Équipe éditoriale : Brendan, Emma, Nicole et Sara
En tant qu’Américains, vivre, étudier et participer à des projets de bénévolat en France nous permet d’en apprendre plus sur les différences entre les deux cultures et modes de vie. Comme nous résidons actuellement à Toulouse, beaucoup de ces différences sont devenues plus ou moins normales pour nous et nous les acceptons bien, cependant nous sommes toujours surpris par la curiosité des étudiants français à propos de la culture des armes à feu aux États-Unis. Dans le cadre de son projet de bénévolat, Emma aide à enseigner l’Anglais dans une école française. Pour la préparation de leur Baccalauréat à la fin de l’année, Emma a travaillé avec des terminales sur la culture des armes aux États-Unis et la manière dont celle-ci influence la politique américaine. Au cours des discussions, les étudiants français lui ont posé plusieurs questions en lien avec le sujet, mais celle qui lui est surtout restée en mémoire est : est-ce que tu possèdes une arme à feu ? Emma a été surprise par le fait que des élèves français envisagent sérieusement la possibilité qu’elle possède une arme alors qu’elle n’est encore qu’une étudiante de 21 ans. Cette question a pourtant été soulevée par de nombreux lycéens, ce qui nous amène à nous intéresser de plus près au rôle des armes à feu dans les sociétés américaine et française.
Pour comprendre les grandes différences culturelles à propos de la place des armes à feu dans chacune des deux sociétés, il faut comprendre les lois qui les régissent, à commencer par celles qui existent aux États-Unis. Comme la plupart des Américains le savent, le droit de posséder et de porter une arme est pro
tégé par le deuxième amendement de la Constitution et, en plus de cela, la plupart des États américains garantissent également ce droit dans leurs propres Constitutions. Parce que posséder une arme est si ancré dans les valeurs fondatrices des États-Unis, il n’est pas surprenant que cette question soit une source de division. En ce qui concerne la possession d’armes à feu, les lois varient d’un État à l’autre. Celles qui font cependant généralement consensus sont l’interdiction de vendre des armes à feu aux criminels condamnés, aux personnes coupables de violences domestiques, aux fugitifs, aux toxicomanes, aux personnes jugées mentalement instables, aux anciens combattants démis de leur fonction pour conduite répréhensible et aux personnes ayant renoncé à leur citoyenneté américaine. En ce qui concerne la régulation du port d’armes à feu, qu’il soit visible ou dissimulé, les lois ont beaucoup changé depuis le début des années 2000. Dans la plupart des États, un permis de port d’arme est requis et généralement attribué aux demandeurs qualifiés, mais onze États autorisent encore le port d’armes à feu dissimulé sans permis. On parle alors de « Constitutional carry ». Vingt-six États autorisent le port visible d’arme à feu sans permis et quatre États ainsi que le district de Washington l’ont interdit.
Comme on peut s’y attendre, les lois sont complètement différentes au sein de l’Union Européenne. En France en particulier, un permis de chasse ou de tir sportif est requis pour l’achat de toute arme. Il existe 4 catégories de permis qui ont chacun des régulations spécifiques et qui doivent être renouvelés régulièrement. Ces règlementations sont compliquées à expliquer en détails mais l’essentiel est de comprendre que le droit de porter une arme n’existe pas. La peine maximale encourue pour possession illégale d’arme à feu est 7 ans de prison ainsi qu’une amende. En 2012, le gouvernement français estimait qu’il y avait 7,5 million d’armes à feu légalement en circulation sur le territoire. Assez logiquement, ce chiffre est bien loin des 393 millions d’armes légales estimées aux États-Unis.
