cultures et d’acquérir des expériences internationales dans le cadre de leurs études. Il est clair que de nombreux étudiants profitent du programme Erasmus et participent à cet échange culturel, étant donné que cette expérience est souvent attendue par leur université, ou par le système éducatif. Contrairement aux États-Unis, où étudier à l’étranger est considéré comme un privilège plutôt que comme une attente. Il existe des possibilités d’étudier dans différents pays, mais l’accessibilité à ces programmes est très variable selon l’université. Il est clair que les étudiants des États-Unis et les étudiants européens connaissent des niveaux de mobilité différents au cours de leurs années universitaires. Les universités européennes bénéficient de la proximité et de l’accessibilité du continent, ainsi que des relations bilatérales entre de nombreuses nations.  

Le programme Erasmus permet aux étudiants de faire l’expérience des échanges culturels et de la mobilité entre pays de manière immersive. Les étudiants bénéficient d’un soutien financier, dans une certaine mesure, ainsi que des aides du programme pour le logement et l’éducation. L’échange éducatif n’est peut-être pas très différent de celui de leur pays d’origine, mais il leur permet de découvrir de nouvelles normes, d’autres langues et un autre mode de vie quotidien à un jeune âge. Les étudiants universitaires aux États-Unis n’ont pas le même accès à la mobilité, c’est pourquoi il faut souvent prévoir d’étudier à l’étranger avant de choisir une université. Ce n’est pas toujours le cas, mais comme les universités diffèrent largement dans leur accès aux programmes d’études à l’étranger, cela signifie souvent que les étudiants ne peuvent pas planifier à l’avance ces opportunités. Bien que les étudiants américains ne fassent pas toujours l’expérience de la mobilité au cours de leurs années d’études, il est fréquent qu’ils suivent un programme en dehors de leur pays/région d’origine. Cela signifie qu’ils peuvent faire l’expérience d’un changement culturel, même si ce n’est pas aussi radical que de se retrouver dans un autre pays. Les étudiants des nations européennes ont accès aux universités situées à proximité de leur région d’origine et, grâce au programme Erasmus, ils ont accès à une pléthore d’écoles en dehors de leur université locale.  

LA STRUCTURE DES UNIVERSITES ET L’ENSEIGNEMENT  

Tous les étudiants du programme de Dickinson du semestre d’automne 2021 suivent les cours à Toulouse Science Po. Bien que cette université soit proche de Toulouse Capitole Université 1, la structure du campus est limitée à un immeuble de quatre étages. La plus grande question que l’on nous pose est celui « des grands campus américains. » Il fait référence aux grandes pelouses vertes et aux grandes salles de classe dans les immeubles différents sur un terrain spécifique. En France, ce n’est pas le cas, comme montrer par le campus de Science Po. Faute de place dans le bâtiment, les étudiants internationaux ont suivi les cours à distance. Le campus offre un petit café dans le même immeuble, mais la bibliothèque et la cafétéria font une partie de UT1 à l’autre côté de la rue. En comparaison avec le campus de Dickinson et celles d’États-Unis, il est difficile de qualifier Science Po de « campus » selon les termes américains. Cependant, en France c’est un vrai campus, même si de plus grands campus comme Jean Jaurès et UT1 existent.  

En plus de la structure physique et l’orientation du campus, la structure d’enseignement est très différente des États-Unis. Susmentionné dans l’article « Autonomie et suivit des étudiants » le système française est rigide et stricte. Pourquoi ? La structure des cours en souligne la cause : les professeurs organisent les cours autour d’un contenu fixe et emploient une seule méthode pédagogique. Il y a également moins d’échanges entre étudiants et professeurs mais également moins d’interaction entre étudiants. L’importante autonomie attendue est le résultat d’une structure basée sur deux ou trois devoirs par cours, qui sont additionnés pour former la note finale. Il serait donc facile de croire que l’enseignement « à la française » est plus « libre » qu’aux Etats-Unis cependant les méthodes d’enseignement utilisées sont plus strictes. Les professeurs font rarement l’appel au long du semestre, et commente rarement les absences. En réponse, les étudiants sont moins complexés par l’idée de manquer un cours, et enfin, cela ajoute aux distances entre étudiants et avec les professeurs.  

 

 CONCLUSION 

Notre expérience toulousaine a été façonnée par le système éducatif, que ce soit au travers des attentes des étudiants et des professeurs, l’accessibilité aux aménagements d’apprentissage, les échanges culturels avec les étudiants Erasmus et la structure de l’université elle-même.  Tous ces aspects de l’apprentissage contribuent à notre expérience de vie à l’étranger et jouent sur la façon dont nous percevons les expériences interculturelles françaises et américaines. Nous avons vu que les différences en matière de logement pour les étudiants sont énormes, mais l’influence de la Covid a fait évoluer les pratiques dans ce domaine. Nous constatons également des différences flagrantes dans l’expérience de mobilité des étudiants des pays participant à Erasmus par rapport à d’autres étudiants. La possibilité d’étudier à l’étranger est extrêmement encouragée et rendue possible par un réseau extérieur à l’université. Plus spécifiquement, et de manière plus radicale, nous avons remarqué que la façon dont les cours sont suivis par les étudiants, ainsi que la relation entre les étudiants et les professeurs, qui sont très différentes de ce à quoi nous sommes habitués aux États-Unis. Enfin, la structure physique de l’université et sa qualification de « campus », reflète les différences entre les universités américaine et française.  

LA VIE PRIVEE ET LA VIE PUBLIQUE 

Alors que nous nous préparions pour nos études à l’étranger, le département des Relations Internationales (CGSE) de Dickinson nous a prévenu des quelques particularités culturelles que nous rencontrerions en France. Le pain qui accompagne les petits-déjeuners, le café qui se boit dans des bols, nos hôtes qui font le linge pour toute la maison : nous avions anticipé ces petites différences culturelles. En atterrissant à l’aéroport Toulouse-Blagnac, nous avons commencé à expérimenter quelques-unes de ces différences. Nous nous sommes adaptés, aux pigeons qui volent dans l’aéroport Charles de Gaulle, à traverser les rues sans attendre les feux verts, et à éviter les crottes de chien sur les Allées Jean Jaurès.  

Quand Dickinson coordonnait notre séjour en France, nous nous sommes préparés à nous adapter à toutes les petites différences du quotidien. Mais, il y a une chose que nous n’avions pas prévue et que nous avons découverte après notre arrivée à Toulouse. Il s’agit des énormes différences philosophiques et psychologiques entre les États-Unis et la France. Par exemple, les Français vont privilégier le respect de l’environnement plutôt qu’un accès facile au confort. On peut l’illustrer par la prévalence des tasses en papier et le recyclage méticuleux des déchets. Par ailleurs, la laïcité représente une théorie de la liberté de croyance plus régulée à la différence d’une liberté de culte plus laxiste aux États-Unis. La laïcité française est une approche de l’égalité religieuse complètement différente de celle du monde anglo-saxon.    

L’un des paradigmes culturels les plus choquants, qui semble s’étendre à tous les aspects de la vie à Toulouse, est la division entre la vie publique et la vie privée. Au travers des lois, de la technologie, jusque dans les salles de classe, nous avons commencé à voir évoluer nos conceptions du privé et du public.  

LES INTERACTIONS SOCIALES 

Dans les petites universités dites ‘Liberal Arts’ des États-Unis, comme Dickinson, les étudiants sont proches de leurs professeurs. Dans certains cas, leurs relations peuvent s’apparenter à de l’amitié. Lors de ces échanges entre les étudiants et les professeurs, il est courant d’en apprendre beaucoup sur la vie des professeurs. Il peut s’agir de leur vie familiale, leurs urgences personnelles, et même leurs passions et aspirations de vie. Quand nous étions en première année, le département de mathématique invitait les étudiants à rentrer chez eux pour leur distribuer des bonbons pour Halloween. À la fin du semestre, la classe peut dîner ensemble au restaurant avec le professeur pour célébrer les examens. Quand les étudiants travaillent un projet particulièrement difficile, ils peuvent envoyer des e-mails désespérés aux professeurs après minuit, et ils peuvent espérer une réponse dans la demi-heure. Les professeurs jouent un rôle actif dans l’apprentissage scolaire et social des étudiants. Ils se souviennent de nos engagements associatifs, de nos loisirs, de nos colocataires et nos frères et sœurs, et nos villes de naissance. Les étudiants eux se souviennent de leurs professeurs toute leur vie.   

À Sciences Po, même dans les cours de travaux dirigés nous ne parlons jamais avec nos professeurs en tête-à-tête. Nous ne savons même pas si Madame Pelissier a des enfants ni si Monsieur Pourcher habite à Toulouse. Un e-mail envoyé pour clarifier les normes de la dissertation pour le cours de Relations internationales est resté sans réponse. Si aux États-Unis, les relations entre l’étudiant et le professeur sont vues comme une opportunité de partager sur sa vie privée ; en France, la rigueur de l’Université tend à séparer les étudiants des professeurs plus que des étrangers se croisant dans la rue.  

