De Carlisle à la Ville Rose

Category: La Une en Français Page 2 of 24

? Parcourir la ville, en France et aux États-Unis

Le fait qu’un système ferroviaire national n’existe pas aujourd’hui aux Etats-Unis est une triste réalité. Ce n’est pas le cas d’autres pays autour du globe comme par exemple le Japon, la Suisse, la Corée du Sud ou encore la France. C’est ce dernier cas que nous allons développer ici. Ces différences remontent à la conception même des différents systèmes de chemins de fer. Les trains sont apparus aux Etats-Unis dans un contexte économique et commercial, afin de connecter fermes, champs, fleuves, ports maritimes entre eux dans le but de faciliter le commerce et les échanges économiques. Les trains ont donc été construits rapidement, pendant la révolution industrielle, et avec la seule intention de faire du profit. Un exemple de la manière dont les lignes de trains ont joué un rôle crucial dans la formation des États Unis est que dans le Midwest, plus de 80% des fermes se trouvent à moins de 10 kilomètres d’une station de train exportant céréales ou bétail. Les lignes ferroviaires en France, par contre, ont été construites avec d’autres intentions. Plus que les bénéfices commerciaux, c’est l’affirmation politique et culturelle de Paris en tant que capitale qui a été visée à travers l’établissement des lignes ferroviaires, comme en témoigne la structure centralisée (en étoile) du réseau ferroviaire autour de la capitale française.

Cette différence de mentalité a un impact clair sur la façon dont les grandes villes de chaque pays sont formées et montre ce qu’elles priorisent. Par exemple, Houston au Texas figure parmi les villes les moins accessibles à pied aux États-Unis. Un trajet de 5 minutes en voiture peut rapidement devenir une excursion de 45 minutes à pied du fait du manque de passages piétons et du nombre de routes très fréquentées traversant la ville. Heureusement, certaines villes comme New York sont bien plus accessibles à pied et les transports en commun y sont très usités. Même si certaines villes américaines sont techniquement accessibles à pied, c’est incomparable aux villes françaises et aux moyens dont elles sont connectées. De nombreuses grandes villes américaines sont construites de manière quadrillée, en grille, mettant en évidence l’époque à laquelle elles ont été construites et à quoi elles servaient : ce sont des villes de construction récente et axées sur la commodité, la praticité (notamment concernant la circulation automobile). Même les petites villes sont généralement construites avec une rue principale autour de laquelle tous les bâtiments sont disposés. Ceci est en opposition totale avec les villes françaises qui ont été construites maison par maison selon ce qui était pratique pour les habitants de l’époque, souvent il y a plusieurs siècles. Ceci est vrai pour des villes comme Paris, construites en spirale, mais aussi pour de petites villes comme Conques, qui ont été construites par des maçons au fil du temps à des fins de pèlerinage, menant à des dispositions en apparence aléatoires des maisons. L’architecture des villes de ces pays commence à expliquer la différence de mentalités : la culture versus la commodité à la racine de chaque système. 

Les lignes de train en Europe ne se limitent pas à la France. En effet, des systèmes ferroviaires sont en place pour relier toute l’Europe. Il y a à peine deux semaines, mon cousin, qui fait ses études à Londres, a pris l’Eurostar à Paris pour rendre visite à sa mère et a ensuite pris un train SNCF jusqu’à Toulouse pour venir me voir. Un de mes amis a pris un train pour aller à Barcelone pour le week-end. Ce ne sont que quelques exemples de la façon dont les gens que je connais ont utilisé le système de train en Europe. En revanche, se rendre de New York à n’importe où aux Etats-Unis en dehors de la côte Nord-Est est incroyablement difficile, voire tout simplement impossible.

Cet aspect culturel des objectifs du système des trains met en évidence les différences entre les systèmes de transport américains et français. Un autre aspect important à prendre en considération lors de la comparaison des deux systèmes est qu’aux États-Unis, les lignes de chemin de fer ont aidé à mettre en place les bases de l’aménagement du pays, alors qu’en France, les villes étaient déjà en place et les lignes des trains ont dû être établies sur une base déjà définie.

? Systèmes de transports : des points de vue différents

Lorsque l’on regarde les grands systèmes de transport en commun de villes en France et aux États-Unis, on remarque non seulement que ces différences sont nombreuses, mais aussi qu’elles découlent du mode de pensée de chacun de ces systèmes, système américain, système français. 

La première grande différence entre les systèmes de transport en commun français et américain est l’utilisation de ces systèmes. Les transports en commun français sont utilisés beaucoup plus fréquemment qu’aux États-Unis. Quand on regarde les chiffres, presque 14 % des Français utilisent le système de transport en commun fréquemment, contre seulement 5% des Américains. Ceci étant dit, il existe de grandes disparités : si on observe certaines villes américaines avec des systèmes de transport en commun plus développés, comme New York, le nombre de personnes utilisant les transports en commun rivalise avec et même dépasse celui de certaines grandes villes françaises.

Une deuxième différence importante entre ces systèmes est le niveau de priorité donné aux transports en commun. Le gouvernement français considère qu’un tramway est plus utile qu’une rue, parce qu’un tramway peut servir à beaucoup plus de personnes qu’une voiture individuelle. Ainsi, la priorité donnée aux transports en commun en France est illustrée par le fait que les villes françaises ont tendance à mettre des tramways dans les grandes rues. Cela  souligne le fait que les transports en commun et les piétons sont prioritaires en France, pas les voitures. La France a de nombreux endroits réservés aux piétons (aires piétonnes) et où les voitures sont interdites.

Un autre aspect du système de transport en commun français qui n’est pas encore arrivé aux États-Unis est la présence d’un TGV, ou train à grande vitesse. Le TGV est présent dans toute la France, ainsi que dans de nombreux autres pays européens, et les Européens utilisent régulièrement ce train à la place d’un avion. L’interdiction des vols (en avion) quand il existe une alternative en train de moins de 2h30 vient d’ailleurs juste d’être validée par la Commission européenne, pour des raisons écologiques, afin de privilégier les déplacements en train lorsque cela est possible. Les États-Unis n’ont pas encore ajouté cet aspect du transport en commun, les américains voyageant à travers le pays principalement en avion ou en voiture. La Californie a prévu de construire le premier TGV aux États-Unis, mais les opérations ne commenceront qu’en 2030.

En comparant ces deux systèmes, il semble que la principale cause de ces différences soit la taille des pays. Les États-Unis font environ 17 fois la taille de la France. Par conséquent, dans le développement du système de transport aux États-Unis, il était nécessaire que cette vaste région soit totalement connectée, et au vu des distances à parcourir, il fallait des solutions de transport rapides. Cela pose un problème évident pour le développement des transports en commun (trains, bus, tramways…), surtout à l’échelle nationale, puisqu’il y a beaucoup plus de villes éloignées à connecter entre elles aux Etats-Unis qu’en France. 

Les États-Unis sont donc un pays beaucoup plus grand, mais aussi moins centralisé que la France, aux échelles nationale et internationale. La capitale française, Paris, concentre les lieux de pouvoir (économiquement et politiquement parlant notamment) et de décision: on parle de macrocéphalie. Donc, la France a la capacité de connecter toutes les grandes villes à la capitale. Aux États-Unis, la capitale est Washington DC, et la ville la plus métropolitaine est New York. Non seulement les lieux de pouvoir économique et politique sont donc dissociés, mais en plus, ces deux grandes villes sont sur la côte Est du pays, donc elles sont complètement déconnectées de l’autre côté du pays. Malgré ces différences fondamentales dans la structure du pays, les États-Unis continuent de développer de nouveaux systèmes de transport en commun dans les grandes villes. 

En général, les transports sont très différents dans ces deux pays, et cela crée des différences fondamentales dans la vie quotidienne des citoyens. Le résultat de tous ces facteurs est la présence d’une grande différence dans la relation que les individus ont avec leurs voitures. Aux États-Unis, les voitures ne sont pas considérées comme un choix, elles sont une nécessité. Pour les étudiants américains, fêter ses seize ans est une étape importante: la possibilité de passer son permis de conduire signifie que les jeunes n’ont plus besoin d’être véhiculés à l’école et à leurs activités extra-scolaires par des proches. Ils peuvent conduire eux-mêmes. C’est une grande étape dans la prise d’indépendance d’un étudiant américain. En comparaison, les étudiants français peuvent aller à l’école, au travail, et pratiquer leurs loisirs seuls avant leurs seize ans grâce au système de transport en commun très développé dans les villes. 

Les systèmes de transports français et américain ont une histoire très différente, ce à quoi on peut ajouter un système contemporain de transport très différent également. Ces différences entre les systèmes de transport ont un effet non seulement sur la vie quotidienne des citoyens, mais aussi sur leur relation à leur environnement.

? Explorer son environnement à un autre rythme : une façon d’améliorer sa santé mentale

Non seulement le modèle français favorisant les piétons et leurs déplacements en transports en commun rend la vie plus pratique pour le citoyen lambda moyen, qui utilise les transports en commun comme principal moyen de se déplacer dans la ville, mais ce modèle a aussi d’autres effets positifs, à savoir une meilleure appréciation de la ville pour les habitants d’un Toulouse citoyen et facilement navigable. Les possibilités de stationnement limitées dans le centre-ville animé et pittoresque encouragent les individus à privilégier les déplacements non-automobiles, font qu’il devient effectivement essentiel d’explorer la ville rose à pied ou en utilisant le système de transport en commun efficace.

Ces attributs peuvent également avoir un effet très positif sur la santé mentale des personnes qui vivent à et visitent Toulouse. En effet, la structure non quadrillée de Toulouse signifie qu’il est très simple et nécessaire de sortir à pied et de prendre l’air pour se rendre là où on veut aller. De nombreuses études prouvent que ces déplacements sont bons pour la santé mentale, particulièrement à notre époque où nous avons été freinés par le COVID-19 et ses restrictions, certes nécessaires, mais dures. Il a été prouvé que le fait d’être à l’extérieur atténue les symptômes d’anxiété et de dépression, tout en stimulant la clarté mentale, la productivité et la créativité, alors que dans certaines villes (comme New York ou Los Angeles) le bruit et la circulation peuvent créer beaucoup de stress. La pratique toulousaine de faire la part belle aux piétons facilite grandement les choses, en prenant des mesures comme la mise en place de barrières ou de plots anti-stationnement pour que les voitures ne puissent pas traverser les zones piétonnes. Le centre-ville toulousain est ainsi largement piétonnisé.

Un autre aspect important qui fait de Toulouse un endroit agréable pour les individus sans avoir besoin de s’appuyer sur les voitures est la présence incontournable d’espaces publics qui proposent souvent des divertissements gratuits aux touristes et aux habitants. L’espace qui a tendance à être le plus médiatisé est la place du Capitole, où les gens peuvent profiter d’une grande diversité d’événements avec en toile de fond le magnifique bâtiment du Capitole. Pendant notre séjour ici, dans l’espace de quelques mois, il y a eu un concours de saut à la perche, une dégustation de vin, un festival de la durabilité, un vaste marché de Noël et des marchés hebdomadaires qui offrent aux personnes une chance d’explorer gratuitement la culture locale et la vivacité de la ville. D’après mon expérience personnelle et celle de mes amies, aucune voiture n’est nécessaire pour profiter de ces événements, il suffit d’emprunter le système de transport en commun très efficace, avec notamment trente-huit stations de métro espacées d’environ 10 minutes les unes des autres, ou de faire une promenade avec vue sur la ville, selon la proximité. Les dimanches sont particulièrement appréciés des Toulousains, car le rythme ralentit et on peut prendre plus son temps pour traverser cette belle ville, se balader sans destination précise. Avec des dizaines de marchés ouverts exclusivement le dimanche, il est facile pour les gens d’interagir avec les propriétaires de petites entreprises locales tout en soutenant stimulant l’économie locale, et tout cela sans voyager trop loin ou devoir compter sur des voitures ou des réseaux routiers trop compliqués.