Les différences entre la France et les États-Unis à propos de la culture des armes ne se reflètent pas seulement dans la législation et les statistiques sur le nombre de personnes qui en possèdent, mais aussi, par extension, dans les façons de penser respectives des citoyens des deux pays. Ayant grandi en Amérique, où les armes à feu sont facilement accessibles et où beaucoup de gens en possèdent, le premier instinct de Sara lorsqu’une dispute entre deux personnes s’envenime, lorsqu’une personne seule a un comportement douteux dans un lieu public ou lorsqu’elle est suivie dans la rue est d’être prudente et de prêter attention à son environnement car ces personnes pourraient avoir une arme à feu sur elles. Un jour, elle expliquait ce sentiment à son hôtesse, qui a été très étonnée qu’elle pense instinctivement à cela. Sara et elle ont discuté du fait que sa perception est totalement différente de celle des Français. Pour eux, l’idée qu’un simple citoyen puisse avoir une arme à feu ne leur vient même pas à l’esprit, alors que pour un Américain c’est une possibilité aussi dangereuse que probable, qui influence à la fois notre sens de la sécurité et notre manière de penser.
Cependant, dans un reversement de situation intéressant, Nicole a également été légèrement choquée d’être accueillie par la police militaire française portant ce qui semblait être de grandes armes semi-automatiques à l’aéroport de Toulouse Blagnac. En effet, à chaque fois qu’elle voit des militaires ou des policiers porter ce type d’armes à feu, elle présume automatiquement que quelque chose va très mal. Son premier instinct est de s’éloigner le plus possible de ces militaires par peur de la situation qu’ils sont potentiellement en train de gérer. Aux États-Unis, les policiers ne portent que de simples pistolets et, d’après son expérience, il n’y a pas de police militaire stationnée dans les aéroports à moins qu’il n’y ait eu une alerte à la bombe. Cependant, à mesure qu’elle passe plus de temps en France, le phénomène de la police militaire lourdement armée devient plus normal et moins alarmant. Ce qui est intéressant et quelque peu ironique, c’est que bien qu’elle soit Américaine et que les Américains possèdent en général plus d’armes à feu, elle semble moins habituée à voir des hommes portant de grosses armes que les Français. Ainsi, tout comme les Français sont à parts égales fascinés et alarmés par les lois américaines sur les armes à feu, elle aussi a été très surprise par les armes en France.
Les différences de droit entre la France et les États-Unis sur la question des armes à feu provoquent à la fois des différences culturelles et des divergences de points de vue. Le port d’armes à feu par les civils est légal et répandu aux États-Unis, ce qui amène les Français à croire au stéréotype selon lequel chaque Américain possède une arme et est habitué à en voir. Cependant, pour Nicole personnellement, la réalité est toute autre. Non seulement elle ne possède pas d’arme à feu, mais elle n’a pas non plus l’habitude d’en voir, bien que la peur que quelqu’un en ait une en sa possession soit toujours présente dans les situations tendues. En fait, elle était même peu à l’aise en voyant la police militaire avec des armes semi-automatiques, alors que les autres citoyens français ne montraient pas signe de crainte. En revanche, pour un citoyen français, l’idée de posséder sa propre arme à feu apparaît complètement farfelue. Nous trouvons cette grande différence culturelle intéressante car nous pensons qu’elle reflète bien les principes fondateurs de chacun des deux pays. En France, le peuple croit fermement au gouvernement et à sa capacité à prendre soin de ses citoyens, une attitude typique d’un pays socialiste. Cependant, aux États-Unis, un pays fondé sur les principes de la liberté individuelle et la méfiance à l’égard du gouvernement, les gens sont plus enclins à vouloir eux-mêmes prendre leur destin en main. Posséder sa propre arme à feu pour se protéger soi-même en l’absence de protection gouvernementale est l’une des manifestations les plus directes de la croyance puissante en la liberté individuelle des Américains, qui préfèrent prendre les choses en main eux-mêmes étant donné leur manque de confiance dans la capacité du gouvernement à prendre soin de ses citoyens. Ainsi, alors même que le droit américain de porter des armes à feu vise à garantir la liberté et la sécurité individuelles, il provoque chez certains d’entre nous un sentiment d’insécurité en présence d’étrangers. Au contraire, en France, même si les gens n’ont pas la liberté de porter des armes à feu, ils sont libérés de cette peur et de la suspicion à l’égard d’autrui qui accompagne le droit d’avoir une arme. Qui est le plus libre : les Américains qui ont légalement le droit de posséder une arme à feu ou les Français qui ne craignent pas pour leur vie dans des situations tendues ?