VIE PRIVEE ET VIE PUBLIQUE EN LIGNE 

En France les célébrités tirent des avantages de cette division plus stricte de la vie privée et la vie publique. Tandis qu’aux États-Unis, nous avons vu la grossesse de Kylie Jenner depuis la conception ; en France les célébrités cherchent à garder leur vie privée confidentielle. Par exemple, en 2021 aux États-Unis, une rumeur a circulé sur le réseau social TikTok selon laquelle l’acteur de “Call Me By Your Name” Armie Hammer a des tendances cannibales et utilise les réseaux sociaux à des fins perverses. Cette rumeur fut largement diffusée une semaine avant que les journaux n’aient publié l’histoire, et cela grâce aux réseaux sociaux et à la culture américaine de partager les vies privées des personnalités publiques. Par contraste, Stromae et Omar Sy ne font pas souvent face aux rumeurs d’addiction aux drogues, de tromperie et de chirurgie plastique. Nos hôtes ne lisent pas les tabloïdes français, alors que le journal “People” est disponible dans toutes les salles d’attente aux États-Unis. Considérant la prévalence des réseaux sociaux comme TikTok et Buzzfeed, qui produisent un flux constant de potins des célébrités, il ne reste que peu d’espace pour la vie privée aux États-Unis. Cela peut s’expliquer par les différentes régulations et les normes qui concernent les protections de la confidentialité sur l’internet aux États-Unis et en France.  

Chaque fois que nous déverrouillons nos portables, il y a un rappel clair des strictes régulations françaises sur la vie privée. Nous ne pouvons pas ouvrir Google, Wikipédia, ou Buzzfeed sans lire une longue annonce avant d’accepter les cookies du site. Et non seulement nous les acceptons une première fois, mais il faut recommencer à chaque fois que nous nous rendons sur le site web. Cependant l’année dernière aux États-Unis, il y a eu un scandale lié à l’App Store : une application pour les enfants, “Talking Tom”, a filmé les utilisateurs sans la permission et a extrait les données de leurs appareils mobiles. Quel contraste saisissant ! Aux États-Unis, une application peut accéder à toute information sans aucune notification ; alors qu’en France, accéder n’importe quel site sur l’internent nécessite une autorisation de cookie. Cela est dû aux nouvelles directives de 2019 de la CNIL (Commission nationale de l’informatique et des libertés). Ils ont récemment confirmé que continuer à naviguer sur un site internet après l’affichage de son bandeau cookie n’est pas synonyme d’un consentement valide pour l’utilisation des cookies en France. Les opérateurs qui utilisent des cookies et des traceurs doivent prouver maintenant qu’ils ont obtenu le consentement explicite de l’utilisateur.  

Ici en France, nous sommes protégés par une loi européenne appelée RGPD – Règlement Général sur la Protection des Données. C’est pour que la population française, et plus largement européenne soit fortement protégée des extractions de données par des entreprises. Créé en 2016, et mis en œuvre en 2018, il existe maintenant un cadre à suivre pour les entreprises en matière de traitement des données personnelles. Ce concept de sécurité existe en France depuis plus de deux décennies, à l’époque où l’internet était à ses balbutiements. Bien que ces lois qui semblent facilement applicables ici, de l’autre côté de l’Atlantique, les États-Unis sont le seul pays de l’OCDE sans agence de protection des données. Si nous avions eu ces lois comme en France, peut-être nous n’aurions pas vu Mark Zuckerberg témoigner devant le gouvernement américain, pendant que les Américains craignaient pour la sécurité de leurs données.   

À travers ces lois qui font partie de la vie quotidienne des Français, et qui sont une preuve évidemment du manque de protection générale aux États-Unis, nous pouvons y voir une compréhension de la séparation entre la vie privée et la vie publique. Avant que nous venions en France, notre sécurité sur internet était limitée et nous étions obligés de nous sentir en sécurité avec cela. Le concept que notre vie privée est facilement exploitée et traitée chaque fois que nous accédons à l’internet est devenu familier. Mais maintenant, nous nous rendons compte que ce n’est pas le cas en France, car la valeur de la vie privée française est plus courante qu’aux États-Unis. En effet, c’est évident que le monde numérique de la France est simplement une démonstration de principes qui existent déjà.  

LE GOUVERNEMENT ET LES LOIS 

Quant au gouvernement et aux lois, la question de la vie publique et privée est assez claire.  En France, par rapport aux États-Unis, l’Union européenne établit les politiques qui doivent être suivies par les gouvernements, et la collecte de toutes les données et informations sur la population est strictement contrôlée.  Cependant, le gouvernement, en France, s’efforce toujours de participer et d’améliorer la vie des Français.  La « Sécurité sociale » par exemple est le même concept que le « Social Security Number » aux États-Unis, mais ici, le gouvernement fait plus d’efforts pour aider les résidents français et non ressortissants à avoir accès aux soins de santé et à d’autres types de services sociaux.  Par exemple, la première fois que je suis allé chez le médecin ici, j’ai été presque choqué de voir que je n’avais payé que 25 euros pour une consultation, contrairement aux centaines de dollars que j’aurais à payer aux États-Unis.  Comme le gouvernement français collecte des données – par exemple tous les actes officiels – afin de créer des données de criminalité ou des dossiers médicaux, ils envahissent en fait la vie privée d’autrui afin de garantir une protection globale de la société française.  C’est alors une grande préoccupation pour les Français puisque lorsqu’ils pensent que leur vie privée est en danger ou que l’argent n’est pas bien utilisé, ils n’hésitent pas à le faire savoir.  Chaque samedi à Toulouse par exemple, une partie de la population toulousaine manifeste, car elle a le sentiment que le Pass Sanitaire met à mal la vie privée.  Le gouvernement a signé des lois autorisant uniquement les personnes vaccinées à accéder aux principaux lieux publics de la ville comme le cinéma, certains magasins, le stade, etc., ce qui a suscité des inquiétudes quant à la manière dont le gouvernement souhaite contrôler la population à travers cette nouvelle loi et l’application du Pass.  

Jusqu’à quels degrés les Français seraient-ils prêts à révéler leurs données privées en échange de protections sociales ?    

 

CONCLUSION 

La relation entre la vie privée et publique et l’information se manifeste très différemment en France et aux États-Unis. Généralement, on peut observer que la société française est une grande défenseuse du respect des gens et de leurs vies privées – qui rend la vie à la française très secrète. Cela peut expliquer pourquoi les professeurs français semblent plus distants des étudiants, ou pourquoi les détails juteux sur les célébrités restent souvent inconnus. C’est pareil pour la collection des données quand on utilise les réseaux sociaux comme Facebook ou Google, lorsque le gouvernement français travaille pour protéger les données. Aux États-Unis, la façon de vivre est complètement inversée puisque les gens entrecroisent souvent leur vie privée et leur vie publique. Dans la vie quotidienne des Américains, les gens sont plus souvent très ouverts et analytiques quant à leurs vies privée et publique. Ils ont les livres ouverts, car parce qu’ils savent qu’une partie de leur vie privée sera perdue en tant que membre de la société. Les gens américains croient toujours dans la croyance en leur propre droit de fixer leurs propres règles pour définir la vie privée. Alors que nous semblons accepter comment s’organisent nos vies privées et publiques, nous voyons encore qu’obtenir cette discrétion vient avec un sacrifice. “Quelles que soient les politiques adoptées, cependant, il est clair que des choix difficultés devront être faits concernant ce que nous voulons abandonner et ce que nous voulons garder secret.” 

 

Le virus COVID-19 : quelle est votre réaction ?

Article rédigé par Conor Gourley et Katie Zhang le 27 mars, 2020

Tout semble toujours aussi irréel, comme nous étions ensemble à Toulouse il y a une semaine mais en ce moment, nous sommes tous chez nous dans différentes parties du monde. Ce n’est certainement pas comme cela que nous imaginions la fin du programme – c’était si brusque que nous n’avons même pas eu le temps de dire au revoir à notre famille et à tous les nouveaux amis. Comme notre programme a été annulé en raison du coronavirus, nous avons décidé d’écrire cet article sur la façon dont les gens de différents pays réagissent au virus, afin de réfléchir à nos expériences des dernières semaines.

Aux États-Unis :
Pendant que je m’adapte à la vie en Pennsylvanie, j’ai pu voir de visu la réponse américaine à la pandémie de coronavirus et la manière dont de nombreux Américains y réagissent. Le lendemain de mon départ de France, le lundi 16, Macron a émis un ordre de « rester chez vous » pour tenter de ralentir la propagation du virus. Exactement une semaine plus tard, le 23, le gouverneur de Pennsylvanie, Tom Wolf, a émis le même ordre pour le mien et six autres comtés. Bien qu’il s’agisse d’un grand pas vers la réduction du taux d’infection, d’après ce que je peux dire des attitudes de nombreux Américains, ce n’est peut-être pas suffisant. Presque tous ceux à qui j’ai parlé semblent partager le point de vue qu’indépendamment de ce que le gouvernement a fait ou fait actuellement pour essayer d’aider le pays, ce n’est pas suffisant et il n’agit pas assez sérieusement. À la fois, de nombreuses personnes respectent à peine les avertissements du gouvernement et de nombreuses personnes, en particulier les plus jeunes qui courent moins de risques de tomber gravement malades, ne respectent pas les restrictions liées à l’éloignement social. Beaucoup d’amis m’ont déjà demandé si nous pouvions nous rencontrer maintenant que je suis rentré chez moi, si je pouvais aller les voir à Tufts à Boston, ou si je voulais faire des voyages d’escalade avec eux au Kentucky. Tandis que bien sûr, je veux faire toutes ces choses, cela me surprend d’entendre tant de gens qui ne tiennent pas compte des barrières qui ont été mises en place spécifiquement pour protéger nos communautés contre le mal.