Le mot de la fin

La France possède certaines des villes les plus propices à la marche au monde, et par conséquent, les Toulousains sont parmi les plus heureux et ont le sentiment d’avoir une qualité de vie globale très satisfaisante. Les recherches montrent que les personnes vivant dans des villes non piétonnes avec un volume élevé d’autoroutes et d’autoroutes ne ressentent pas la même chose et se sentent plus déprimées que celles vivant dans des villes où les voitures ne sont pas privilégiées, au profit des piétons et des transports en commun. Comme nous pouvons le constater à partir de ce simple seul fait, il est de la plus haute importance de privilégier un système de transport en commun efficace et piétonnier, comme c’est le cas à Toulouse. Il est impératif que les États-Unis commencent à mettre en œuvre des systèmes comme celui de Toulouse dans ses villes les moins accessibles à pied.

?Passer au vert en France et aux États-Unis

Vivre au XXIème siècle, c’est tenter tant bien que mal de réduire notre empreinte carbone, c’est chercher à consommer moins et mieux. De par un système capitaliste, les États-Unis sont l’un des plus grands consommateurs du monde : en moyenne, chaque Américain jette 1,8 kilos de déchets par jour. Pour nombre d’entre nous, réduire ses déchets et économiser de l’énergie sont des objectifs que nous cherchons à atteindre quotidiennement, mais cela demande de véritables efforts et des habitudes de consommation responsables. Bien que la France ait aussi un système économique plutôt capitaliste, les Français mettent en place des habitudes quotidiennes plus évidentes afin de réduire leur consommation d’énergie et leurs déchets. Notre article a pour but d’examiner les différences culturelles entre France et États-Unis en ce qui concerne leurs habitudes écoresponsables. Nous évoquerons l’ironie quant au fait que les Américains dépensent plus (d’argent) pour être plus écoresponsables, tandis que les Français dépensent moins pour être plus écoresponsables. Nous explorerons les différentes approches à l’écologie dans les deux pays ainsi que les différences dans la vie de tous les jours concernant les habitudes de consommation.

? Passer au Vert avec les Transports

Certaines villes en France, notamment celles qui ont une grande population, ont des systèmes de vélos en libre-service, souvent surnommés Vélib’ à l’oral : c’est un programme public qui permet d’emprunter un vélo. Les vélos, selon la ville, sont manuels ou électriques. Le programme de vélo partagé est plus ou moins accessible: en général, il y a des options de paiement à l’heure, à la semaine ou à l’année qui le rendent accessible aux habitants locaux ainsi qu’aux touristes. La pléthore de vélos et de stations de vélo permet de réduire les émissions de gaz à effet de serre créées par des voitures. 

Les bus en France sont électriques ou roulent au gaz naturel au lieu de rouler à l’essence traditionnelle. Il y a de nombreux arrêts de bus dans la ville, avec des arrivées de bus toutes les cinq à quinze minutes, selon la ligne concernée. De façon semblable aux vélos, il y a des moyens de paiement variés et les tarifs abordables (surtout à Toulouse) encouragent la population à prendre le bus ou les vélos parce qu’ils constituent des moyens de transport en commun fiables et rapides. La fréquence des bus, les nombreux arrêts et le fait qu’ils soient électriques mettent en évidence la décision en France de préserver l’énergie.

De plus, les voitures électriques sont plus abordables : à la FNAC, le célèbre magasin d’appareils électroniques et de livres, il y a une voiture qui s’appelle la Citroën Ami : c’est une petite voiture électrique avec deux places avec des paiements à partir de 19 euros par mois. La France propose une grande diversité de voitures électriques, allant de modèles basiques à des modèles de luxe.

L’utilisation des transports en commun aux États-Unis est plus faible par rapport à celle de la France. Bien que des options de transport comme les bus, les trains, les métros et les tramways existent aux États-Unis, leur utilisation est réservée aux zones urbaines densément peuplées avec les ressources et les infrastructures nécessaires pour les accueillir : une étude d’avril 2021 montre que 70 % des usagers des transports publics des États-Unis habitent l’une des sept plus grandes régions métropolitaines du pays. Dans l’ensemble du pays, cependant, les gens utilisent rarement les transports en commun (par rapport aux grandes régions métropolitaines) : en 2019, seulement environ 5 % de tous les travailleurs aux États-Unis ont choisi les transports en commun pour leurs trajets. Mais sur une note plus positive, de nombreux Américains choisissent le vélo pour se rendre au travail, réduisant ainsi leurs émissions carbone et les programmes de covoiturage deviennent de plus en plus populaires dans les villes des États-Unis. Pourtant, 75,9 % des personnes se déplaçant pour leur travail aux États-Unis ont choisi de conduire seuls dans leurs véhicules personnels. Cela montre que la planification urbaine américaine donne fortement la priorité aux voitures par rapport aux vélos ou aux piétons. Avec les larges routes du pays, les autoroutes facilement accessibles et la culture sociale entourant la propriété automobile, l’automobile a clairement la mainmise sur les trajets et la culture américaines. Cette hiérarchisation est directement liée à la popularité des automobiles dans le pays au cours du siècle dernier.

?Passer au Vert Chez Soi

À la maison, les Français économisent l’énergie au quotidien. Dans la plupart des foyers, il n’y a pas de sèche-linge. Au lieu de cela, les Français font sécher leurs vêtements à l’air libre. Cela réduit considérablement la consommation d’énergie d’un logement, surtout lorsque de nombreux domiciles adhèrent à cette norme.

En outre, de nombreux appartements et maisons ne sont pas équipés de la climatisation. En été, les Français ouvrent leurs fenêtres pour permettre à un courant d’air de traverser la maison afin de la rafraîchir le soir, toute la nuit, jusqu’au matin. Le matin, ils ferment les fenêtres et les volets afin que le soleil ne pénètre pas à l’intérieur pour réchauffer la maison. Cette méthode s’est avérée efficace pendant plusieurs générations, mais aujourd’hui, avec l’augmentation de la température dans le monde du fait du réchauffement climatique, elle s’avère de plus en plus problématique. À la maison, une autre tendance culturelle consiste à éteindre les lumières lorsque personne n’est dans la pièce ou lorsqu’on la quitte. Souvent, on monte les volets pour profiter de la lumière naturelle afin de réduire la consommation d’énergie dans la maison. 

En ce qui concerne la consommation d’eau, les toilettes ont deux boutons : le plus petit permet de tirer la chasse d’eau moins longtemps et le plus grand de tirer la chasse d’eau plus longtemps. Sous la douche, les Français prennent des douches courtes ; la douche est considérée comme un moyen de se nettoyer plutôt que comme un moment de détente. En outre, de nombreuses personnes ferment l’eau de la douche pendant l’application du shampooing ou du gel douche et ne remettent l’eau que pour se rincer. Ces habitudes de réduction de la consommation d’énergie et d’eau conduisent à un taux de consommation d’énergie plus faible à l’échelle nationale.

En revanche, vivre de manière “écologique” aux États-Unis est une affaire coûteuse. Ceux qui en ont les moyens installent souvent des panneaux solaires sur leur toit, équipent leur maison de la technologie “smart home” ou achètent une Tesla électrique. Bien que ces actions réduisent l’empreinte carbone et soient plus durables, elles sont beaucoup trop coûteuses dans leur état actuel pour devenir la norme. Passer au vert, bien qu’il s’agisse d’un objectif incroyablement important, est devenu une tendance aux États-Unis pour les quelques privilégiés qui peuvent se le permettre. La culture sociale américaine n’a pas adopté les attitudes nécessaires pour réduire la consommation de manière abordable. Bien qu’il existe des actions quotidiennes qui pourraient être prises, comme des douches plus courtes, une utilisation moindre de la climatisation et du chauffage, la réduction de la conduite des véhicules personnels et la diminution des repas au restaurant, de nombreux Américains ne sont pas prêts à changer leur vie pour le bien de la planète.  

En France, les aliments sont cultivés différemment. Il existe des pratiques plus durables, comme la diminution des hormones chez les animaux et des pesticides sur les plantes. Leurs pratiques de conservation des aliments sont plus économes en énergie. Au lieu de mettre les aliments chauds dans le réfrigérateur, ils les laissent reposer jusqu’à ce que leur température baisse, afin que le réfrigérateur n’ait pas à travailler plus pour refroidir la température interne des plats. L’approche des Français en matière de conservation de l’énergie et des aliments permet de réduire considérablement leur consommation.  

Les pratiques de durabilité à la maison aux États-Unis, en particulier celles qui concernent l’alimentation, sont insuffisantes par rapport à celles de la France. Alors que le monde entier gaspille environ 1,4 milliard de tonnes de nourriture par an, l’Amérique est le plus grand contributeur à ce chiffre avec près de 40 millions de tonnes par an. On estime que ce chiffre représente entre 30 et 40 % de l’approvisionnement alimentaire du pays. Les causes du gaspillage alimentaire extrême sont complexes, mais la mauvaise compréhension des dates de péremption est un facteur important : plus de 80% des Américains jettent de la nourriture qui pourrait être consommée par peur d’intoxication alimentaire. De plus, les portions dans les restaurants aux États-Unis sont excessives et ont doublé voire triplé au cours des vingt dernières années. Bien sûr, ceci participe à l’étendue des gaspillages alimentaires, d’une part par les restaurants, d’autre part via le fait que les restes ramenés chez soi finissent souvent à la poubelle et ne sont donc pas utilisés.

L’abondance des fast-foods aux États-Unis joue un rôle majeur dans le gaspillage alimentaire mais aussi dans l’utilisation excessive d’emballages plastiques et papiers. Cela inclut les contenants à emporter, l’utilisation excessive d’emballages et un manque de matériaux recyclables. Même les emballages qui pourraient être recyclés sont souvent jetés aux ordures. Pour un pays avide d’argent tel que les États-Unis, il apparaît surprenant que l’industrie de la restauration rapide néglige l’économie de 11 milliards de dollars que représenterait le simple fait de recycler leurs emballages.

Même si la restauration rapide aux États-Unis contribue lourdement à la destruction de notre planète, nombreux sont ceux qui y ont recours en raison de leurs prix imbattables. L’achat de produits biologiques ou écoresponsables aux États-Unis est en moyenne 47% plus cher que l’achat de leurs équivalents conventionnels. Ces prix reflètent bien sûr les exigences plus élevées en termes de bien-être animal, d’attention portée aux pesticides, et d’absence d’OGMs. De nombreux Américains aimeraient manger plus responsable, mais ce n’est tout simplement pas permis par leur budget.

?Le mot de la fin

Les objectifs de conservation français et américains atteignent des buts similaires avec des motivations différentes. En observant les habitudes de conservation françaises par le biais de la vie en famille d’accueil et de la vie à Toulouse, il est clair que les Français mènent une vie synonyme de conservation, indépendamment du gain social. Cela diffère grandement des idées américaines sur la conservation.

Aux États-Unis, un grand nombre de choix écologiques ont un coût élevé ou suivent les “tendances” actuelles. La conservation est moins une décision respectueuse de l’environnement qu’un moyen de continuer à se présenter comme une tendance. Cela est dû en partie au prix de l’énergie dans chaque pays. L’essence, par exemple, est très différente aux États-Unis et en France. En France, un gallon d’essence coûte $6,21 USD. Le prix d’un gallon aux États-Unis est en moyenne de $4,09 USD. Bien que les prix de l’essence fluctuent, ces moyennes montrent la différence de près de deux dollars dans un gallon d’essence entre les deux pays. Il est plus coûteux financièrement de conduire en France, et la culture de la conduite automobile est donc beaucoup moins apparente.