la fille de ses hôtes s’est empressée de lui demander si elle avait déjà entendu le mot « lull ». Après un moment de confusion, Isabel s’est rendu compte qu’il ne s’agissait pas d’un mot français, mais plutôt de l’abréviation anglaise « LOL », prononcée avec un accent français. Cette expérience s’est avérée être la première d’une longue série de rencontres avec des anglicismes dans la langue française courante. Les propriétaires utilisent du « scotch » pour accrocher des « posters » sur les murs, les parents « font du shopping » chaque « week-end », les lycéens trouvent tout « cool » et « like » les publications sur « Facebook ». Ainsi, l’une des choses les plus surprenantes depuis que nous sommes arrivées à Toulouse est que l’on retrouve pas mal de mots anglais dans nos conversations en français.


D’après l’expérience de Devin et Colby, la bureaucratie est une partie importante du système universitaire français. Colby remarque par exemple que quand on a besoin de la signature d’une personne et qu’un bureau a des heures d’ouverture restreintes (notamment aux heures où les étudiants ont cours, avec une longue pause pour déjeuner), c’est difficile de trouver la personne dont on a besoin. Rien n’est en ligne et certains secrétariats semblent fermer de façon aléatoire. Devin vit un peu la même chose dans les bibliothèques. Les bibliothèques de la ville sont interconnectées, mais le système qui dit si un roman est disponible ne dit pas s’il l’est dans la même bibliothèque. Donc, même si le système dit qu’un roman est disponible, il pourrait être nécessaire de visiter une autre bibliothèque dans la ville. Pour les deux expériences, la réaction française est la même : les hôtes de Devin ont trouvé que sa réaction était drôle. Pour Colby, la réaction commune est que « c’est la France. »
Devin passe par H & M, une boutique connue et fréquentée par les jeunes et les étudiants. Bien que cette boutique existe aussi aux États-Unis, la différence est évidente par le style vestimentaire des clients à l’intérieur.
Bien que sa prof guide les étudiants, ils ne sont pas pour autant amis et donc le lien est plutôt professionnel. Une de ses profs a souligné l’importance de choix que ces étudiants possèdent : « si vous êtes dans cette salle, vous êtes ici pour apprendre. Vous avez le choix. Vous pouvez quand même rester au lit. Mais vous avez choisi d’apprendre. » Ce rapport produit une dynamique dans laquelle les étudiants ne sont ni dorlotés ni traités avec condescendance. En plus, les parents ne paient pas de frais de scolarité. C’est-à-dire que, les étudiants sont les seuls patrons de ce fardeau ou cadeau qu’est la scolarité. En bref, les petites quantités d’examens administrés donnent responsabilité aux étudiants de comprendre le sujet sans incitation d’une note de participation ou de présence. Par conséquent, c’est la décision de l’étudiant français de poursuivre la connaissance et entre ses profs et lui, il existe un égard mutuel.

Les Français ont un rapport individuel mais aussi social à l’usage des cigarettes. Par rapport aux États-Unis, on voit beaucoup plus de fumeurs en France et on voit une culture qui est plus tolérante vis-à-vis des fumeurs. Comme Nadia l’a observé, “aux États-Unis, il y a un type de préjudice contre les gens qui fument, particulièrement les jeunes. Mais ici, à Toulouse, il n’y a pas cette mentalité. Je me suis fait des amis français et ils m’ont dit qu’ils fument pour l’aspect social. Souvent, quand un ami sort pour fumer une cigarette, les autres sortent avec lui pour continuer la conversation.” Comme le remarque si bien Nadia, on voit qu’il y a un aspect plus social qu’un aspect qui soit plus attentif à l’environnement et à la santé. Aux États-Unis on pense plus aux conséquences négatives de fumer et que l’aspect social n’est pas une raison qui dépasse l’aspect de la santé. 