Quand nous étions en France :
J’ai senti que personne n’était vraiment nerveux à propos du virus quelques jours avant notre départ. La vie était normale – les cafés et les bars étaient toujours pleins de monde. Bien que le nombre de personnes malades augmente par centaines chaque jour, les gens sortent et se rassemblent comme d’habitude. Des manifestations avaient toujours lieu. Toute l’actualité disait au public qu’il n’y a pas lieu de paniquer car le COVID-19 n’est que la grippe un peu plus grave. Le président et sa femme sont même allés au théâtre ensemble pour montrer que tout irait bien. Je suis devenu très nerveuse lorsque la situation a commencé à devenir sérieuse et à voir que les gens autour de moi ne se souciaient pas vraiment du virus. J’ai commencé à sortir moins et à essayer d’éviter les transports en commun, mais les gens autour de moi pensaient que je réagissais de manière excessive…

En Chine :
Je sais que j’étais trop nerveuse à propos de ce virus parce que j’ai vu trop d’informations connexes en Chine. Je comprends à quel point la situation peut devenir horrible et la façon dont le gouvernement chinois a traité le virus était vraiment différente. Par exemple, ma température a été mesurée au moins 6 fois avant de pouvoir descendre de l’avion. Ensuite, j’ai subi plus de tests de température et une enquête épidémiologique à l’aéroport. Je ne pouvais pas rentrer seule ni mes parents n’ont pas pu venir me chercher. L’aéroport a informé le quartier où j’habite, puis j’ai été renvoyé chez moi par une ambulance ! Je suis maintenant en quarantaine autonome pendant 14 jours. Chaque jour, des gens m’appellent pour vérifier ma température. La nourriture et les fournitures sont livrées chez moi.

Tout au long du processus, tous ceux que j’ai rencontrés portaient au moins un masque. Cependant, lorsque j’étais à l’aéroport de Toulouse, j’étais la seule à porter un masque. C’est quelque chose qui m’a beaucoup troublée et qui m’a stressée. J’ai donc fait quelques petites recherches pour essayer de comprendre les différentes réactions des gens aux masques. J’ai découvert que dans les pays d’Asie de l’Est, les gens avaient déjà l’habitude de porter des masques quotidiennement. Au Japon, les gens ont commencé à porter des masques en raison d’allergies et en Chine il y a aussi quelques années en raison de la pollution de l’air. Cependant, en Europe ou aux États-Unis, il existe une compréhension mutuelle que seuls les malades portent un masque. De plus, en Chine, il est obligatoire de porter un masque pour tout le monde en cette période de virus, tandis que les gouvernements occidentaux annoncent que les masques ne sont pas du tout utiles et qu’il n’y a pas assez de masques pour le public non plus. Ces différences entraînent la réaction opposée du port des masques. Il est difficile de juger qui a tort, qui a raison, mais ce qu’il nous faut, c’est le respect des deux opinions.


Bien que différente au début, la réaction actuelle dans le monde est presque toujours la même : restez à la maison ! C’est certainement difficile à faire, mais c’est la manière la plus simple et la plus efficace que chacun de nous puisse apporter à la société dans cette situation difficile. Il y a des gens comme les médecins et les infirmiers qui doivent s’exposer directement au danger du virus, donc ce que nous pouvons faire, c’est réduire nos chances d’attraper la maladie. Tout le monde a du mal, mais il est important de rester calme et d’être reconnaissant pour ce que les autres ont sacrifié pour nous. J’espère que tout ira bien bientôt et que tout le monde pourra être en sécurité et en bonne santé !

Les manifestations et la culture de la protestation en France

Article rédigé par Sophie Ackert

A Toulouse, j’ai reçu du gaz lacrymogène. C’est une histoire que je raconterai toute ma vie. Non seulement parce que c’est quelque chose de choquant pour les gens, mais aussi parce que ça me permet de parler à mes proches de la culture des manifestations en France. A la fin de mon premier mois à Toulouse, je suis allée pour la première fois à un entraînement de l’équipe de volleyball. Pendant que j’attendais les autres membres de l’équipe à la station de métro, j’ai remarqué qu’il y avait beaucoup de monde sur la place. Je savais que les samedis sont les jours de manifestation de Gilets Jaunes mais ils n’avaient pas l’air de faire quoi que ce soit, donc j’ai pensé que la manifestation était terminée et que tout le monde était en train de partir. Puis, en moins d’une minute, tout a changé. La foule s’est rassemblée, les manifestants ont commencé à chanter, et finalement les policiers ont utilisé du gaz lacrymogène et des canons à eau. Comme les manifestants et autres passants, j’ai couru loin de la place. Je me suis réfugiée dans le bâtiment le plus proche, mais je m’y suis trouvée enfermée. Les policiers attendaient à l’extérieur du bâtiment pour arrêter les Gilets Jaunes qui y étaient entrés. Après 35 minutes, j’ai pu partir, j’ai retrouvé les filles de l’équipe de  volleyball, et nous sommes allées à l’entraînement. J’étais étonnée que tout continue normalement après une manifestation si intense. Mais pour Toulouse dans cette période mouvementée, c’était un samedi soir normal.

Cette semaine, le 5 décembre, il y avait une grève générale en France. La raison primaire pour cette grève est la réforme du système des retraites que le gouvernement a proposé. Cependant, beaucoup d’autres mouvements ont répondu à l’appel à la grève. Non seulement les transports publics étaient arrêtés dans beaucoup d’endroits, mais certaines écoles et universités étaient aussi fermées. Par exemple l’IEP, mon université, a décidé de conduire une occupation jusqu’au vendredi 6. Nous sommes aujourd’hui le 6 et les étudiants ont décidé de continuer la grève et l’occupation, ce qui fait que nous n’avons pas de cours au moins jusqu’au mardi suivant. Ensuite, ils voteront de nouveau en assemblée générale, à laquelle chaque membre de la communauté peut participer, pour savoir si l’IEP va poursuivre la grève jusqu’à la fin du semestre. Pendant l’occupation les étudiants organisent des ateliers, comme des conférences avec des professeurs ou invités extérieurs, des débats, des projections de films, des sessions de préparation aux manifestations, etc.

*Entre l’écriture et la publication de cet article, la reconduite de l’occupation jusqu’au 13 décembre a été décidée.

Les différences entre les cultures de manifestation française et américaine.

Le fait de se révolter et manifester est un aspect important de l’histoire française, y compris contemporaine. C’est très différent de la culture de protestation aux États-Unis. Depuis la Révolution jusqu’à la grève du 5 décembre, les manifestations sont devenues partie intégrante de la culture française. Il y a eu des périodes de manifestations violentes, comme la prise de la Bastille au 18e siècle, et comme aujourd’hui avec les manifestants « Black Bloc ». Mais il y a aussi des périodes de manifestations plus calmes, comme on l’a vu hier à Toulouse (ndlr : le 5 décembre). Peu importe le type de manifestation, elles ont fonctionné en France lorsque la société voulait faire bouger les lignes du gouvernement. La Révolution est le meilleur exemple de protestation à succès en France. Il y a aussi d’autres exemples, dont le soulèvement des étudiants contre le gouvernement de De Gaulle en 1968, et, en 1995, les grèves contre le « plan Juppé ».

Aux États-Unis, les manifestations sont plus communes que les grèves. Mais même quand il y a des manifestations, elles ne sont pas nationales comme en France. Il y a des manifestations pour des mouvements spécifiques, et elles ne durent généralement pas plus d’une journée. Un bon exemple est la « Women’s March ».  C’est un groupe qui organise chaque année des manifestations dans beaucoup de grandes villes américaines. Le but est « d’exploiter le pouvoir politique de femmes diverses et de leurs communautés pour créer un changement social transformateur » (“to harness the political power of diverse women and their communities to create transformative social change”, Women’s March), mais pas nécessairement d’aboutir à des changements législatifs spécifiques ou de gouvernement.  Cela s’explique par le fait qu’aux États-Unis, la constitution et les lois sont beaucoup plus difficiles à modifier qu’en France.  Notre constitution est presque impossible à amender, alors qu’en France elle est révisée en moyenne tous les deux ans et demi. C’est une explication simplifiée pour comprendre pourquoi la culture de manifestation est si différente en France, et pourquoi les manifestations amènent à des changements.

Les différences de sécurité frontalière aux États-Unis et en France

Article rédigé par Julia Walsh

Il existe chez les étudiants américains qui viennent étudier en Europe le rêve futile de décorer leur passeport avec les tampons de différents pays afin de se mettre en avant et pouvoir raconter leurs nombreux voyages et aventures de mobilité. Pour arriver à Toulouse, j’ai eu une correspondance à Bruxelles. Là-bas, j’ai reçu mon premier, et très anticipé, tampon dans mon passeport. Cependant, quand j’ai atterri à Toulouse, je n’en ai pas reçu. La même chose est arrivée quand j’ai voyagé en Italie et en Espagne, de nouveaux pays, mais pas de nouveaux tampons. En fait, j’ai même eu l’impression que les agents de l’aéroport ont à peine regardé mon passeport. C’était choquant venant des États-Unis où entrer et quitter le pays est obligatoirement accompagné d’une inspection minutieuse du passeport. Cette expérience de mon premier jour de mobilité m’a donné un aperçu des différences de sécurité frontalière entre la France et les États-Unis.

L’Accord et l’espace Schengen

Un autre moment où j’ai vu très clairement les différences entre les politiques aux frontières de mon pays d’origine et la France était quand mes hôtes et moi avons passé la frontière entre la France et l’Espagne. Nous passions le week-end dans les Pyrénées, une chaîne de montagnes qui s’étend du sud de la France au nord de l’Espagne. Mes hôtes m’ont informé que nous étions très proches de la frontière espagnole et que nous pouvions la traverser si je le souhaitais. Ma réaction initiale était de paniquer parce que je n’avais pas mon passeport avec moi. Cependant, j’ai réalisé que traverser la frontière était sans incidence, la seule différence notable étant les signalisations en espagnol. Ici, l’acte de traverser une frontière internationale, qui m’apparaît comme quelque chose d’important, n’avait rien de différent d’un voyage entre l’État de New York et la Pennsylvanie, ou tout autre État américain.