Parmi les autres pratiques quotidiennes liées à la conservation, citons la réduction des déchets alimentaires. Les États-Unis sont connus pour leurs grandes portions et leurs excès de consommation, ce qui est moins le cas en France. On trouve des portions plus petites dans les restaurants, ce qui permet de réduire le gaspillage alimentaire dans son ensemble. À la maison, économiser la nourriture est extrêmement important. Le fait de dîner dans un foyer français a permis de constater que les Français font tout pour minimiser le gaspillage alimentaire, qu’il s’agisse de conserver les dernières bouchées de pâtes du dîner ou de remettre dans le réfrigérateur un citron qui n’a pas été complètement pressé.

De plus, les pratiques de compost diffèrent aux États-Unis et en France. Aux États-Unis, une machine à compost intérieur/automatique peut coûter jusqu’à $400 USD. S’il est possible de créer son propre système de compostage dans son jardin, cela prend du temps et nécessite des recherches et des matériaux que de nombreux Américains ne sont pas prêts à se procurer. Certains États ont mis en place des initiatives de compostage, mais les États-Unis varient beaucoup d’un État à l’autre en matière d’efforts de compostage. En France, plus précisément à Toulouse, la ville finance des initiatives de compostage. La ville finance une installation de compostage en plein air, qui coûte entre 15 et 25 euros. Ce niveau de conservation est devenu un véritable réflexe en France, et il a certainement fallu un certain temps pour s’y adapter en tant qu’Américaine.

Les pratiques de conservation font partie de la routine quotidienne, et sont moins associées à la nécessité d’acheter plus en France. Aux États-Unis, il est courant pour les gens d’acheter pour économiser (paradoxalement): qu’il s’agisse de l’achat du dernier modèle Tesla, d’une machine à compost fantaisie (et hors de prix) ou de la modernisation des appareils électroménagers pour les rendre plus “intelligents”, l’environnementalisme a presque toujours un prix. La France semble prendre des mesures plus petites, plus quotidiennes, pour mener une vie globalement ancrée dans la conservation, sans avoir à acheter le dernier gadget pour y parvenir.

L’écologie en France

Alors que le menace du réchauffement climatique a augmenté au cours du siècle dernier, le mouvement de durabilité écologique s’est développé dans le monde entier. En France, ce mouvement augmente depuis le 20e siècle. Grâce à la gestion institutionnalisée des ressources naturelles, l’écologie est devenue un phénomène culturel et un débat national. Aux échelles de la ville, le département, et le pays, la durabilité écologique est une clé pour comprendre l’histoire et le futur de la France. La pandémie de Covid-19 a fait changer la manière qu’ont les consommateurs et des législateurs de penser leurs relations à l’environnement. Les ventes des produits bios ont augmenté au cours de ces dernières années parce que les consommateurs réfléchissent à leurs impacts sur l’environnent ainsi que sur leur santé. Ce mouvement engeance d’autres comportements quotidiens en créant une culture écologique, par l’usage de l’électricité, de l’essence, et de l’eau. En plus la durabilité écologique concerne les moyens de produire et consommer l’électricité, ce qui implique l’énergie nucléaire. Cette dépendance est un sujet central dans l’élection présidentielle de 2022. Dans quelle mesure les habitudes écologiques des législateurs et des consommateurs Français reflètent-ils les valeurs nationales ? 

Le bio dans l’alimentation française 

Bio, ou biologique, est le terme français qui décrit un produit créé sans utiliser de pesticide ni d’engrais chimiques. Aux États-Unis, un produit est certifié comme bio quand il est examiné par l’USDA (Le département national d’agricole) dans une procédure rigoureuse qui récompense le producteur avec une distinction à afficher sur l’emballage. En France, pour les produits alimentaires, le logo AB, Agriculture Biologique Certifiée, est également géré par l’État. Selon les statistiques enregistrées en 2020, la France n’est devancée que par l’Allemagne dans la quantité des ventes des produits bios dans un marché d’une valeur de plus de 12,7 milliards d’euros. Les consommateurs s’intéressent à la sphère de l’alimentation biologique et les producteurs répondent à la demande. La France est en tête de l’Europe avec la plus grande superficie de terres agricoles biologiques. 

La pandémie de Covid-19 a mis les préoccupations sanitaires au premier plan. Selon une étude de l’Université de Montpellier, les consommateurs sont plus que jamais conscients du lien entre leur propre santé et l’environnement. L’Agence Bio a interrogé les consommateurs français, trouvant un quasi-recoupement entre la façon dont les consommateurs perçoivent les impacts environnementaux des produits biologiques et les impacts positifs sur la santé. 87 % pensent que les produits biologiques sont bénéfiques pour l’environnement ; 82 % pensent que les produits biologiques sont bénéfiques pour la santé individuelle. Cette vision de la durabilité est remarquable. Établissant un lien direct entre sa propre santé et l’environnement, les consommateurs ont l’impression d’obtenir un avantage tangible tout en aidant la Terre. 

Le mouvement de l’alimentation biologique est un succès pour le mouvement écologique dans le sens où il permet aux consommateurs de comprendre comment leurs achats ont un impact sur leur pays et sur le monde. Dans une autre enquête menée par l’Agence Bio, 60 % des Français interrogés privilégient l’achat de produits locaux, avec l’intention de « consommer autrement ». Pourtant, dans l’espace agricole française, du fait de la multiplicité des exploitations bio, acheter local revient souvent d’acheter bio. Si on rencontre un agriculteur biologique local lors d’un marché du quartier du week-end, on crée un lien humain positif qui légitime le mouvement écologique. Dans un paysage commercial dominé par le supermarché, pourquoi beaucoup de Français préfèrent acheter local aux petits marchés ? Peut-être le facteur le plus important, c’est les relations humaines. 

La superficie des terres dédiées à l’agriculture biologique et la taille du marché témoignent que l’alimentation biologique domine l’agriculture française. Mais la raison pour laquelle elle a été un succès est plus ancrée dans la culture et la tradition françaises, principalement par la tradition des petits marchés communautaires. Dans l’ensemble, les raisons pour lesquelles les Français recherchent des produits locaux et bio se recoupent : la santé de soi, la santé de la communauté, la santé de la planète. À son tour, cela personnalise le mouvement d’écologie, et ainsi pour les consommateurs, leurs choix individuels peuvent faire une différence. 

  L’électricité : production et consommation au quotidien 

Dans les autres considérations environnementales quotidiennes, limiter l’utilisation de l’énergie et de l’électricité est essentiel en France. Qu’il s’agisse de limiter l’éclairage, de privilégier l’utilisation de transport en commun, d’éviter le gaspillage d’eau, les Français sont en général plus écolos que les Américains, en ce qui concerne des tâches quotidiennes. Pour la plupart, cela s’explique par des coûts moyens d’électricité plus élevés qu’aux Etats-Unis, ce qui permet à la consommation d’énergie aux Etats-Unis d’être plus élevé sans coûter trop cher aux familles. Un kilowattheure en France coûte 0.204 dollars américains, contre presque la moitié de son coût, 0.104 dollars américains, en moyenne aux Etats-Unis. Les Etats-Unis consomment huit fois plus d’énergie que la France chaque année. Cela est également causée par une culture sociale plus large encourageant la sensibilisation environnementale dans ce dernier pays. Similaire à la considération de quels produits alimentaires à acheter, les Français ont tendance à avoir une consommation plus responsable. Et c’est en partageant des valeurs culturelles à petite échelle que cette consommation responsable est devenue un phénomène national. Dans un article de 2020 dans le “Journal of Evolutionary Economics,” les chercheurs ont démontré que les tactiques de pression sociale sont un facteur déterminant de la consommation écologique en France. Cela signifie que les réseaux à petite échelle encourageant à limiter l’usage de l’électricité sont une force motivante puissante dans le mouvement écologique français. 

Le rapport quotidien des Français à l’usage d’énergie a été formé par l’histoire de la production d’électricité dans le pays. Après les manques d’énergies pendant les deux guerres mondiales, le pays s’est efforcé de devenir indépendant énergétiquement, développant une industrie nationale du charbon. Le plus grand pas vers l’indépendance d’énergie, cependant, a été après la crise de pétrole en 1973 dans les pays Arabes. Après cette période turbulente en obtenir l’énergie, la France a investi dans l’infrastructure de l’énergie nucléaire, ayant très peu d’autres sources d’énergie domestique et facilement accessibles. Étant donné l’impact très bas sur l’environnement, l’énergie nucléaire est devenue une source efficace d’énergie renouvelable. La participation de la France au Protocole de Kyoto en 1997 a fortifié la position positive du pays vis-à-vis des énergies renouvelables et a limité l’usage d’électricité. Aujourd’hui, la France est le troisième producteur d’énergie nucléaire du monde. 70% de l’électricité consommée dans le pays venant de l’énergie nucléaire, mais c’est une source d’énergie controversée à cause des risques de catastrophe nucléaire. Par ailleurs, les investissements pour les énergies renouvelables augmentent de plus en plus. Des épisodes répétés d’insécurité d’énergie nationale, en plus d’une focalisation culturelle partagée vers le réchauffement de la planète, ont fait évoluer la mentalité française concernant la consommation d’énergie. 

Les décisions politiques sur l’électricité 

Bien que l’énergie nucléaire devient répandue en France depuis les derniers 40 ans, elle crée du gaspillage nucléaire dont est difficile de disposer. En plus, les centrales nucléaires sont compliquées à construire : le plan de 10 B € pour des nouvelles centrales nucléaires en 2012 ne sera pas prêt avant 2023 et il va couter plus de 20 B €. Ces inconvénients, ainsi que l’intérêt positif des français pour de l’énergie renouvelable, mènent aux nouvelles sources d’énergie. Le Ministère français de la Transition Écologique a donné 1.7 GW de projets renouvelables aux promoteurs privés en avril 2020, et le budget gouvernemental pour l’énergie renouvelable a augmenté de 25% dans 2021. Le plan de « France 2030 » de 34 B €, annoncé par président Macron en octobre 2021, va augmenter le financement de l’État pour l’industrialisation. Ce financement sera particulièrement un accent sur la décarbonisation. En résultat, le coût des panneaux solaires a baissé de 40% depuis 5 ans. Avec ces politiques l’État focalise sa attention sur l’énergie renouvelable ainsi que la réduction de l’utilisation d’énergie. Malheureusement, quelques objectifs comme la Stratégie National Bas-Carbone ne seront pas atteints. L’énergie renouvelable est facile de glorifier, cependant en pratique il pose quelques complications et incertitudes pour un pays industrialisé comme la France. L’opinion du peuple reflète ces inquiètes : selon le groupe BVA, l’énergie nucléaire est considérée comme un atout pour la France par 50% des Français en 2021, ce qui est 3% plus haut que 2019. 

            Des débats de l’énergie nucléaire sont de plus en plus régulières alors que l’élection présidentielle de 2022 approche. Tous les candidats de droit soutiennent le développement de l’énergie nucléaire ainsi qu’Astrid, un programme de recherche pour le recyclage du gaspillage nucléaire. Éric Zemmour et Marie Le Pen soutiennent fortement l’ouverture de 6 – 10 nouvelles centrales nucléaires. Néanmoins, des candidats à gauche sont plus divisés. D’un part, Jean-Luc Mélenchon et Anne Hidalgo argumentent que l’usage de l’énergie nucléaire a besoin d’être limitée à cause des coutes environnementales et financières. D’autre part, Fabien Roussel défend des travailleurs de nucléaire qui sont dans des syndicats. Selon lui, l’ouverture des nouvelles centrales nucléaires est mieux pour l’économie française. Alors que des politiciens créent des politiques qui concernent l’énergie dans les années à venir, il fait équilibrer les limitations techniques, les limitations économiques, et les désirs et les besoins des Français. 

Conclusion 

Pour conclure, le débat en France sur l’écologie continue et évolue toujours. Bien qu’il soit un consensus général à l’échelle nationale de répondre à la menace du changement climatique, les moyens à mobiliser ne sont pas évidents. Les législateurs et les consommateurs français se retrouvent nez à nez avec le besoin de compenser les valeurs culturelles et le pragmatisme. L’énergie renouvelable s’aligne avec les valeurs françaises, mais étant donné le manque des sources de l’énergie renouvelable, les politiques doivent considérer comment satisfaire les demandes actuelles en énergie. L’alimentation bio domine l’environnement agricole en France, pourtant cela est un choix individuel d’en consommer. Le débat continu sur l’usage de l’énergie nucléaire, la dépendance à l’énergie et l’usage d’électricité quotidienne fluctue, perturbé par la pandémie de Covid-19 et bien plus avec les changements rapides dans le prix de l’essence à cause de la guerre en Ukraine. Même si les crises climatiques et géopolitiques continuent, l’équilibre entre les choix des individus et les valeurs culturelles influence les gestes écologiques. 

L’élection présidentielle française de 2022

C’est une année des élections présidentielles en France et avec les élections imminentes, l’activité politique augmente dans tout le pays. Les élections commencent le 10 avril 2022 et les résultats seront annoncés le 24 avril. On peut déjà voir les affiches autour de l’Université de Toulouse Jean-Jaurès pour les candidats comme Jean-Luc Mélenchon et Fabien Roussel. Il y a toujours les étudiants qui distribuent des prospectus en dehors des bâtiments, et les élections sont un sujet de conversation à table pendant les dîners avec beaucoup de familles d’hôtes. Le climat frénétique de la vie politique à Toulouse est similaire à beaucoup de villes américaines juste avant les élections présidentielles. Et avec le nombre de candidats dit des extrêmes, beaucoup d’enjeux sociaux dépendent des résultats. Dans les sections suivantes, on découvre le système d’élections en France, l’historique du système, les programmes des 12 candidats à la présidence et la question des manifestations. On inclut aussi les perspectives des familles-hôtes et des étudiants français à la fac ainsi que nos propres expériences d’étudiants américains vivant à Toulouse. 

Le processus électoral

Tous les cinq ans, les Français élisent leur président par un processus électoral qui est composé de deux tours et auquel tous les partis politiques peuvent participer. Dans ce système, tous les citoyens Français qui ont plus de 18 ans, en France ou à l’étranger, peuvent voter directement pour le candidat de leur choix. Les élections présidentielles sont composées de plusieurs étapes importantes. D’abord, la liste officielle des candidats est publiée environ sept semaines avant le premier tour de vote. Chaque candidat dans cette liste doit avoir la signature de cinq cents représentants élus, entre autres choses. La prochaine étape du processus électoral a lieu environ quatre semaines avant le deuxième tour ; il s’agit de la campagne présidentielle officielle. Il s’agit d’assurer l’égalité entre les candidats. Chaque candidat a un plafond pour les dépenses pendant leur campagne, qui est surveillé par un comité. Chaque candidat a aussi des temps d’antenne strictement limités. Ainsi, tous ont la même quantité de temps pour leurs campagnes. Le premier tour des élections est la troisième étape dans le processus des élections présidentielles et il se passe deux semaines avant le deuxième et dernier tour de vote. Les Français vont aux urnes et votent. S’il n’y a pas de candidat qui gagne 50 % de vote, que serait une victoire automatique, le deuxième tour de vote est programmé et les deux candidats qui ont la majorité des votes continuent au prochain tour. Ce deuxième vote est l’étape finale du processus électoral, ou chaque citoyen vote encore, cette fois juste entre les deux candidats. Comme avant, ce tour est un vote direct et populaire, où chaque vote est compté directement pour le candidat. Il s’agit d’un suffrage direct, différent du suffrage indirect états-unien. L’annonce des résultats par le Congrès Constitutionnel se passe dans les dix jours après l’élection, et le président est élu immédiatement suivant cette annonce. Après qu’un président a été élu, il ou elle peut renouveler leur présidence une fois de plus mais il ne peut pas faire plus de deux mandats.    

L’histoire du vote en France

Tout citoyen français âgé de 18 ans révolus à la date du scrutin peut voter le jour des élections. En réalité même si vous n’êtes pas un citoyen français vous pourrez peut-être voter à certaines élections locales. Cependant, ce n’a pas toujours été le cas. Tous les hommes pouvaient voter en 1848 alors que la loi qui permet aux femmes de voter n’a été votée qu’en 1944.  La première élection en France a eu lieu en 1848, et le gagnant a été Louis-Napoléon Bonaparte par vote populaire. C’était la première et la seule élection présidentielle sous le régime de la Deuxième République. La Troisième République a eu 15 élections présidentielles, avec un processus complètement différent. Dans ce nouveau processus, les deux chambres du parlement placés sous l’autorité de l’Assemblée nationale voteraient pour qui serait président. Le gouvernement de la Troisième République a eu des élections de 1870 à 1940, c’est la plus longue période avec le même processus électoral en France. La Quatrième République n’a eu que deux élections et les vainqueurs des élections ont été décidés par le congrès du Parlement français. C’était une combinaison de l’Assemblée nationale et du conseil de la république. De 1958 à nos jours les Français sont dans la Cinquième République et ont un autre nouveau procédé qui est différent des derniers procédés. Il y a eu 11 élections sous la Cinquième République et leur 12 cette année au printemps 2022.  

Les candidats

Il y a 12 candidats qui sont inclus sur la liste de candidats officiels pour 2022. Ici, nous verrons leurs profils: 

Nathalie Arthaud: Lutte Ouvrière. Arthaud représente un groupe d’extrême gauche et communiste. Elle est professeur d’économie au lycée en Aubervilliers (une banlieue au nord de Paris). Elle veut défendre les ouvrières contre l’encadrement et elle veut lever le SMIC de €1,269 jusqu’au €2,000 par mois. 

Nicolas Dupont-Aignan: Debout la France. Dupont-Aignan a été séparé de la partie traditionnelle des conservateurs. Son nouveau parti représente la liberté et la liberté de la presse. Il veut «restaurer la dignité de la République.» 

Anne Hidalgo: Parti Socialiste. Née près de Cadiz, Espagne mais a grandi en Lyon, France, Hidalgo représente une partie gauche traditionnelle qui veut inclure une variété des intérêts de la gauche pour toucher une base assez large d’électeurs. 

Yannick Jadot: Europe Écologie- Les Verts. Jadot veut unifier les électeurs de la gauche pour renforcer la question environnementale en France. Il dit vouloir restaurer les idées que Macron a oubliées concernant l’environnement. 

Jean Lassalle: Résistons. Lasalle est un candidat centriste qui représente la population rurale en France. Il veut retourner le pouvoir financier au forum public. 

Marine Le Pen: Rassemblement National. Le Pen représente un parti d’extrême droite. Elle favorise le nationalisme économique, la séparation de l’économie de l’Union Européenne. Elle aime l’idée de la diversification d’énergie mais elle est contre la privatisation des services publiques et la sécurité sociale. Son concurrent le plus sérieux est probablement le candidat le plus à droite, Éric Zemmour. 

Emmanuel Macron: La République en Marche. Macron, le Président en poste a déclaré sa candidature pour les élections 2022 quelques heures avant la date limite le 4 mars. Il continue de représenter un programme centriste et il espère que les électeurs vont le choisi pour la continuité et sa gestion de la guerre en Ukraine. 

Jean-Luc Mélenchon: La France Insoumise. Pour sa troisième campagne présidentielle, Mélenchon représente le parti à l’extrême gauche, l’Union Populaire. Il est probable qu’il ait perdu le soutien de quelques électeurs après le Parti Communiste Français a décidé de soutenir son propre candidat, Fabien Roussel. 

Valérie Pécresse: Les Républicains. Pécresse représente un programme traditionnel des conservateurs. Elle a bougé un peu plus à gauche pour apaiser le Républicain jusqu’au-boutiste et rivaliser avec les autres candidats de l’extrême droite. 

Philippe Poutou: Nouveau Parti Anticapitaliste. Un mécanicien auto sans diplôme de lycée, Poutou représente un parti de l’extrême gauche. Ses idées sont similaires à celles de Nathalie Arthaud, une autre révolutionnaire communiste. 

Fabien Roussel: Parti Communiste Français. Roussel représente une base des électeurs similaire à celle de Mélenchon. Par ailleurs, il a séparé soi-même des autres candidats de la gauche sur les thèmes de la sécurité et l’immigration et aussi de la justice sociale. En plus, il est pour l’utilisation d’énergie nucléaire. 

Éric Zemmour: Reconquête. Zemmour est un candidat de l’extrême droite qui soutient la théorie du grand remplacement. Il avance qu’il existe une conspiration des élites pour remplacer les caucasiens en France par les africains et les arabes. Donc beaucoup de son programme traite d’idées xénophobes contre l’Islam et l’immigration. 

https://graphics.france24.com/france-2022-presidential-elections-french-politics/ 

 Les Manifestation et l’opinion en France

Il n’y a peut-être rien de plus français que de manifester. Les manifestations incessantes des Français sont alimentées par l’amour de leur pays, la République, qu’ils souhaitent transformer par l’expression populaire. Ce combat pour une patrie plus grande remonte souvent au célèbre jour de la Bastille, où le prolétariat a combattu le système féodal, décapité le roi et placé la France sur la voie d’une société plus égalitaire avec sa première constitution. Le parti communiste de la fin du 19e siècle et du début du 19e siècle a apporté son soutien à la classe ouvrière en ramenant la semaine de travail de 48 heures à 40 heures, en augmentant considérablement les salaires et en créant les “congés payés”, deux semaines de vacances payées. Cette méthode de manifestation a servi de modèle à tous ceux qui cherchent le changement. Aujourd’hui, la rue est remplie de personnes qui défendent un assortiment d’idées et de mouvements. Il n’y a pas si longtemps, la lutte des “gilets jaunes” a semé le chaos dans la capitale suite à la proposition d’Ecotaxe par le président Emmanuel Macron. Elle était surtout contestée par les habitants des zones rurales qui ne pouvaient pas se permettre une nouvelle hausse du prix de l’essence et qui ne bénéficient pas forcément de protections suffisantes du système social français. Alors que les manifestations des gilets jaunes étaient relativement irrégulières, d’autres peuvent être facilement suivies car elles sont programmées. Par exemple, une recherche rapide sur google donne accès à la liste des manifestations prévues. Elles peuvent correspondre à des problèmes mondiaux, nationaux ou locaux. Par exemple, des manifestations de soutien à l’Ukraine ont vu le jour dans tout le pays, tandis que l’obligation vaccinale a fait l’objet de protestations dans des lieux plus précis. Le progrès de la France a longtemps était attribué aux manifestations inébranlables et dont les changements sont toujours en cours à ce jour et se poursuivront à l’avenir.  