Mes hôtes m’ont expliqué qu’il s’agit du résultat de l’Accord de Schengen. Après quelques recherches, j’ai appris que l’Accord de Schengen de 1995 a suivi le Traité de Maastricht de 1992. Le traité fondateur de l’Union Européenne a été créé pour encourager l’intégration et le sens de la communauté entre les États européens. Depuis 1995, l’espace Schengen s’est élargi et inclut désormais 26 pays entre lesquels il est possible de voyager librement, sans passeport individuel. Par conséquent, quand on voyage en voiture ou avion vers tous les pays frontaliers de la France, il existe une liberté de mouvement et pas de contrôles douaniers.

La sécurité aux frontières aux États-Unis et en France

Les frontières matérielles de sécurité que l’on peut voir aux frontières en France et aux États-Unis sont différentes. Comme je l’ai vu quand j’ai passé la frontière espagnole, il n y a pas de douanes ou de point de contrôle auquel s’arrêter entre les deux pays. J’ai vu ce qu’il reste des anciens postes frontières mais ces bâtiments sont abandonnés depuis l’accord de 1995. Bien que je n’ai pas l’expérience d’avoir traversé la frontière sud des États-Unis en voiture, j’ai déjà traversé la frontière nord vers le Canada plusieurs fois. Ce voyage, même s’il n’est pas trop difficile pour les citoyens américains, peut prendre plusieurs heures car chaque véhicule doit faire la queue et est arrêté et questionné avant d’entrer dans le nouveau pays. Je me souviens avoir passé cette frontière avec mes parents quand j’étais petite, et ils m’avaient dit que traverser la frontière est quelque chose de très sérieux et qu’il est impératif de ne pas parler sauf quand on s’adresse à nous. J’ai gardé cette même impression sur les frontières dans chaque nouveau pays où je vais. Cependant, en arrivant en France et voyageant dans l’Union Européen, j’ai trouvé qu’il n’y a pas ce même sentiment au sein de l’espace Schengen. Il est important de spécifier la différence entre l’Union Européenne et l’espace Schengen, du fait des différentes procédures de sécurité quand on voyage à l’extérieur de l’espace Schengen. En novembre, j’ai voyagé à Dublin le temps d’un weekend et j’ai été ramenée à la réalité à laquelle j’ai l’habitude de faire face avec les douanes à l’aéroport. Les agents ont examiné mon passeport avec attention et posé des questions sur mon voyage, à la fois que je suis arrivée en Irlande et quand je suis retournée en France. C’est à cette occasion que j’ai enfin reçu un nouveau tampon sur mon passeport. Pour autant, ce nouveau tampon était au prix d’une expérience de contrôle à la frontière plus intense et stressante. Il est clair qu’il n’y a pas de procédure de sécurité uniforme dans l’Union Européen, malgré les efforts de l’Accord de Schengen. Ce constat mis à part, la sécurité aux frontières au sein de l’UE, et par conséquent en France, est tout de même très différente des protocoles de sécurité aux États-Unis.

Impacts de l’actualité sur la sécurité des frontières

Aujourd’hui aux États-Unis, mais aussi en France et plus largement en Europe, les débats politiques autour de la question des frontières sont nombreux. En Europe, cette conversation porte principalement sur l’afflux de demandeurs d’asile et de migrants qui arrivent dans la région depuis 2015. La “crise des migrants” a ouvert de nombreuses discussions sur la manière dont l’Union européenne et les États membres allaient gérer de manière adéquate le logement des demandeurs d’asile. Pour la France et d’autres pays, ces conversations incluent la possibilité de mettre en place des quotas et de limiter le nombre de personnes autorisées à entrer dans le pays, tout en respectant leurs valeurs et les droits de l’homme et du citoyen. Aux États-Unis, les conversations sur la sécurité aux frontières se centrent principalement sur les problèmes à la frontière avec le Mexique. Avec la répression décidée par l’administration Trump en matière de sécurité des frontières, la région est en proie à de fortes tensions et est un important sujet de débat à l’approche des élections présidentielles de 2020. Ce seul sujet est extrêmement polarisant pour les Américains, certains espérant stopper le flux d’immigration illégale et d’autres cherchant à apporter l’asile à ceux qui se trouvent à la frontière et à aider les familles détenues par les services d’immigration et des douanes. Les discussions les plus pressantes sur la sécurité des frontières, tant aux États-Unis qu’en France, se centrent donc sur le lien entre citoyenneté et migration. Les droits des citoyens et des immigrants sont différents dans les deux pays et reflètent à la fois des différences et similitudes culturelles plus larges dans la recherche constante de définition du citoyen.

McDonald’s en France et aux États-Unis

Article rédigé par Esra Park

Avant de partir pour la France, j’ai dédié mon dernier arrêt aux États-Unis à mon bien aimé McFlurry Oreo de McDonalds. Depuis toute petite, ma famille a l’habitude de s’arrêter au fast food avant de déposer quelqu’un à l’aéroport. Qu’il s’agisse de McDo, In-N-Out, ou Chipotle, c’est toujours sympa de prendre un snack rapide au drive et ensuite de le manger dans la voiture. J’ai embarqué dans l’avion et j’étais prête pour mon année d’études à Toulouse. Le premier jour du programme, je me dirigeais vers le Centre Dickinson quand je suis passée devant un des premiers McDo que j’ai vu en France. A ma grande surprise, presque tout le monde mangeait sur place ! J’étais complètement prise au dépourvu de voir qu’il y avait vraiment des gens qui s’asseyaient au McDo, mangeaient leur fast food, parlaient avec leurs amis, et prenaient leur temps comme s’ils étaient dans n’importe quel autre restaurant.

La culture de McDo aux États-Unis et en France

J’étais étonnée parce que McDo aux États-Unis est l’exemple typique du fast food américain. D’abord, un restaurant McDo américain est toujours construit avec un drive où on trouve souvent plus de voitures qui font la queue que de voitures garées sur le parking – ce qui fait qu’aller au drive prend plus de temps qu’entrer à l’intérieur pour commander. Parce que les gens choisissent le drive au lieu de manger sur place, il est commun de voir des personnes grignoter dans leurs voitures en conduisant pour rentrer chez elles. Parfois, les gens mangent aussi leur hamburger et sirotent leur Coca-Cola en se rendant à un rendez-vous, essayant de manger leur déjeuner rapidement au milieu d’une journée chargée. De plus, McDo est partout aux États-Unis. Il est très probable d’en trouver un à 15 ou 20 minutes de route de l’endroit où vous vous trouvez, et si vous êtes dans une grande ville, il est certain qu’il y en aura au moins un à 5 minutes de vous. Selon Statistica.com, il y avait environ 13 900 McDo aux États-Unis en 2018. Enfin, McDo aux États-Unis est presque toujours ouvert 24 heures sur 24. Les restaurants McDo sont ouverts tous les jours, toute l’année, même pendant les fêtes. En revanche, en France, l’expérience McDo est plutôt considérée comme une opportunité de manger à l’extérieur, comme dans n’importe quel autre restaurant. Évidemment, McDo n’est pas comparable aux restaurants locaux qui adaptent leur menu du jour aux ingrédients frais dont ils disposent, mais le principe de prendre le temps pendant le déjeuner ou dîner et de discuter avec ses amis est le même. J’ai remarqué que pendant les heures de déjeuner et de dîner, les restaurants McDo français ne sont jamais vides : il y a toujours une queue et des gens qui cherchent des places pour s’asseoir. Même pendant les temps plus calmes, je vois toujours des gens qui mangent sur place. Les restaurants McDo sont souvent situés dans les endroits populaires, où les gens se baladent et font du shopping, donc il est peu commun d’y trouver un drive. Cependant, certains McDo français ont une petite fenêtre sur le côté où les gens peuvent commander pour emporter, à la manière d’un drive mais où les voitures sont remplacées par des humains. De plus, McDo en France n’est pas partout comme aux États-Unis. La chaîne est toujours présente dans les grandes villes, mais pas forcément dans chaque quartier comme c’est le cas aux États-Unis. Selon Statistica.org, il y a environ 1 400 McDo en France en 2018, soit environ 10 pourcent du nombre de McDo aux États-Unis. En outre, les restaurants McDo français ne sont pas ouverts toute la journée, ni tous les jours de la semaine comme aux États-Unis. Ils ferment souvent vers 1h du matin et ouvrent vers 8h.

Les connotations associées à McDo aux États-Unis et en France

Les différences entre les attitudes des Américains et des Français envers McDo viennent des connotations différentes associées à la franchise dans chaque pays. Aux États-Unis, McDo est vraiment perçu comme l’option la moins désireuse où l’on peut se rendre pour un repas. Le prix n’est pas cher, la qualité n’est pas bonne, c’est l’image typique d’un fast food. En général, les gens ne prennent pas le temps de manger sur place parce que se rendre au McDo n’est pas un évènement mais plutôt quelque chose que l’on fait pour prendre de la nourriture à emporter quand on n’a pas envie de cuisiner et qu’on veut manger de la « junk food ». Il est cependant intéressant de noter que les familles des classes populaires sont souvent celles qui décident de manger sur place car elles profitent des prix bas du McDo pour en faire une opportunité de partager un repas tous ensemble. J’ai aussi remarqué qu’il y a beaucoup d’ouvriers du bâtiment qui profitent également des prix bas pour manger à l’intérieur pour se reposer et profiter d’un repas entre collègues. Au contraire, la plupart des Français mangent sur place au McDo, et les gens qui ne trouvent pas d’espace libre prennent leur nourriture à emporter mais vont ensuite dans un parc proche du McDo où ils peuvent s’asseoir et partager leur déjeuner. Bien sûr, McDo reste une chaîne de fast food mais en France il semble que la franchise n’ait pas la même connotation négative qu’aux États-Unis. Les Français ne sont pas gênés d’être vus en train de manger au McDo, ce qui est parfois le cas aux États-Unis.