 

La culture des manifestations et le défi de s’informer sur tous les candidats est parfois écrasant. Mais ici, nous sommes spectateur de cette élection parce que personne dans le programme de Dickinson ne peut voter en France. Alors, nous avons décidé de demander l’avis des citoyens français autour de nous. Une sœur d’accueil (20 ans) a dit qu’elle était angoissée concernant les élections et elle a peur de l’ascension de l’extrême droite, en particulier la popularité d’Éric Zemmour. Quand nous avons demandé si le système français était mieux que le système américain parce qu’il y a plus des choix, les hôtes d’une étudiante ont dit que le système français n’était pas mieux et en quelques façons c’était pire que celui des États-Unis. Aux États-Unis il y a un choix entre un candidat démocratique et un candidat républicain mais cette hôtesse a dit qu’en France c’est normalement entre 2 ou 3 candidats et il y a une possibilité que tous les trois soient conservateurs et elle a décidé que c’était vraiment le pire. Avec tous les partis qui participent aux élections, il y a la question de ce qui est mieux : de voter pour celui qui est le plus proche de vos opinions ou de voter utile. Récemment, une étudiante de Dickinson était témoin d’un débat entre deux amis à la fac concernant cette polémique. Une de ces filles a dit qu’elle allait voter pour V. Pécresse parce qu’elle voit l’élection comme une lutte entre E. Zemmour, M. Le Pen, et V. Pécresse et elle a dit que les autres seront pires donc elle a choisi V. Pécresse. Son amie était choquée que son amie n’allait pas voter pour Mélenchon parce qu’elle avait l’impression que les deux avaient des idées politiques similaires. Elles ont commencé un débat sur l’idée de voter pour son premier choix ou voter stratégiquement pour celui qui a la meilleure chance d’être élu. Clairement, les amis peuvent avoir des idées politiques différentes tout comme aux États-Unis. Il semble que les étudiants à Toulouse n’aient pas peur de discuter leurs idées politiques. 

LES SPECIFICITES FRANCAISES ET AMERICAINES DANS L’EDUCATION SUPERIEURE 

 

Ce semestre à Toulouse, les étudiants du groupe Dickinson en France viennent de tous les coins des États-Unis, plus précisément de l’Ohio, de la Pennsylvanie, de New York, du Maryland, de la Californie.  Plusieurs étudiants internationaux sont également présents ce qui apporte un large spectre de point de vue en cours et lors des discussions en petits groupes. Un sujet que nous trouvons particulièrement intriguant est la comparaison entre l’éducation française et américaine. Au cours de ce court journal, nous expliquerons ces différences à travers des expériences personnelles.   

Depuis le début de la COVID au début de l’année 2020, mon point de vue sur les aménagements académiques a radicalement changé. Jusqu’au présent, j’ai eu à suivre des cours en ligne tout en vivant sur le campus de mon université. Je me suis toujours sentie soutenue par l’université de Dickinson et je n’ai jamais pensé à comment les autres établissements mettent en place leurs emménagements pédagogiques, ou, même, à la façon dont les universités d’autres pays le font. En fait, pendant l’automne 2020, alors que je suivais des cours entièrement en ligne, je n’ai jamais ressenti le besoin de discuter avec mon professeur de mes aménagements pédagogiques, car les normes relatives aux examens, aux interrogations et aux devoirs à rendre avaient complètement changé. Les examens en personne, longs et supervisés, se sont transformés en examens à notes ouvertes, d’une durée de plus de 48 heures, avec parfois même des options de points bonus.   

LES AMMENAGEMENTS PEDAGOGIQUES  

Au cours de ma première semaine à Sciences Po Toulouse, j’ai immédiatement réalisé que je n’étais plus dans une petite université américaine d’arts libéraux. Les attentes à l’égard des étudiants et de leur travail tout au long du semestre étaient plus ambiguës que la méthode américaine. Je ne savais pas qu’il pouvait exister une absence de mesures de soutien à l’apprentissage dans une université française comme celle-ci. Néanmoins, j’ai pu travailler avec le centre Dickinson pour parler à mes professeurs si un problème survenait. Heureusement, j’ai trouvé que les professeurs étaient extrêmement accommodants. Je pense c’est parce que la COVID a modifié les méthodes d’apprentissage, ce qui a fait évoluer les normes d’un système éducatif peut-être plus strict comme celui de la France. La plupart des professeurs eux-mêmes semblent avoir profité de la flexibilité sur les tests et du temps de classe que la COVID a donné au monde de l’éducation. Bien que cela profite aux personnes qui ont besoin d’une aide supplémentaire pour apprendre, j’espère que ces changements de normes resteront et seront même appliqués à des personnes qui n’ont pas de difficulté d’apprentissage particulière.  

AUTONOMIE ET SUIVIT DES ETUDIANTS  

Les cours en France ainsi que le travail demandé par les professeurs sont un énorme ajustement par rapport à ce à quoi nous sommes habitués aux Etats-Unis. Le système français est bien connu pour sa difficulté de ses cours, et la sévérité des professeurs et du travail en général. Nous, en tant qu’étudiants, ne savions pas ce que cela signifiait réellement. Aux Etats-Unis, nous étions habitués à recevoir une grande quantité de travail, avec parfois l’impression qu’il n’y avait pas assez d’heures dans la journée pour faire le travail. Ici, en France, nous avons plus de cours qui durent plus longtemps. Normalement, chaque classe est une fois par semaine et rarement 2 fois par semaine et peut durer entre 1h30 et 3 heures. Les professeurs donnent rarement du travail à rendre, il y a généralement de gros devoirs tout au long du semestre basé sur le travail fait en cours. La plupart des cours sont basés sur des conférences et non sur des discussions en classe, venant d’un art libéral comme Dickinson, cela a demandé un énorme ajustement.   

Les étudiants français sont également plus habitués à travailler sur leurs devoirs tout au long du semestre. Ils savent aussi comment préparer les dissertations qui leur seront remises à la fin du semestre. Par conséquent, même s’il semble qu’il n’y ait pas beaucoup de travail à faire au quotidien, les étudiants français étudient et préparent en continue leurs grands travaux de manière indépendante. C’est la norme dans le système éducatif français, de même que les règles strictes qu’ils appliquent en matière de travail à fournir. La dissertation est l’un des devoirs qui décrit le mieux le système français : elle est rigide, stricte et doit être réalisée d’une certaine manière. Il a été surprenant de constater qu’à la fin du semestre, les étudiants doivent réfléchir à ce qu’ils ont fait et rédiger une dissertation sur un sujet choisi par un professeur sur la base des supports de cours du semestre.    

L’EXPERIENCE DE LA MOBILITE A L’ETRANGER  

Les Américains à l’étranger en France interagissent avec de nombreux étudiants du monde entier, la plupart d’entre eux faisant partie d’un programme européen d’échange appelé Erasmus. Ce programme est présenté comme un échange culturel et un moyen d’obtenir des crédits dans son université locale. Erasmus est financé par des institutions qui intègrent la Commission européenne et, en retour, les étudiants reçoivent des allocations mensuelles pour vivre. L’objectif global du programme est de permettre aux étudiants d’apprendre d’autres cultures et d’acquérir des expériences internationales dans le cadre de leurs études. Il est clair que de nombreux étudiants profitent du programme Erasmus et participent à cet échange culturel, étant donné que cette expérience est souvent attendue par leur université, ou par le système éducatif. Contrairement aux États-Unis, où étudier à l’étranger est considéré comme un privilège plutôt que comme une attente. Il existe des possibilités d’étudier dans différents pays, mais l’accessibilité à ces programmes est très variable selon l’université. Il est clair que les étudiants des États-Unis et les étudiants européens connaissent des niveaux de mobilité différents au cours de leurs années universitaires. Les universités européennes bénéficient de la proximité et de l’accessibilité du continent, ainsi que des relations bilatérales entre de nombreuses nations.  

Le programme Erasmus permet aux étudiants de faire l’expérience des échanges culturels et de la mobilité entre pays de manière immersive. Les étudiants bénéficient d’un soutien financier, dans une certaine mesure, ainsi que des aides du programme pour le logement et l’éducation. L’échange éducatif n’est peut-être pas très différent de celui de leur pays d’origine, mais il leur permet de découvrir de nouvelles normes, d’autres langues et un autre mode de vie quotidien à un jeune âge. Les étudiants universitaires aux États-Unis n’ont pas le même accès à la mobilité, c’est pourquoi il faut souvent prévoir d’étudier à l’étranger avant de choisir une université. Ce n’est pas toujours le cas, mais comme les universités diffèrent largement dans leur accès aux programmes d’études à l’étranger, cela signifie souvent que les étudiants ne peuvent pas planifier à l’avance ces opportunités. Bien que les étudiants américains ne fassent pas toujours l’expérience de la mobilité au cours de leurs années d’études, il est fréquent qu’ils suivent un programme en dehors de leur pays/région d’origine. Cela signifie qu’ils peuvent faire l’expérience d’un changement culturel, même si ce n’est pas aussi radical que de se retrouver dans un autre pays. Les étudiants des nations européennes ont accès aux universités situées à proximité de leur région d’origine et, grâce au programme Erasmus, ils ont accès à une pléthore d’écoles en dehors de leur université locale.  

LA STRUCTURE DES UNIVERSITES ET L’ENSEIGNEMENT  

Tous les étudiants du programme de Dickinson du semestre d’automne 2021 suivent les cours à Toulouse Science Po. Bien que cette université soit proche de Toulouse Capitole Université 1, la structure du campus est limitée à un immeuble de quatre étages. La plus grande question que l’on nous pose est celui « des grands campus américains. » Il fait référence aux grandes pelouses vertes et aux grandes salles de classe dans les immeubles différents sur un terrain spécifique. En France, ce n’est pas le cas, comme montrer par le campus de Science Po. Faute de place dans le bâtiment, les étudiants internationaux ont suivi les cours à distance. Le campus offre un petit café dans le même immeuble, mais la bibliothèque et la cafétéria font une partie de UT1 à l’autre côté de la rue. En comparaison avec le campus de Dickinson et celles d’États-Unis, il est difficile de qualifier Science Po de « campus » selon les termes américains. Cependant, en France c’est un vrai campus, même si de plus grands campus comme Jean Jaurès et UT1 existent.  

En plus de la structure physique et l’orientation du campus, la structure d’enseignement est très différente des États-Unis. Susmentionné dans l’article « Autonomie et suivit des étudiants » le système française est rigide et stricte. Pourquoi ? La structure des cours en souligne la cause : les professeurs organisent les cours autour d’un contenu fixe et emploient une seule méthode pédagogique. Il y a également moins d’échanges entre étudiants et professeurs mais également moins d’interaction entre étudiants. L’importante autonomie attendue est le résultat d’une structure basée sur deux ou trois devoirs par cours, qui sont additionnés pour former la note finale. Il serait donc facile de croire que l’enseignement « à la française » est plus « libre » qu’aux Etats-Unis cependant les méthodes d’enseignement utilisées sont plus strictes. Les professeurs font rarement l’appel au long du semestre, et commente rarement les absences. En réponse, les étudiants sont moins complexés par l’idée de manquer un cours, et enfin, cela ajoute aux distances entre étudiants et avec les professeurs.  

 

 CONCLUSION 

Notre expérience toulousaine a été façonnée par le système éducatif, que ce soit au travers des attentes des étudiants et des professeurs, l’accessibilité aux aménagements d’apprentissage, les échanges culturels avec les étudiants Erasmus et la structure de l’université elle-même.  Tous ces aspects de l’apprentissage contribuent à notre expérience de vie à l’étranger et jouent sur la façon dont nous percevons les expériences interculturelles françaises et américaines. Nous avons vu que les différences en matière de logement pour les étudiants sont énormes, mais l’influence de la Covid a fait évoluer les pratiques dans ce domaine. Nous constatons également des différences flagrantes dans l’expérience de mobilité des étudiants des pays participant à Erasmus par rapport à d’autres étudiants. La possibilité d’étudier à l’étranger est extrêmement encouragée et rendue possible par un réseau extérieur à l’université. Plus spécifiquement, et de manière plus radicale, nous avons remarqué que la façon dont les cours sont suivis par les étudiants, ainsi que la relation entre les étudiants et les professeurs, qui sont très différentes de ce à quoi nous sommes habitués aux États-Unis. Enfin, la structure physique de l’université et sa qualification de « campus », reflète les différences entre les universités américaine et française.  

LA VIE PRIVEE ET LA VIE PUBLIQUE 

Alors que nous nous préparions pour nos études à l’étranger, le département des Relations Internationales (CGSE) de Dickinson nous a prévenu des quelques particularités culturelles que nous rencontrerions en France. Le pain qui accompagne les petits-déjeuners, le café qui se boit dans des bols, nos hôtes qui font le linge pour toute la maison : nous avions anticipé ces petites différences culturelles. En atterrissant à l’aéroport Toulouse-Blagnac, nous avons commencé à expérimenter quelques-unes de ces différences. Nous nous sommes adaptés, aux pigeons qui volent dans l’aéroport Charles de Gaulle, à traverser les rues sans attendre les feux verts, et à éviter les crottes de chien sur les Allées Jean Jaurès.  

Quand Dickinson coordonnait notre séjour en France, nous nous sommes préparés à nous adapter à toutes les petites différences du quotidien. Mais, il y a une chose que nous n’avions pas prévue et que nous avons découverte après notre arrivée à Toulouse. Il s’agit des énormes différences philosophiques et psychologiques entre les États-Unis et la France. Par exemple, les Français vont privilégier le respect de l’environnement plutôt qu’un accès facile au confort. On peut l’illustrer par la prévalence des tasses en papier et le recyclage méticuleux des déchets. Par ailleurs, la laïcité représente une théorie de la liberté de croyance plus régulée à la différence d’une liberté de culte plus laxiste aux États-Unis. La laïcité française est une approche de l’égalité religieuse complètement différente de celle du monde anglo-saxon.    

L’un des paradigmes culturels les plus choquants, qui semble s’étendre à tous les aspects de la vie à Toulouse, est la division entre la vie publique et la vie privée. Au travers des lois, de la technologie, jusque dans les salles de classe, nous avons commencé à voir évoluer nos conceptions du privé et du public.  

LES INTERACTIONS SOCIALES 

Dans les petites universités dites ‘Liberal Arts’ des États-Unis, comme Dickinson, les étudiants sont proches de leurs professeurs. Dans certains cas, leurs relations peuvent s’apparenter à de l’amitié. Lors de ces échanges entre les étudiants et les professeurs, il est courant d’en apprendre beaucoup sur la vie des professeurs. Il peut s’agir de leur vie familiale, leurs urgences personnelles, et même leurs passions et aspirations de vie. Quand nous étions en première année, le département de mathématique invitait les étudiants à rentrer chez eux pour leur distribuer des bonbons pour Halloween. À la fin du semestre, la classe peut dîner ensemble au restaurant avec le professeur pour célébrer les examens. Quand les étudiants travaillent un projet particulièrement difficile, ils peuvent envoyer des e-mails désespérés aux professeurs après minuit, et ils peuvent espérer une réponse dans la demi-heure. Les professeurs jouent un rôle actif dans l’apprentissage scolaire et social des étudiants. Ils se souviennent de nos engagements associatifs, de nos loisirs, de nos colocataires et nos frères et sœurs, et nos villes de naissance. Les étudiants eux se souviennent de leurs professeurs toute leur vie.   

À Sciences Po, même dans les cours de travaux dirigés nous ne parlons jamais avec nos professeurs en tête-à-tête. Nous ne savons même pas si Madame Pelissier a des enfants ni si Monsieur Pourcher habite à Toulouse. Un e-mail envoyé pour clarifier les normes de la dissertation pour le cours de Relations internationales est resté sans réponse. Si aux États-Unis, les relations entre l’étudiant et le professeur sont vues comme une opportunité de partager sur sa vie privée ; en France, la rigueur de l’Université tend à séparer les étudiants des professeurs plus que des étrangers se croisant dans la rue.  

VIE PRIVEE ET VIE PUBLIQUE EN LIGNE 

En France les célébrités tirent des avantages de cette division plus stricte de la vie privée et la vie publique. Tandis qu’aux États-Unis, nous avons vu la grossesse de Kylie Jenner depuis la conception ; en France les célébrités cherchent à garder leur vie privée confidentielle. Par exemple, en 2021 aux États-Unis, une rumeur a circulé sur le réseau social TikTok selon laquelle l’acteur de “Call Me By Your Name” Armie Hammer a des tendances cannibales et utilise les réseaux sociaux à des fins perverses. Cette rumeur fut largement diffusée une semaine avant que les journaux n’aient publié l’histoire, et cela grâce aux réseaux sociaux et à la culture américaine de partager les vies privées des personnalités publiques. Par contraste, Stromae et Omar Sy ne font pas souvent face aux rumeurs d’addiction aux drogues, de tromperie et de chirurgie plastique. Nos hôtes ne lisent pas les tabloïdes français, alors que le journal “People” est disponible dans toutes les salles d’attente aux États-Unis. Considérant la prévalence des réseaux sociaux comme TikTok et Buzzfeed, qui produisent un flux constant de potins des célébrités, il ne reste que peu d’espace pour la vie privée aux États-Unis. Cela peut s’expliquer par les différentes régulations et les normes qui concernent les protections de la confidentialité sur l’internet aux États-Unis et en France.  

Chaque fois que nous déverrouillons nos portables, il y a un rappel clair des strictes régulations françaises sur la vie privée. Nous ne pouvons pas ouvrir Google, Wikipédia, ou Buzzfeed sans lire une longue annonce avant d’accepter les cookies du site. Et non seulement nous les acceptons une première fois, mais il faut recommencer à chaque fois que nous nous rendons sur le site web. Cependant l’année dernière aux États-Unis, il y a eu un scandale lié à l’App Store : une application pour les enfants, “Talking Tom”, a filmé les utilisateurs sans la permission et a extrait les données de leurs appareils mobiles. Quel contraste saisissant ! Aux États-Unis, une application peut accéder à toute information sans aucune notification ; alors qu’en France, accéder n’importe quel site sur l’internent nécessite une autorisation de cookie. Cela est dû aux nouvelles directives de 2019 de la CNIL (Commission nationale de l’informatique et des libertés). Ils ont récemment confirmé que continuer à naviguer sur un site internet après l’affichage de son bandeau cookie n’est pas synonyme d’un consentement valide pour l’utilisation des cookies en France. Les opérateurs qui utilisent des cookies et des traceurs doivent prouver maintenant qu’ils ont obtenu le consentement explicite de l’utilisateur.  

Ici en France, nous sommes protégés par une loi européenne appelée RGPD – Règlement Général sur la Protection des Données. C’est pour que la population française, et plus largement européenne soit fortement protégée des extractions de données par des entreprises. Créé en 2016, et mis en œuvre en 2018, il existe maintenant un cadre à suivre pour les entreprises en matière de traitement des données personnelles. Ce concept de sécurité existe en France depuis plus de deux décennies, à l’époque où l’internet était à ses balbutiements. Bien que ces lois qui semblent facilement applicables ici, de l’autre côté de l’Atlantique, les États-Unis sont le seul pays de l’OCDE sans agence de protection des données. Si nous avions eu ces lois comme en France, peut-être nous n’aurions pas vu Mark Zuckerberg témoigner devant le gouvernement américain, pendant que les Américains craignaient pour la sécurité de leurs données.   

À travers ces lois qui font partie de la vie quotidienne des Français, et qui sont une preuve évidemment du manque de protection générale aux États-Unis, nous pouvons y voir une compréhension de la séparation entre la vie privée et la vie publique. Avant que nous venions en France, notre sécurité sur internet était limitée et nous étions obligés de nous sentir en sécurité avec cela. Le concept que notre vie privée est facilement exploitée et traitée chaque fois que nous accédons à l’internet est devenu familier. Mais maintenant, nous nous rendons compte que ce n’est pas le cas en France, car la valeur de la vie privée française est plus courante qu’aux États-Unis. En effet, c’est évident que le monde numérique de la France est simplement une démonstration de principes qui existent déjà.  

LE GOUVERNEMENT ET LES LOIS 

Quant au gouvernement et aux lois, la question de la vie publique et privée est assez claire.  En France, par rapport aux États-Unis, l’Union européenne établit les politiques qui doivent être suivies par les gouvernements, et la collecte de toutes les données et informations sur la population est strictement contrôlée.  Cependant, le gouvernement, en France, s’efforce toujours de participer et d’améliorer la vie des Français.  La « Sécurité sociale » par exemple est le même concept que le « Social Security Number » aux États-Unis, mais ici, le gouvernement fait plus d’efforts pour aider les résidents français et non ressortissants à avoir accès aux soins de santé et à d’autres types de services sociaux.  Par exemple, la première fois que je suis allé chez le médecin ici, j’ai été presque choqué de voir que je n’avais payé que 25 euros pour une consultation, contrairement aux centaines de dollars que j’aurais à payer aux États-Unis.  Comme le gouvernement français collecte des données – par exemple tous les actes officiels – afin de créer des données de criminalité ou des dossiers médicaux, ils envahissent en fait la vie privée d’autrui afin de garantir une protection globale de la société française.  C’est alors une grande préoccupation pour les Français puisque lorsqu’ils pensent que leur vie privée est en danger ou que l’argent n’est pas bien utilisé, ils n’hésitent pas à le faire savoir.  Chaque samedi à Toulouse par exemple, une partie de la population toulousaine manifeste, car elle a le sentiment que le Pass Sanitaire met à mal la vie privée.  Le gouvernement a signé des lois autorisant uniquement les personnes vaccinées à accéder aux principaux lieux publics de la ville comme le cinéma, certains magasins, le stade, etc., ce qui a suscité des inquiétudes quant à la manière dont le gouvernement souhaite contrôler la population à travers cette nouvelle loi et l’application du Pass.  

Jusqu’à quels degrés les Français seraient-ils prêts à révéler leurs données privées en échange de protections sociales ?    

 

CONCLUSION 

La relation entre la vie privée et publique et l’information se manifeste très différemment en France et aux États-Unis. Généralement, on peut observer que la société française est une grande défenseuse du respect des gens et de leurs vies privées – qui rend la vie à la française très secrète. Cela peut expliquer pourquoi les professeurs français semblent plus distants des étudiants, ou pourquoi les détails juteux sur les célébrités restent souvent inconnus. C’est pareil pour la collection des données quand on utilise les réseaux sociaux comme Facebook ou Google, lorsque le gouvernement français travaille pour protéger les données. Aux États-Unis, la façon de vivre est complètement inversée puisque les gens entrecroisent souvent leur vie privée et leur vie publique. Dans la vie quotidienne des Américains, les gens sont plus souvent très ouverts et analytiques quant à leurs vies privée et publique. Ils ont les livres ouverts, car parce qu’ils savent qu’une partie de leur vie privée sera perdue en tant que membre de la société. Les gens américains croient toujours dans la croyance en leur propre droit de fixer leurs propres règles pour définir la vie privée. Alors que nous semblons accepter comment s’organisent nos vies privées et publiques, nous voyons encore qu’obtenir cette discrétion vient avec un sacrifice. “Quelles que soient les politiques adoptées, cependant, il est clair que des choix difficultés devront être faits concernant ce que nous voulons abandonner et ce que nous voulons garder secret.” 

 

Le virus COVID-19 : quelle est votre réaction ?

Article rédigé par Conor Gourley et Katie Zhang le 27 mars, 2020

Tout semble toujours aussi irréel, comme nous étions ensemble à Toulouse il y a une semaine mais en ce moment, nous sommes tous chez nous dans différentes parties du monde. Ce n’est certainement pas comme cela que nous imaginions la fin du programme – c’était si brusque que nous n’avons même pas eu le temps de dire au revoir à notre famille et à tous les nouveaux amis. Comme notre programme a été annulé en raison du coronavirus, nous avons décidé d’écrire cet article sur la façon dont les gens de différents pays réagissent au virus, afin de réfléchir à nos expériences des dernières semaines.