Explications possibles pour ces différentes connotations

En discutant de mes observations avec mes hôtes au cours d’un dîner, ils m’ont expliqué qu’il était probable qu’une des raisons pour lesquelles se rendre au McDo en France ressemble beaucoup plus à un événement qu’aux États-Unis est le fait que ce soit un des seuls restaurants où vous pouvez être sûr de trouver des hamburgers. Mon hôtesse m’a expliqué qu’à l’inverse des États-Unis, il n’y a pas beaucoup de restaurants spécialisés dans les hamburgers, donc, quand les Français ont envie de manger un hamburger avec des frites, ils se dirigent souvent vers McDo. J’ai trouvé cette remarque intéressante parce qu’après avoir regardé autour de moi, je me suis rendue compte qu’il n’y a effectivement pas beaucoup de restaurants d’hamburgers autres que McDo en France. Aux États-Unis, en plus des restaurants indépendants qui font des hamburgers, il y a beaucoup d’autres franchises qui proposent des burgers d’une meilleure qualité que celle des fast food, par exemple : Umami Burger, Johnny Rockets, Five Guys, etc. Une autre possibilité qui expliquerait cette différence de perception envers McDo pourrait être que la qualité et la présentation du fast food en France est simplement meilleure qu’aux États-Unis. Il est connu que la nourriture des McDo américains n’est pas appétissante ni de bonne qualité. En effet, il est courant que les employés de McDo oublient une partie de votre commande ou même certains ingrédients dedans votre plat. Un des mèmes (terme utilisé pour désigner des contenus, généralement humoristiques, qui se propagent rapidement sur Internet et les réseaux sociaux) les plus connus sur McDo aux États-Unis se moque du fait que la machine à glace est toujours cassée. En conséquence, le seul choix restant pour le dessert est une tarte aux pommes pas fraîche. En revanche, le McDo français propose des aliments spécifiques à la France, comme des hamburgers et sandwiches préparés avec du vrai pain. Pour le dessert, vous pouvez même choisir entre cinq saveurs différentes de macarons, un mini tiramisu ou encore une spécialité du Sud-Ouest, le cannelé. Avec de telles options de menu, je suis plus ouverte à l’idée de faire l’expérience du repas McDo en France. 

Les armes à feu : liberté ou sécurité ?

Équipe éditoriale : Brendan, Emma, Nicole et Sara

En tant qu’Américains, vivre, étudier et participer à des projets de bénévolat en France nous permet d’en apprendre plus sur les différences entre les deux cultures et modes de vie. Comme nous résidons actuellement à Toulouse, beaucoup de ces différences sont devenues plus ou moins normales pour nous et nous les acceptons bien, cependant nous sommes toujours surpris par la curiosité des étudiants français à propos de la culture des armes à feu aux États-Unis. Dans le cadre de son projet de bénévolat, Emma aide à enseigner l’Anglais dans une école française. Pour la préparation de leur Baccalauréat à la fin de l’année, Emma a travaillé avec des terminales sur la culture des armes aux États-Unis et la manière dont celle-ci influence la politique américaine. Au cours des discussions, les étudiants français lui ont posé plusieurs questions en lien avec le sujet, mais celle qui lui est surtout restée en mémoire est : est-ce que tu possèdes une arme à feu ? Emma a été surprise par le fait que des élèves français envisagent sérieusement la possibilité qu’elle possède une arme alors qu’elle n’est encore qu’une étudiante de 21 ans. Cette question a pourtant été soulevée par de nombreux lycéens, ce qui nous amène à nous intéresser de plus près au rôle des armes à feu dans les sociétés américaine et française.

Pour comprendre les grandes différences culturelles à propos de la place des armes à feu dans chacune des deux sociétés, il faut comprendre les lois qui les régissent, à commencer par celles qui existent aux États-Unis. Comme la plupart des Américains le savent, le droit de posséder et de porter une arme est protégé par le deuxième amendement de la Constitution et, en plus de cela, la plupart des États américains garantissent également ce droit dans leurs propres Constitutions. Parce que posséder une arme est si ancré dans les valeurs fondatrices des États-Unis, il n’est pas surprenant que cette question soit une source de division. En ce qui concerne la possession d’armes à feu, les lois varient d’un État à l’autre. Celles qui font cependant généralement consensus sont l’interdiction de vendre des armes à feu aux criminels condamnés, aux personnes coupables de violences domestiques, aux fugitifs, aux toxicomanes, aux personnes jugées mentalement instables, aux anciens combattants démis de leur fonction pour conduite répréhensible et aux personnes ayant renoncé à leur citoyenneté américaine. En ce qui concerne la régulation du port d’armes à feu, qu’il soit visible ou dissimulé, les lois ont beaucoup changé depuis le début des années 2000. Dans la plupart des États, un permis de port d’arme est requis et généralement attribué aux demandeurs qualifiés, mais onze États autorisent encore le port d’armes à feu dissimulé sans permis. On parle alors de « Constitutional carry ». Vingt-six États autorisent le port visible d’arme à feu sans permis et quatre États ainsi que le district de Washington l’ont interdit.

Comme on peut s’y attendre, les lois sont complètement différentes au sein de l’Union Européenne. En France en particulier, un permis de chasse ou de tir sportif est requis pour l’achat de toute arme. Il existe 4 catégories de permis qui ont chacun des régulations spécifiques et qui doivent être renouvelés régulièrement. Ces règlementations sont compliquées à expliquer en détails mais l’essentiel est de comprendre que le droit de porter une arme n’existe pas. La peine maximale encourue pour possession illégale d’arme à feu est 7 ans de prison ainsi qu’une amende. En 2012, le gouvernement français estimait qu’il y avait 7,5 million d’armes à feu légalement en circulation sur le territoire. Assez logiquement, ce chiffre est bien loin des 393 millions d’armes légales estimées aux États-Unis.

Les différences entre la France et les États-Unis à propos de la culture des armes ne se reflètent pas seulement dans la législation et les statistiques sur le nombre de personnes qui en possèdent, mais aussi, par extension, dans les façons de penser respectives des citoyens des deux pays. Ayant grandi en Amérique, où les armes à feu sont facilement accessibles et où beaucoup de gens en possèdent, le premier instinct de Sara lorsqu’une dispute entre deux personnes s’envenime, lorsqu’une personne seule a un comportement douteux dans un lieu public ou lorsqu’elle est suivie dans la rue est d’être prudente et de prêter attention à son environnement car ces personnes pourraient avoir une arme à feu sur elles. Un jour, elle expliquait ce sentiment à son hôtesse, qui a été très étonnée qu’elle pense instinctivement à cela. Sara et elle ont discuté du fait que sa perception est totalement différente de celle des Français. Pour eux, l’idée qu’un simple citoyen puisse avoir une arme à feu ne leur vient même pas à l’esprit, alors que pour un Américain c’est une possibilité aussi dangereuse que probable, qui influence à la fois notre sens de la sécurité et notre manière de penser.

Cependant, dans un reversement de situation intéressant, Nicole a également été légèrement choquée d’être accueillie par la police militaire française portant ce qui semblait être de grandes armes semi-automatiques à l’aéroport de Toulouse Blagnac. En effet, à chaque fois qu’elle voit des militaires ou des policiers porter ce type d’armes à feu, elle présume automatiquement que quelque chose va très mal. Son premier instinct est de s’éloigner le plus possible de ces militaires par peur de la situation qu’ils sont potentiellement en train de gérer. Aux États-Unis, les policiers ne portent que de simples pistolets et, d’après son expérience, il n’y a pas de police militaire stationnée dans les aéroports à moins qu’il n’y ait eu une alerte à la bombe. Cependant, à mesure qu’elle passe plus de temps en France, le phénomène de la police militaire lourdement armée devient plus normal et moins alarmant. Ce qui est intéressant et quelque peu ironique, c’est que bien qu’elle soit Américaine et que les Américains possèdent en général plus d’armes à feu, elle semble moins habituée à voir des hommes portant de grosses armes que les Français. Ainsi, tout comme les Français sont à parts égales fascinés et alarmés par les lois américaines sur les armes à feu, elle aussi a été très surprise par les armes en France.

Les différences de droit entre la France et les États-Unis sur la question des armes à feu provoquent à la fois des différences culturelles et des divergences de points de vue. Le port d’armes à feu par les civils est légal et répandu aux États-Unis, ce qui amène les Français à croire au stéréotype selon lequel chaque Américain possède une arme et est habitué à en voir. Cependant, pour Nicole personnellement, la réalité est toute autre. Non seulement elle ne possède pas d’arme à feu, mais elle n’a pas non plus l’habitude d’en voir, bien que la peur que quelqu’un en ait une en sa possession soit toujours présente dans les situations tendues. En fait, elle était même peu à l’aise en voyant la police militaire avec des armes semi-automatiques, alors que les autres citoyens français ne montraient pas signe de crainte. En revanche, pour un citoyen français, l’idée de posséder sa propre arme à feu apparaît complètement farfelue. Nous trouvons cette grande différence culturelle intéressante car nous pensons qu’elle reflète bien les principes fondateurs de chacun des deux pays. En France, le peuple croit fermement au gouvernement et à sa capacité à prendre soin de ses citoyens, une attitude typique d’un pays socialiste. Cependant, aux États-Unis, un pays fondé sur les principes de la liberté individuelle et la méfiance à l’égard du gouvernement, les gens sont plus enclins à vouloir eux-mêmes prendre leur destin en main. Posséder sa propre arme à feu pour se protéger soi-même en l’absence de protection gouvernementale est l’une des manifestations les plus directes de la croyance puissante en la liberté individuelle des Américains, qui préfèrent prendre les choses en main eux-mêmes étant donné leur manque de confiance dans la capacité du gouvernement à prendre soin de ses citoyens. Ainsi, alors même que le droit américain de porter des armes à feu vise à garantir la liberté et la sécurité individuelles, il provoque chez certains d’entre nous un sentiment d’insécurité en présence d’étrangers. Au contraire, en France, même si les gens n’ont pas la liberté de porter des armes à feu, ils sont libérés de cette peur et de la suspicion à l’égard d’autrui qui accompagne le droit d’avoir une arme. Qui est le plus libre : les Américains qui ont légalement le droit de posséder une arme à feu ou les Français qui ne craignent pas pour leur vie dans des situations tendues ?