Aux États-Unis :
Pendant que je m’adapte à la vie en Pennsylvanie, j’ai pu voir de visu la réponse américaine à la pandémie de coronavirus et la manière dont de nombreux Américains y réagissent. Le lendemain de mon départ de France, le lundi 16, Macron a émis un ordre de « rester chez vous » pour tenter de ralentir la propagation du virus. Exactement une semaine plus tard, le 23, le gouverneur de Pennsylvanie, Tom Wolf, a émis le même ordre pour le mien et six autres comtés. Bien qu’il s’agisse d’un grand pas vers la réduction du taux d’infection, d’après ce que je peux dire des attitudes de nombreux Américains, ce n’est peut-être pas suffisant. Presque tous ceux à qui j’ai parlé semblent partager le point de vue qu’indépendamment de ce que le gouvernement a fait ou fait actuellement pour essayer d’aider le pays, ce n’est pas suffisant et il n’agit pas assez sérieusement. À la fois, de nombreuses personnes respectent à peine les avertissements du gouvernement et de nombreuses personnes, en particulier les plus jeunes qui courent moins de risques de tomber gravement malades, ne respectent pas les restrictions liées à l’éloignement social. Beaucoup d’amis m’ont déjà demandé si nous pouvions nous rencontrer maintenant que je suis rentré chez moi, si je pouvais aller les voir à Tufts à Boston, ou si je voulais faire des voyages d’escalade avec eux au Kentucky. Tandis que bien sûr, je veux faire toutes ces choses, cela me surprend d’entendre tant de gens qui ne tiennent pas compte des barrières qui ont été mises en place spécifiquement pour protéger nos communautés contre le mal.

Quand nous étions en France :
J’ai senti que personne n’était vraiment nerveux à propos du virus quelques jours avant notre départ. La vie était normale – les cafés et les bars étaient toujours pleins de monde. Bien que le nombre de personnes malades augmente par centaines chaque jour, les gens sortent et se rassemblent comme d’habitude. Des manifestations avaient toujours lieu. Toute l’actualité disait au public qu’il n’y a pas lieu de paniquer car le COVID-19 n’est que la grippe un peu plus grave. Le président et sa femme sont même allés au théâtre ensemble pour montrer que tout irait bien. Je suis devenu très nerveuse lorsque la situation a commencé à devenir sérieuse et à voir que les gens autour de moi ne se souciaient pas vraiment du virus. J’ai commencé à sortir moins et à essayer d’éviter les transports en commun, mais les gens autour de moi pensaient que je réagissais de manière excessive…

En Chine :
Je sais que j’étais trop nerveuse à propos de ce virus parce que j’ai vu trop d’informations connexes en Chine. Je comprends à quel point la situation peut devenir horrible et la façon dont le gouvernement chinois a traité le virus était vraiment différente. Par exemple, ma température a été mesurée au moins 6 fois avant de pouvoir descendre de l’avion. Ensuite, j’ai subi plus de tests de température et une enquête épidémiologique à l’aéroport. Je ne pouvais pas rentrer seule ni mes parents n’ont pas pu venir me chercher. L’aéroport a informé le quartier où j’habite, puis j’ai été renvoyé chez moi par une ambulance ! Je suis maintenant en quarantaine autonome pendant 14 jours. Chaque jour, des gens m’appellent pour vérifier ma température. La nourriture et les fournitures sont livrées chez moi.

Tout au long du processus, tous ceux que j’ai rencontrés portaient au moins un masque. Cependant, lorsque j’étais à l’aéroport de Toulouse, j’étais la seule à porter un masque. C’est quelque chose qui m’a beaucoup troublée et qui m’a stressée. J’ai donc fait quelques petites recherches pour essayer de comprendre les différentes réactions des gens aux masques. J’ai découvert que dans les pays d’Asie de l’Est, les gens avaient déjà l’habitude de porter des masques quotidiennement. Au Japon, les gens ont commencé à porter des masques en raison d’allergies et en Chine il y a aussi quelques années en raison de la pollution de l’air. Cependant, en Europe ou aux États-Unis, il existe une compréhension mutuelle que seuls les malades portent un masque. De plus, en Chine, il est obligatoire de porter un masque pour tout le monde en cette période de virus, tandis que les gouvernements occidentaux annoncent que les masques ne sont pas du tout utiles et qu’il n’y a pas assez de masques pour le public non plus. Ces différences entraînent la réaction opposée du port des masques. Il est difficile de juger qui a tort, qui a raison, mais ce qu’il nous faut, c’est le respect des deux opinions.


Bien que différente au début, la réaction actuelle dans le monde est presque toujours la même : restez à la maison ! C’est certainement difficile à faire, mais c’est la manière la plus simple et la plus efficace que chacun de nous puisse apporter à la société dans cette situation difficile. Il y a des gens comme les médecins et les infirmiers qui doivent s’exposer directement au danger du virus, donc ce que nous pouvons faire, c’est réduire nos chances d’attraper la maladie. Tout le monde a du mal, mais il est important de rester calme et d’être reconnaissant pour ce que les autres ont sacrifié pour nous. J’espère que tout ira bien bientôt et que tout le monde pourra être en sécurité et en bonne santé !

Les manifestations et la culture de la protestation en France

Article rédigé par Sophie Ackert

A Toulouse, j’ai reçu du gaz lacrymogène. C’est une histoire que je raconterai toute ma vie. Non seulement parce que c’est quelque chose de choquant pour les gens, mais aussi parce que ça me permet de parler à mes proches de la culture des manifestations en France. A la fin de mon premier mois à Toulouse, je suis allée pour la première fois à un entraînement de l’équipe de volleyball. Pendant que j’attendais les autres membres de l’équipe à la station de métro, j’ai remarqué qu’il y avait beaucoup de monde sur la place. Je savais que les samedis sont les jours de manifestation de Gilets Jaunes mais ils n’avaient pas l’air de faire quoi que ce soit, donc j’ai pensé que la manifestation était terminée et que tout le monde était en train de partir. Puis, en moins d’une minute, tout a changé. La foule s’est rassemblée, les manifestants ont commencé à chanter, et finalement les policiers ont utilisé du gaz lacrymogène et des canons à eau. Comme les manifestants et autres passants, j’ai couru loin de la place. Je me suis réfugiée dans le bâtiment le plus proche, mais je m’y suis trouvée enfermée. Les policiers attendaient à l’extérieur du bâtiment pour arrêter les Gilets Jaunes qui y étaient entrés. Après 35 minutes, j’ai pu partir, j’ai retrouvé les filles de l’équipe de  volleyball, et nous sommes allées à l’entraînement. J’étais étonnée que tout continue normalement après une manifestation si intense. Mais pour Toulouse dans cette période mouvementée, c’était un samedi soir normal.

Cette semaine, le 5 décembre, il y avait une grève générale en France. La raison primaire pour cette grève est la réforme du système des retraites que le gouvernement a proposé. Cependant, beaucoup d’autres mouvements ont répondu à l’appel à la grève. Non seulement les transports publics étaient arrêtés dans beaucoup d’endroits, mais certaines écoles et universités étaient aussi fermées. Par exemple l’IEP, mon université, a décidé de conduire une occupation jusqu’au vendredi 6. Nous sommes aujourd’hui le 6 et les étudiants ont décidé de continuer la grève et l’occupation, ce qui fait que nous n’avons pas de cours au moins jusqu’au mardi suivant. Ensuite, ils voteront de nouveau en assemblée générale, à laquelle chaque membre de la communauté peut participer, pour savoir si l’IEP va poursuivre la grève jusqu’à la fin du semestre. Pendant l’occupation les étudiants organisent des ateliers, comme des conférences avec des professeurs ou invités extérieurs, des débats, des projections de films, des sessions de préparation aux manifestations, etc.

*Entre l’écriture et la publication de cet article, la reconduite de l’occupation jusqu’au 13 décembre a été décidée.

Les différences entre les cultures de manifestation française et américaine.

Le fait de se révolter et manifester est un aspect important de l’histoire française, y compris contemporaine. C’est très différent de la culture de protestation aux États-Unis. Depuis la Révolution jusqu’à la grève du 5 décembre, les manifestations sont devenues partie intégrante de la culture française. Il y a eu des périodes de manifestations violentes, comme la prise de la Bastille au 18e siècle, et comme aujourd’hui avec les manifestants « Black Bloc ». Mais il y a aussi des périodes de manifestations plus calmes, comme on l’a vu hier à Toulouse (ndlr : le 5 décembre). Peu importe le type de manifestation, elles ont fonctionné en France lorsque la société voulait faire bouger les lignes du gouvernement. La Révolution est le meilleur exemple de protestation à succès en France. Il y a aussi d’autres exemples, dont le soulèvement des étudiants contre le gouvernement de De Gaulle en 1968, et, en 1995, les grèves contre le « plan Juppé ».

Aux États-Unis, les manifestations sont plus communes que les grèves. Mais même quand il y a des manifestations, elles ne sont pas nationales comme en France. Il y a des manifestations pour des mouvements spécifiques, et elles ne durent généralement pas plus d’une journée. Un bon exemple est la « Women’s March ».  C’est un groupe qui organise chaque année des manifestations dans beaucoup de grandes villes américaines. Le but est « d’exploiter le pouvoir politique de femmes diverses et de leurs communautés pour créer un changement social transformateur » (“to harness the political power of diverse women and their communities to create transformative social change”, Women’s March), mais pas nécessairement d’aboutir à des changements législatifs spécifiques ou de gouvernement.  Cela s’explique par le fait qu’aux États-Unis, la constitution et les lois sont beaucoup plus difficiles à modifier qu’en France.  Notre constitution est presque impossible à amender, alors qu’en France elle est révisée en moyenne tous les deux ans et demi. C’est une explication simplifiée pour comprendre pourquoi la culture de manifestation est si différente en France, et pourquoi les manifestations amènent à des changements.

Les différences de sécurité frontalière aux États-Unis et en France

Article rédigé par Julia Walsh

Il existe chez les étudiants américains qui viennent étudier en Europe le rêve futile de décorer leur passeport avec les tampons de différents pays afin de se mettre en avant et pouvoir raconter leurs nombreux voyages et aventures de mobilité. Pour arriver à Toulouse, j’ai eu une correspondance à Bruxelles. Là-bas, j’ai reçu mon premier, et très anticipé, tampon dans mon passeport. Cependant, quand j’ai atterri à Toulouse, je n’en ai pas reçu. La même chose est arrivée quand j’ai voyagé en Italie et en Espagne, de nouveaux pays, mais pas de nouveaux tampons. En fait, j’ai même eu l’impression que les agents de l’aéroport ont à peine regardé mon passeport. C’était choquant venant des États-Unis où entrer et quitter le pays est obligatoirement accompagné d’une inspection minutieuse du passeport. Cette expérience de mon premier jour de mobilité m’a donné un aperçu des différences de sécurité frontalière entre la France et les États-Unis.

L’Accord et l’espace Schengen

Un autre moment où j’ai vu très clairement les différences entre les politiques aux frontières de mon pays d’origine et la France était quand mes hôtes et moi avons passé la frontière entre la France et l’Espagne. Nous passions le week-end dans les Pyrénées, une chaîne de montagnes qui s’étend du sud de la France au nord de l’Espagne. Mes hôtes m’ont informé que nous étions très proches de la frontière espagnole et que nous pouvions la traverser si je le souhaitais. Ma réaction initiale était de paniquer parce que je n’avais pas mon passeport avec moi. Cependant, j’ai réalisé que traverser la frontière était sans incidence, la seule différence notable étant les signalisations en espagnol. Ici, l’acte de traverser une frontière internationale, qui m’apparaît comme quelque chose d’important, n’avait rien de différent d’un voyage entre l’État de New York et la Pennsylvanie, ou tout autre État américain.

Mes hôtes m’ont expliqué qu’il s’agit du résultat de l’Accord de Schengen. Après quelques recherches, j’ai appris que l’Accord de Schengen de 1995 a suivi le Traité de Maastricht de 1992. Le traité fondateur de l’Union Européenne a été créé pour encourager l’intégration et le sens de la communauté entre les États européens. Depuis 1995, l’espace Schengen s’est élargi et inclut désormais 26 pays entre lesquels il est possible de voyager librement, sans passeport individuel. Par conséquent, quand on voyage en voiture ou avion vers tous les pays frontaliers de la France, il existe une liberté de mouvement et pas de contrôles douaniers.