Les chiens en France

Équipe éditoriale : Drew, Elizabeth et Maggie

Un jour, alors qu’elle était dehors pour courir, Elizabeth a croisé un beagle grassouillet qui trottinait tout seul.  Il portait un collier donc elle savait qu’il avait une maison. Au début, elle a pensé que son propriétaire était peut-être un peu derrière lui puisque les Français ne tiennent pas toujours leurs chiens en laisse, mais il n’y avait personne en vue. Craignant qu’il soit perdu, Elizabeth a essayé de l’approcher pour voir s’il y avait un numéro de téléphone à appeler sur son collier. Mais en la voyant s’approcher, il s’est immédiatement enfui par une rue adjacente…

Le rôle des chiens en ville et à la campagne

En France, posséder un chien ne signifie pas la même chose à la ville et à la campagne. Entre les milieux urbains et ruraux, la race d’un chien, sa fonction dans la maison et ses interactions avec son maître peuvent être complètement différentes. Dans les deux cas, les chiens français semblent extrêmement bien dressés, mais entraînés à des fins différentes. D’une région à l’autre de la France, un chien s’adaptera à la vie quotidienne de manière radicalement différente. Dans les zones rurales, comme le village que nous avons visité dans les Pyrénées, les chiens ont souvent leurs propres responsabilités, fonctionnant presque indépendamment de leurs maîtres pendant de longues périodes. Ce sont souvent de très grandes races avec des sens aiguisés et une fourrure épaisse pour les garder au chaud. Ils sont élevés et formés pour jouer un rôle important dans l’élevage et la protection des autres animaux de leur propriétaire. Les chiens peuvent être laissés seuls pendant des semaines avec leur troupeau, et on s’attend à ce qu’ils veillent sur les autres animaux pendant que leur maître est absent. Ils sont donc souvent hostiles à l’égard des étrangers, car ils ont pour but de défendre le troupeau contre les menaces potentielles, et même un passant pourrait accidentellement être perçu comme tel.

Les chiens de ville, en revanche, ont essentiellement une fonction de compagnie pour leurs propriétaires et vivent avec eux dans leurs maisons. D’après ce que nous avons vu, les chiens en ville sont généralement plus petits que les chiens de montagne. Leur rôle est surtout d’être de jolis compagnons plutôt que d’avoir des responsabilités, ce qui les rend entièrement dépendants de leurs propriétaires. L’épaisseur de leur pelage est moins importante que pour les chiens de montagne, car ils ne sont pas à l’extérieur pendant de longues périodes et il arrive même que leurs propriétaires leur mettent des petits vêtements pour sortir. Par exemple, en se rendant au Centre Dickinson, Maggie a souvent vu un couple porter leur yorkshire habillé d’un petit imperméable. Il est beaucoup moins probable de voir cela dans une région rurale. Les chiens de ville peuvent faire des promenades ou courir avec leurs maîtres et apprendre des tours, mais leur seul vrai travail est d’aimer leur maître.

Les chiens à Toulouse

Toulouse est une ville où l’on peut croiser des chiens presque partout.  Des chiens de toutes tailles sont présents dans les cafés, les épiceries, les restaurants, les transports en commun, et même quand nous ne les voyons pas, leur présence nous est constamment rappelée par les besoins qu’ils laissent derrière eux. En effet, quand on se promène dans la belle ville de Toulouse, il est dangereux d’admirer l’architecture ou le ciel bleu vif pendant trop longtemps au risque de mettre les pieds dans la crotte de l’un de nos amis à quatre pattes français. Pour les étrangers en visite en France, la quantité de crottes de chien qui recouvre les trottoirs des villes est dégoûtante et incompréhensible. En France, il n’est pas rare de voir un maître se promener avec son chien dans une petite rue bondée et s’arrêter pour le laisser faire ses besoins au milieu du trottoir puis simplement continuer sa promenade. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, il existe une loi française qui oblige les propriétaires à ramasser les excréments de leurs chiens sous peine d’une amende de 400 euros. Cependant, il ne semble pas que beaucoup de villes appliquent activement cette loi. Cette loi est aussi largement ignorée par les propriétaires de chiens français en raison du sentiment qu’il est de la responsabilité de la ville de nettoyer les rues, y compris les crottes de chien, du fait qu’ils paient des impôts. Comme cette idée est ancrée dans la culture française, l’imposition d’une amende ne réglera pas ce problème canin.

En raison de l’attitude plus décontractée envers les chiens en France, on voit souvent des chiens se promener dans les rues de la ville et dans les parcs sans laisse. Il existe une loi française qui exige que les chiens soient sous surveillance étroite de leurs propriétaires, qui doivent se trouver à moins de 100 mètres, mais aucune loi ne stipule que les chiens doivent être tenus en laisse. Cette habitude de faire confiance aux chiens pour se balader et jouer sans laisse participe à l’inclusion et au statut élevé des chiens dans la société française. En effet, lorsqu’on se donne une journée pour se promener dans n’importe quelle ville française, il est facile de reconnaître la place spéciale qu’occupent les chiens dans la société en France. Il n’est pas rare de trouver des chiens qui accompagnent leurs maîtres dans leurs activités particulièrement “humaines”, comme s’asseoir dans un café, faire du shopping, se faire couper les cheveux, et même prendre les transports publics. La grande majorité des magasins, restaurants et cafés n’ont aucun problème à faire entrer des chiens dans leurs établissements et vont même jusqu’à sortir des gamelles d’eau pour les petits compagnons à quatre pattes des Français.  Il n’est pas rare non d’être accueilli par des chiens allongés sur le sol ou nonchalamment installés sur les genoux de leurs propriétaires lorsque les portes du métro s’ouvrent. Dans cette société amie des chiens, les propriétaires de chiens sont à la fois autorisés et encouragés à inclure leurs compagnons canins dans leur vie quotidienne.

Comparaison avec les chiens aux États-Unis

S’il existe certainement un grand nombre de différences entre les fonctions prêtées aux chiens au sein même de la culture française, les différences entre la façon dont les cultures française et américaine perçoivent les compagnons canins peuvent être encore plus marquées. Par exemple, entre les deux cultures, il y a une grande différence quant à la place du chien dans la famille. Aux États-Unis, le chien est un membre de la famille. Les Américains ont tendance à parler avec leurs chiens comme ils parleraient à un bébé, à les embrasser et à les inviter sur leurs lits et canapés. Les chiens, affectueusement appelés “bébés à fourrure”, sont traités comme des enfants supplémentaires. Les Français apprécient tout autant leurs animaux et les aiment évidemment beaucoup. Toutefois, il y a une différence dans le fait qu’un chien garde sa place de chien aux yeux d’une famille française. Elizabeth a par exemple rencontré des familles françaises qui, tout en aimant leurs chiens, ne les autorisent à entrer que dans la partie commune de leur maison et pas dans les chambres. De plus, les Français ne semblent pas avoir de petites “discussions” avec leurs chiens, si ce n’est de simples ordres. La relation entre les Français et leurs chiens reste plus de l’ordre de la relation maître-animal que de la relation parent-enfant.

En plus de cette différence dans les interactions familiales, les chiens français et américains réagissent aussi très différemment aux étrangers. Les chiens américains, puisqu’ils constituent une grande partie de l’unité familiale, sont souvent très bien socialisés. Lorsque des amis viennent rendre visite à une famille américaine, ils passent souvent beaucoup de temps à caresser le chien et à s’occuper de lui. Lorsque les chiens sont promenés, les propriétaires sont généralement bombardés de demandes de caresses de la part d’enfants ou d’étudiants. Par conséquent, les chiens américains ont tendance à être très extravertis et ouverts envers les étrangers. Plutôt que d’éviter l’approche d’un étranger, un chien américain a tendance à l’accueillir en remuant la queue. Les chiens français, cependant, ne bénéficient pas d’une telle attention. Quand des amis viennent, le chien n’est pas le sujet principal de la conversation et quand un chien est dehors en public, il est souvent ignoré par les passants. Par conséquent, lorsqu’un chien français est approché par un étranger, il est souvent beaucoup plus méfiant et réticent qu’un chien américain, qui peut courir saluer un étranger avant même que ce dernier ne vienne vers lui.

Enfin, il y a aussi le sujet des chiens bâtards. Bien que les Américains essaient de spécifier exactement de quel mélange de races leur chien pourrait être, ils mettent moins l’accent sur l’obtention d’un chien de race pure que les Français. Au contraire, l’adoption d’un chien abandonné est considérée comme la chose préférable à faire, car ces chiens sont dans le besoin et également moins susceptibles d’être consanguins. En revanche, les Français semblent avoir surtout des chiens qui de race spécifique, facilement identifiables. Ceci renvoie aussi à la façon dont on envisage de se procurer un chien. En France, on achète un chien. On va chez un éleveur ou dans un magasin qui a le type de chien qu’on veut acheter. A l’inverse, les Américains sont plus enclins à adopter. Même s’ils paient des frais, les Américains ne considèrent pas vraiment qu’ils achètent leur chien parce que l’accent est mis sur le sauvetage et l’idée de lui apporter une “maison pour toujours”.

Dis-moi comment tu manges et je te dirai d’où tu viens

Équipe éditoriale : Alexander, Demetria, Elizabeth et Sara

Le premier repas d’Elizabeth en France

Ma découverte des habitudes alimentaires françaises a commencé dès ma première soirée à Toulouse. Je ne suis arrivée chez mes hôtes que vers 21h30, donc je ne m’attendais pas à être accueillie avec autre chose de plus qu’une collation. J’étais loin d’imaginer que mes hôtes m’avait préparé un repas composé de plusieurs plats et qui a duré une heure et demie. Avant de venir en France, je savais que les Français avaient des habitudes alimentaires différentes de celles des Américains car j’avais suivi un cours sur la culture culinaire française à Dickinson. Je n’étais cependant pas préparée à la structure et au style de repas avec lequel j’ai été accueillie. Nous nous sommes mis à table dans une petite cour qui sépare la maison principale de ce que mes hôtes appellent la chartreuse, qui est la petite maison où se trouve ma chambre. C’était une belle soirée, donc même si j’étais fatiguée de ma longue journée et demie de voyage, m’asseoir à l’extérieur dans cette belle cour était apaisant. Je me suis présentée à mon hôtesse et nous avons commencé à discuter pendant que son mari apportait le premier plat. Nous avons tous les trois partagé des tomates à l’huile d’olive et au vinaigre balsamique, dont je me souviens encore de la saveur à ce jour. Les tomates étaient fraîches, et quand j’ai posé une question à leur sujet, mon hôte m’a dit qu’elle les avait achetées au marché le matin même. Je me suis alors souvenue avoir appris en classe que les Français achètent souvent leurs aliments le jour où ils prévoient les cuisiner pour s’assurer de leur fraîcheur et leur qualité. Ensuite, mon hôtesse a apporté une tarte au fromage et au jambon qu’elle venait de sortir du four. J’ai observé comment mes hôtes mangeaient pour pouvoir imiter leurs actions et leur montrer que je pouvais aussi participer à cette façon rituelle de manger. Ils mangeaient très lentement, savourant chaque bouchée comme si chacune était plus incroyable que la précédente. Après la tarte, je pensais que nous avions fini de manger et que je pourrais enfin aller me coucher, mais mes hôtes avaient prévu autre chose. Mon hôtesse a encore une fois disparu dans la maison et est revenue avec une grande assiette composée de différents fromages et un panier de pain frais. Elle m’a expliqué quels étaient les différents fromages et m’a invité à en goûter autant que je le souhaitais. Après avoir fini notre fromage, j’ai découvert que c’était l’heure du dessert, ce que je n’ai pas l’habitude de manger après le dîner car mes parents détestent les sucreries. Heureusement pour moi, leur version du dessert était un yaourt nature avec un peu de sucre que l’on pouvait ajouter par-dessus. J’ai trouvé que c’était la façon parfaite de terminer le repas : c’était assez sucré pour combler mon envie de sucre de fin de repas mais en même temps assez léger pour ne pas me sentir complètement ballonnée après ces quatre plats. Et enfin, une fois les yaourts terminés et la vaisselle faite, mes hôtes m’ont proposé une tisane, un mélange de feuilles de thé que mon hôtesse cultive dans son jardin et fait sécher pour que nous puissions en profiter en fin de repas. Ce mélange spécifique est destiné à aider la digestion, ce qui était nécessaire après la quantité de nourriture que nous avions mangé. Ce premier repas m’a surpris, mais je me suis vite habituée aux dîners tardifs composés de plusieurs plats et j’ai vraiment appris à les apprécier.

Comparaison des pratiques alimentaires françaises et américaines

Les Français ont des habitudes et des traditions alimentaires très différentes de celles des Américains. En France, les repas sont le plus souvent partagés en famille. Cela est vrai même lorsque les journées des membres de la famille sont chargées. Au contraire, aux États-Unis, chaque membre de la famille mange généralement à des heures qui lui conviennent individuellement au lieu d’attendre que toute la famille se réunisse à un moment précis. En gardant en tête la tradition française de manger en famille, on comprend pourquoi les hôtes d’Elizabeth ont voulu l’accueillir chez eux en l’invitant à manger tous ensemble même à une heure tardive, une autre tradition qui est courante en France. En effet, l’heure à laquelle les Français prennent leurs repas, notamment le dîner, est très différente de celle à laquelle les Américains sont habitués. Tandis que les familles américaines dînent souvent vers 18 heures, les familles françaises se mettent à table beaucoup plus tard, souvent vers 20 heures ou même 21 heures. Cependant, même si les repas commencent plus tard en France, cela ne les empêche pas de durer des heures. Aux États-Unis, la participation d’une personne à un repas prend fin dès qu’elle a fini de manger et les repas ne sont donc généralement pas très longs. En France, les dîners peuvent prendre des heures car les Français discutent de tous types de sujets, de la nourriture qu’ils mangent à la politique. Le fait que les repas en France soient habituellement composés de plusieurs plats contribue aussi à l’allongement de leur durée. En France, il y a souvent un apéritif avant que le dîner commence, qui se compose typiquement d’une boisson et de petites portions de nourriture, comme des arachides, des amuse-bouches et des tartinades. Pendant le repas, il y a souvent une entrée, semblable à un “appetizer” en anglais, et puis il y a le plat principal. Le dessert arrive après le plat principal, souvent précédé d’un assortiment de fromages et de pain. En revanche, aux États-Unis, toute la nourriture est habituellement servie en une fois, sauf si c’est une occasion spéciale – dans ce cas, il peut y avoir un apéritif avant le repas, qui comprend souvent du fromage. Le nombre important de plats lors d’un repas en France et le fait que les repas durent souvent des heures expliquent aussi pourquoi la plupart des Français ne grignotent pas durant la journée.

La valeur de la nourriture

En France, les repas sont considérés comme un moment important de la journée au cours duquel les familles se réunissent pour manger ensemble, et les Français accordent beaucoup de valeur et d’importance à ce moment de partage. Aux États-Unis, l’attitude à l’égard de l’alimentation est généralement très différente. Les Américains sont plus à l’aise avec le fait de manger seul ou de manger en faisant autre chose afin de gagner du temps. Par exemple, les élèves apportent souvent du travail au moment du déjeuner ou au dîner, ou dînent même dans leur chambre en travaillant afin d’utiliser leur temps efficacement. Cette attitude désinvolte à l’égard de la nourriture est très différente de l’attitude française, où l’on prend souvent plus de temps pour préparer les repas et où l’on passe aussi plus de temps autour de la table. Même en semaine, du temps est généralement réservé pour la préparation des repas. Cette différence pourrait s’expliquer par la relation plus personnelle et émotionnelle que les Français entretiennent avec la nourriture, qui est élément central de la culture française. C’est par exemple ce que l’on retrouve dans l’idée de terroir. Le mot « terroir » fait référence à la relation entre l’endroit où un aliment est cultivé et son goût. De fait, la notion de terroir est si importante en France que des mesures spécifiques existent pour accorder une protection et une reconnaissance particulières à ces zones et aux produits qui y sont cultivés. De plus, lors d’un repas en France, les gens discutent souvent de ce qu’ils sont en train de manger. Les Français passent ainsi plus de temps à table afin d’apprécier le repas comme un moment de partage. En France, un repas est donc considéré comme une véritable expérience sociale, à l’inverse des États-Unis, où les repas sont des moments plus flexibles de la journée, qui peuvent être raccourcis si nécessaire.

La relation à la nourriture et au gaspillage en France

Il ressort clairement des habitudes des Français qu’un repas est perçu comme plus qu’un simple acte de consommation. C’est un moment pour se régaler, un moment de plaisir, un moment de conversation, c’est un élément précieux et important de la vie. Les repas ne sont pas des arrière-pensées, ils sont planifiés et valorisés. Si ces observations peuvent surprendre un lecteur français, c’est parce que nous prêtons attention à des phénomènes considérés comme banaux en France. L’attachement à la nourriture est au cœur de la culture française mais cela n’est pas évident pour ceux qui n’ont pas ce genre de relation à la nourriture. Quelles sont les implications de tout cela ? Une approche axée sur le plaisir procuré par les ingrédients, l’alimentation, la préparation, etc. influence la façon dont nous traitons la nourriture au-delà du simple fait de la consommer. Jeter ce que nous avons préparé ou n’utiliser que les deux tiers des ingrédients prévus pour le repas devient quelque chose de beaucoup plus important si ce repas a été préparé du début à la fin avec nos propres mains, dans notre propre cuisine ou si le goût de la tomate signifie vraiment quelque chose pour nous. Finir son assiette et utiliser les ingrédients dans leur intégralité ou avant qu’ils ne se périment devient ainsi une évidence. Les Français se soucient de leur nourriture et la gaspiller n’est pas quelque chose qui est pris à la légère. Au contraire, aux États-Unis, l’idée même d’une relation à l’alimentation peut sembler presque amusante. La consommation est au cœur de l’acte de manger et il est plus question d’efficacité que d’autre chose. Les ingrédients doivent être faciles à obtenir, la préparation doit être simple, et les repas doivent avoir lieu rapidement de manière à ce que les gens puissent revenir aux activités qu’ils considèrent plus importantes. Les aliments et ingrédients surgelés ou prêts à l’emploi remplissent les rayons des supermarchés et on ne passe du temps à préparer un repas que pour les occasions spéciales. Dans cette optique, il est beaucoup plus courant de ne pas finir son assiette aux États-Unis. En effet, si l’on ne se soucie de la préparation des repas que dans l’optique de satisfaire un besoin vital, il est probable que l’on se soucie peu de la façon dont sont traités les aliments aux différentes étapes de leur préparation et consommation. Le gaspillage alimentaire devient alors facile. Sur le plan culturel, le gaspillage alimentaire est donc peu stigmatisé aux États-Unis, en raison de l’absence d’une relation significative des Américains à l’alimentation. Nous comprenons ainsi comment l’attachement français à la nourriture contribue non seulement positivement à l’idée de joie de vivre mais renforce également le lien des Français avec ce qu’ils mangent, de sorte que le gaspillage alimentaire soit réduit.