La sécurité aux frontières aux États-Unis et en France

Les frontières matérielles de sécurité que l’on peut voir aux frontières en France et aux États-Unis sont différentes. Comme je l’ai vu quand j’ai passé la frontière espagnole, il n y a pas de douanes ou de point de contrôle auquel s’arrêter entre les deux pays. J’ai vu ce qu’il reste des anciens postes frontières mais ces bâtiments sont abandonnés depuis l’accord de 1995. Bien que je n’ai pas l’expérience d’avoir traversé la frontière sud des États-Unis en voiture, j’ai déjà traversé la frontière nord vers le Canada plusieurs fois. Ce voyage, même s’il n’est pas trop difficile pour les citoyens américains, peut prendre plusieurs heures car chaque véhicule doit faire la queue et est arrêté et questionné avant d’entrer dans le nouveau pays. Je me souviens avoir passé cette frontière avec mes parents quand j’étais petite, et ils m’avaient dit que traverser la frontière est quelque chose de très sérieux et qu’il est impératif de ne pas parler sauf quand on s’adresse à nous. J’ai gardé cette même impression sur les frontières dans chaque nouveau pays où je vais. Cependant, en arrivant en France et voyageant dans l’Union Européen, j’ai trouvé qu’il n’y a pas ce même sentiment au sein de l’espace Schengen. Il est important de spécifier la différence entre l’Union Européenne et l’espace Schengen, du fait des différentes procédures de sécurité quand on voyage à l’extérieur de l’espace Schengen. En novembre, j’ai voyagé à Dublin le temps d’un weekend et j’ai été ramenée à la réalité à laquelle j’ai l’habitude de faire face avec les douanes à l’aéroport. Les agents ont examiné mon passeport avec attention et posé des questions sur mon voyage, à la fois que je suis arrivée en Irlande et quand je suis retournée en France. C’est à cette occasion que j’ai enfin reçu un nouveau tampon sur mon passeport. Pour autant, ce nouveau tampon était au prix d’une expérience de contrôle à la frontière plus intense et stressante. Il est clair qu’il n’y a pas de procédure de sécurité uniforme dans l’Union Européen, malgré les efforts de l’Accord de Schengen. Ce constat mis à part, la sécurité aux frontières au sein de l’UE, et par conséquent en France, est tout de même très différente des protocoles de sécurité aux États-Unis.

Impacts de l’actualité sur la sécurité des frontières

Aujourd’hui aux États-Unis, mais aussi en France et plus largement en Europe, les débats politiques autour de la question des frontières sont nombreux. En Europe, cette conversation porte principalement sur l’afflux de demandeurs d’asile et de migrants qui arrivent dans la région depuis 2015. La “crise des migrants” a ouvert de nombreuses discussions sur la manière dont l’Union européenne et les États membres allaient gérer de manière adéquate le logement des demandeurs d’asile. Pour la France et d’autres pays, ces conversations incluent la possibilité de mettre en place des quotas et de limiter le nombre de personnes autorisées à entrer dans le pays, tout en respectant leurs valeurs et les droits de l’homme et du citoyen. Aux États-Unis, les conversations sur la sécurité aux frontières se centrent principalement sur les problèmes à la frontière avec le Mexique. Avec la répression décidée par l’administration Trump en matière de sécurité des frontières, la région est en proie à de fortes tensions et est un important sujet de débat à l’approche des élections présidentielles de 2020. Ce seul sujet est extrêmement polarisant pour les Américains, certains espérant stopper le flux d’immigration illégale et d’autres cherchant à apporter l’asile à ceux qui se trouvent à la frontière et à aider les familles détenues par les services d’immigration et des douanes. Les discussions les plus pressantes sur la sécurité des frontières, tant aux États-Unis qu’en France, se centrent donc sur le lien entre citoyenneté et migration. Les droits des citoyens et des immigrants sont différents dans les deux pays et reflètent à la fois des différences et similitudes culturelles plus larges dans la recherche constante de définition du citoyen.

McDonald’s en France et aux États-Unis

Article rédigé par Esra Park

Avant de partir pour la France, j’ai dédié mon dernier arrêt aux États-Unis à mon bien aimé McFlurry Oreo de McDonalds. Depuis toute petite, ma famille a l’habitude de s’arrêter au fast food avant de déposer quelqu’un à l’aéroport. Qu’il s’agisse de McDo, In-N-Out, ou Chipotle, c’est toujours sympa de prendre un snack rapide au drive et ensuite de le manger dans la voiture. J’ai embarqué dans l’avion et j’étais prête pour mon année d’études à Toulouse. Le premier jour du programme, je me dirigeais vers le Centre Dickinson quand je suis passée devant un des premiers McDo que j’ai vu en France. A ma grande surprise, presque tout le monde mangeait sur place ! J’étais complètement prise au dépourvu de voir qu’il y avait vraiment des gens qui s’asseyaient au McDo, mangeaient leur fast food, parlaient avec leurs amis, et prenaient leur temps comme s’ils étaient dans n’importe quel autre restaurant.

La culture de McDo aux États-Unis et en France

J’étais étonnée parce que McDo aux États-Unis est l’exemple typique du fast food américain. D’abord, un restaurant McDo américain est toujours construit avec un drive où on trouve souvent plus de voitures qui font la queue que de voitures garées sur le parking – ce qui fait qu’aller au drive prend plus de temps qu’entrer à l’intérieur pour commander. Parce que les gens choisissent le drive au lieu de manger sur place, il est commun de voir des personnes grignoter dans leurs voitures en conduisant pour rentrer chez elles. Parfois, les gens mangent aussi leur hamburger et sirotent leur Coca-Cola en se rendant à un rendez-vous, essayant de manger leur déjeuner rapidement au milieu d’une journée chargée. De plus, McDo est partout aux États-Unis. Il est très probable d’en trouver un à 15 ou 20 minutes de route de l’endroit où vous vous trouvez, et si vous êtes dans une grande ville, il est certain qu’il y en aura au moins un à 5 minutes de vous. Selon Statistica.com, il y avait environ 13 900 McDo aux États-Unis en 2018. Enfin, McDo aux États-Unis est presque toujours ouvert 24 heures sur 24. Les restaurants McDo sont ouverts tous les jours, toute l’année, même pendant les fêtes. En revanche, en France, l’expérience McDo est plutôt considérée comme une opportunité de manger à l’extérieur, comme dans n’importe quel autre restaurant. Évidemment, McDo n’est pas comparable aux restaurants locaux qui adaptent leur menu du jour aux ingrédients frais dont ils disposent, mais le principe de prendre le temps pendant le déjeuner ou dîner et de discuter avec ses amis est le même. J’ai remarqué que pendant les heures de déjeuner et de dîner, les restaurants McDo français ne sont jamais vides : il y a toujours une queue et des gens qui cherchent des places pour s’asseoir. Même pendant les temps plus calmes, je vois toujours des gens qui mangent sur place. Les restaurants McDo sont souvent situés dans les endroits populaires, où les gens se baladent et font du shopping, donc il est peu commun d’y trouver un drive. Cependant, certains McDo français ont une petite fenêtre sur le côté où les gens peuvent commander pour emporter, à la manière d’un drive mais où les voitures sont remplacées par des humains. De plus, McDo en France n’est pas partout comme aux États-Unis. La chaîne est toujours présente dans les grandes villes, mais pas forcément dans chaque quartier comme c’est le cas aux États-Unis. Selon Statistica.org, il y a environ 1 400 McDo en France en 2018, soit environ 10 pourcent du nombre de McDo aux États-Unis. En outre, les restaurants McDo français ne sont pas ouverts toute la journée, ni tous les jours de la semaine comme aux États-Unis. Ils ferment souvent vers 1h du matin et ouvrent vers 8h.

Les connotations associées à McDo aux États-Unis et en France

Les différences entre les attitudes des Américains et des Français envers McDo viennent des connotations différentes associées à la franchise dans chaque pays. Aux États-Unis, McDo est vraiment perçu comme l’option la moins désireuse où l’on peut se rendre pour un repas. Le prix n’est pas cher, la qualité n’est pas bonne, c’est l’image typique d’un fast food. En général, les gens ne prennent pas le temps de manger sur place parce que se rendre au McDo n’est pas un évènement mais plutôt quelque chose que l’on fait pour prendre de la nourriture à emporter quand on n’a pas envie de cuisiner et qu’on veut manger de la « junk food ». Il est cependant intéressant de noter que les familles des classes populaires sont souvent celles qui décident de manger sur place car elles profitent des prix bas du McDo pour en faire une opportunité de partager un repas tous ensemble. J’ai aussi remarqué qu’il y a beaucoup d’ouvriers du bâtiment qui profitent également des prix bas pour manger à l’intérieur pour se reposer et profiter d’un repas entre collègues. Au contraire, la plupart des Français mangent sur place au McDo, et les gens qui ne trouvent pas d’espace libre prennent leur nourriture à emporter mais vont ensuite dans un parc proche du McDo où ils peuvent s’asseoir et partager leur déjeuner. Bien sûr, McDo reste une chaîne de fast food mais en France il semble que la franchise n’ait pas la même connotation négative qu’aux États-Unis. Les Français ne sont pas gênés d’être vus en train de manger au McDo, ce qui est parfois le cas aux États-Unis.

Explications possibles pour ces différentes connotations

En discutant de mes observations avec mes hôtes au cours d’un dîner, ils m’ont expliqué qu’il était probable qu’une des raisons pour lesquelles se rendre au McDo en France ressemble beaucoup plus à un événement qu’aux États-Unis est le fait que ce soit un des seuls restaurants où vous pouvez être sûr de trouver des hamburgers. Mon hôtesse m’a expliqué qu’à l’inverse des États-Unis, il n’y a pas beaucoup de restaurants spécialisés dans les hamburgers, donc, quand les Français ont envie de manger un hamburger avec des frites, ils se dirigent souvent vers McDo. J’ai trouvé cette remarque intéressante parce qu’après avoir regardé autour de moi, je me suis rendue compte qu’il n’y a effectivement pas beaucoup de restaurants d’hamburgers autres que McDo en France. Aux États-Unis, en plus des restaurants indépendants qui font des hamburgers, il y a beaucoup d’autres franchises qui proposent des burgers d’une meilleure qualité que celle des fast food, par exemple : Umami Burger, Johnny Rockets, Five Guys, etc. Une autre possibilité qui expliquerait cette différence de perception envers McDo pourrait être que la qualité et la présentation du fast food en France est simplement meilleure qu’aux États-Unis. Il est connu que la nourriture des McDo américains n’est pas appétissante ni de bonne qualité. En effet, il est courant que les employés de McDo oublient une partie de votre commande ou même certains ingrédients dedans votre plat. Un des mèmes (terme utilisé pour désigner des contenus, généralement humoristiques, qui se propagent rapidement sur Internet et les réseaux sociaux) les plus connus sur McDo aux États-Unis se moque du fait que la machine à glace est toujours cassée. En conséquence, le seul choix restant pour le dessert est une tarte aux pommes pas fraîche. En revanche, le McDo français propose des aliments spécifiques à la France, comme des hamburgers et sandwiches préparés avec du vrai pain. Pour le dessert, vous pouvez même choisir entre cinq saveurs différentes de macarons, un mini tiramisu ou encore une spécialité du Sud-Ouest, le cannelé. Avec de telles options de menu, je suis plus ouverte à l’idée de faire l’expérience du repas McDo en France. 

Page 2 of 24

Powered by WordPress & Theme by Anders Norén