En quoi le concept d’espace personnel est-il différent entre la France et les États-Unis ?

Équipe éditoriale : Bevin, Lara, Melody et Paul

@ Fennel Hudson

Selon nous, l’un des aspects les plus déroutants de la culture française est la perception de l’espace personnel. La première expérience mémorable de Melody avec la notion d’espace personnel en France a été sa rencontre avec la grand-mère de ses hôtes. En passant par le Jardin des Plantes, Melody avait, par hasard, croisé ses hôtes qui venaient d’accueillir leur grand-mère pour le week-end. Les présentations ont été faites en hâte et, dans la pure coutume française, la grand-mère a voulu faire la bise à Melody, soit un baiser sur chaque joue. Peu habituée à ce qui peut être perçu par les Américains comme une invasion de leur espace personnel, Melody a eu un temps d’hésitation et, lorsque la grand-mère s’est penchée sur sa gauche, Melody s’est penchée à droite et a manqué de l’embrasser sur la bouche ! Comme si cela n’était pas assez embarrassant, lorsque la grand-mère s’est penchée sur sa droite pour rectifier la situation, Melody a voulu faire la même chose et s’est alors tournée sur sa gauche, ce qui a failli provoquer un autre baiser ! Quelle horreur ! Des expériences comme celle-ci ne sont pas rares pour les étrangers qui viennent en France, le concept d’espace personnel variant beaucoup d’une culture à l’autre. Qu’est-ce que l’espace personnel en France ? Comment cette notion est-elle interprétée différemment en France par rapport aux États-Unis et comment cela se traduit-il dans la vie quotidienne ? Bien que ces questions semblent complexes, nos observations de la culture française nous permettent d’explorer cette notion et d’essayer de fournir une analyse structurée de la définition de ce que représente l’espace personnel dans le contexte français.

Vous n’êtes jamais complètement habillé sans un sourire… sauf en France !

@ Blonde paresseuse

En marchant dans la rue aux États-Unis, il est normal de sourire aux personnes que vous croisez. Cependant, en France, cette pratique est rare. En France, si vous souriez comme le font les Américains, les gens seront étonnés et on ne vous rendra pas votre sourire. Vous pouvez penser que c’est parce que les Français sont impolis. Cependant, ce comportement est essentiellement dû à une différence culturelle en termes de perception de ce qu’est l’espace personnel en France par rapport aux États-Unis. Cette différence se traduit dans la manière dont les Français construisent leurs relations. Les Américains sont généralement très ouverts dès le départ et il est normal pour eux de partager des informations personnelles même lorsqu’ils rencontrent quelqu’un pour la première fois. Cette habitude prend plus de temps avec les Français. En effet, s’ils décident de partager avec vous des informations personnelles, il se peut qu’ils ne le fassent pas avant plusieurs rencontres. Bien que cela puisse être choquant pour les Américains, c’est quelque chose de tout à fait normal en France. Les Français accordent de l’importance à leurs relations avec les autres et choisissent prudemment les informations qu’ils partagent.

Assez paradoxalement, comme nous l’avons vu dans l’introduction, il n’est pas rare en France de faire la bise aux personnes que l’on vient juste de rencontrer, alors que cela est perçu comme un contact très intime aux États-Unis, en raison de la proximité physique que ce geste implique. Ceci est une autre preuve que les deux cultures ne partagent pas la même perception de ce qu’est l’espace personnel et la vie privée.

On n’est jamais aussi bien que chez soi…

Le rapport des Français avec leurs espaces privés souligne également la différence culturelle observée dans leurs relations personnelles par rapport au modèle américain typique. En se promenant dans Toulouse, on peut souvent voir des groupes de jeunes gens qui dînent ensemble, s’assoient au bord de la Garonne et profitent de la ville en général. Bien que cela ne soit pas anormalement choquant en soi, il est beaucoup moins fréquent pour les jeunes Américains de choisir de se réunir à l’extérieur. Vivre à Toulouse nous a rappelé les États-Unis de la fin du XXème siècle dans la manière dont les Français ont tendance à se rassembler et les endroits où ils choisissent de le faire. Les Américains ont soif d’innovation et la popularisation d’Internet et des téléphones portables a diminué la nécessité pour les jeunes Américains de quitter leurs espaces personnels pour échanger entre eux. Nos amis, et pratiquement tous ceux qui ont un compte sur les réseaux sociaux, peuvent être joints en quelques clics. Les Français ne sont pas contre la technologie, bien sûr. Eux aussi profitent de l’accessibilité d’Internet et des réseaux sociaux de la même façon. Cependant, ils perpétuent quand même la tradition de rester à l’extérieur de chez eux pour rencontrer les personnes qui font partie (ou non) de leur cercle de relations. Presque tous les jours de la semaine, on peut voir des jeunes traîner près de la Garonne, le fleuve qui traverse la ville de Toulouse. Il est même arrivé à quelques reprises que des amis que nous voulions voir soient déjà là-bas avec leurs propres amis.

@ Toulouse.fr

Cette différence culturelle a des effets sur la façon dont les deux cultures utilisent leurs espaces privés, et plus particulièrement leurs maisons. La façon la plus typique pour les jeunes Américains de se retrouver est de faire quelque chose à la maison. Les Américains ont inventé le terme “pregame” en référence au fait de consommer de l’alcool avec des amis à la maison avant de sortir, ou encore “Netflix and Chill” pour dire que l’on va regarder un film à la maison avec un ou une potentiel·le petit·e ami·e au lieu de se rendre au cinéma. Le confort d’être chez soi et d’inviter d’autres personnes à venir plutôt que de sortir a commencé à remplacer les classiques sorties au centre commercial où les jeunes avaient l’habitude de traîner le vendredi soir pour passer du temps avec leurs amis ou espérer croiser leurs « crush ». Bien sûr, les Français aiment aussi les soirées pyjama et les moments plus tranquilles à la maison, mais ils ont tendance à être plus sélectifs quant aux personnes qu’ils invitent chez eux et à la fréquence à laquelle ils le font.

De manière plus concrète, cette préférence pour l’intimité se traduit dans l’aspect extérieur des bâtiments français. Les maisons françaises, les immeubles d’habitation, les écoles et les bureaux ont des volets sur chaque fenêtre et même sur certaines portes. Il n’est pas rare de les voir fermés pendant la nuit, les journées chaudes ou lorsque les gens ne sont pas à la maison. Les volets font partie de la culture française en tant qu’héritage traditionnel mais aussi pour leur praticité. Il existe de nombreux types de volets mais les plus populaires sont les volets en bois ou électriques. Les volets peuvent aider à retenir la chaleur pendant l’hiver, empêcher la lumière du soleil de chauffer la maison en été et être un moyen de sécuriser un bâtiment. En marchant le long d’une rue typiquement toulousaine, on peut également observer que la plupart des maisons ont aussi un portail, un muret, ou des haies qui les entourent pour bloquer la vue depuis la rue. En plus de constituer des mesures de sécurité, ces éléments renforcent l’intimité des espaces privés, ce que les Français chérissent. En effet, les Français considèrent la maison comme un espace intime et personnel, où seuls leurs amis proches ou leur famille ont l’habitude de pénétrer. D’ailleurs, l’aménagement typique des maisons françaises peut être utilisé pour décrire les Français en général : réservés et calmes à l’extérieur mais charmants à l’intérieur.

Comment interpréter les différentes approches de la notion d’espace personnel en France et aux États-Unis ?

@ Liz Provasi

Avoir de l’espace fait partie intégrante de l’identité américaine en tant que liberté soulignée dans la Constitution. Les grandes maisons avec de l’espace pour les voitures ou les objets que l’on possède sont valorisées, tout comme le fait d’avoir un espace personnel autour de soi, qui est considéré comme la norme. En revanche, les normes françaises concernant l’espace personnel révèlent un paradoxe assez subtil : alors que la maison et la vie personnelle sont considérées comme des aspects extrêmement privés en France, la pratique de la bise, qui peut sembler invasive pour les Américains, est considérée non seulement comme une formalité mais comme une nécessité sociale. Dans le contexte français, l’espace personnel renvoie donc essentiellement à l’espace matériel, comme celui de la maison, tandis que celui du corps et de la personne est considéré comme moins important. En revanche, la mentalité américaine se concentre beaucoup plus sur l’importance de l’espace autour de la personne elle-même : avoir de l’espace pour le corps est ce qui est le plus important pour les Américains et la maison est au contraire considérée comme un espace moins privé, voire parfois comme un moyen d’afficher publiquement son statut social. Pour les Américains, comprendre ce à quoi se réfère l’espace personnel en France peut donc être assez déroutant, surtout avec des pratiques comme la bise. L’un des plus grands malentendus entre Français et Américains vient de cette différence d’interprétation, surtout car le besoin d’espace personnel imprègne tellement nos vies que parfois nous n’arrêtons pas d’y penser. Avec la mondialisation et l’émergence de la notion de citoyens du monde, il nous semble impératif de garder l’esprit ouvert aux différentes cultures et d’être conscients de la façon dont on occupe l’espace, qu’il soit personnel ou physique. Envisager l’espace sous son aspect culturel peut être intimidant mais aussi enrichissant.

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